Depuis l’avènement du mouvement national algérien, la libération du pays allait de pair avec l’exercice des libertés politiques. Mais une fois l’indépendance acquise, les luttes fratricides compromettent ce rêve. Les nouveaux maitres, pour qui le pouvoir s’exerce selon la puissance du groupe auquel il appartient et non en sollicitant le mandat du peuple, accaparent tout bonnement tous les pouvoirs. Peu à peu, la coalition Ben Bella-Boumediene réduit, dans les limites spartiates, les espaces de liberté. Face au détournement de la révolution algérienne, des maquisards de la première heure, à l’instar de Hocine Ait Ahmed, décident de mener une lutte ouverte contre ce régime tyrannique. Ainsi, le seul tort, pourrait-on dire, de ces valeureux nationalistes, après avoir contribué amplement à la libération du pays, est de revendiquer le respect des libertés démocratiques pour lesquelles ils se sont stoïquement battus pendant sept longues années.

Par ailleurs, bien que les adversaires du FFS déforment à l’envi la nature du combat du FFS, l’assimilant à tort à une simple action armée, le combat du FFS s’inscrit effectivement dans la concrétisation des objectifs du mouvement national. Pour rappel, les fondateurs du mouvement national ont rejeté l’octroi d’un quelconque statut. D’où le slogan phare du principal parti nationaliste, le PPA-MTLD : « pour une Assemblée nationale constituante. » Or, après le recouvrement de l’indépendance, bien que l’objectif soit enfin atteint, les chefs autoproclamés, qui n’ont pas hésité une seconde à liquider l’instance légitime de la révolution algérienne, le GPRA en l’occurrence, décident d’imposer leur propre vision. L’élaboration de la constitution en dehors de l’hémicycle constitue l’apogée de la dérive dictatoriale. Ainsi, bien que le duo Ben Bella-Boumediene dispose de tous les pouvoirs, à travers ce geste, ils veulent ridiculiser les rares opposants qui lui résistent.

D’une façon générale, le dernier espoir d’une opposition à l’intérieur des institutions étant balayé, plusieurs députés, à leur tête Hocine Ait Ahmed, démissionnent de l’ANC (Assemblée nationale constituante). Dans la foulée, ils créent le FFS. « Les partisans d’Ait Ahmed ne voulaient jamais combattre leurs frères ou retourner leurs armes contre les soldats de l’ANP », déclare récemment l’un des membres fondateurs du FFS, Lakhdar Bouregâa.  Au lieu de se remettre un instant en cause en rendant sa liberté au peuple algérien, le pouvoir algérien redouble de férocité. Ainsi, quatre jours après la création du FFS, l’armée, commandée par Houari Boumediene, lance une offensive de grande envergure  contre le FFS. Les forces étant inégales, les militants du FFS payent du coup un lourd tribut. Pour étayer cette thèse, voilà ce que déclare Hebib Medjber, après son arrestation le 31 décembre 1964 : « j’ai subi des tortures atroces que même l’armée coloniale n’avait pas pratiquées. La France utilisait la gégène, c’est-à-dire un courant électrique atténué, tandis que moi, je subissais des décharges électriques de 220 volts, directement sur le corps. J’étais flagellé à coups de fouet hérissé de gros boulons. » Quant aux pertes humaines, celles-là avoisinent les 450 âmes.  

En somme, sans vouloir enjoliver le parcours de ces grands militants, il est temps qu’une reconnaissance officielle vienne couronner un demi-siècle d’attente. Le régime algérien, qui a tué des Algériens pour avoir réclamé l’exercice de leurs droits, doit faire son mea culpa. Cela permettra, par la même occasion, d’engager le pays sur la vraie voie de réconciliation. Finalement, si l’on doit tirer une quelconque satisfaction des festivités du cinquantenaire du FFS, c’est bien dans le sens où la famille FFS est unanimement mobilisée pour rendre un grand hommage à ces grands militants. De la même façon, la proposition de loi, introduite par les députés du FFS, doit être appuyée par tous les Algériens épris de justice. Enfin, bien que l’histoire retienne que ces hommes ont donné leur vie pour que l’honneur de l’Algérie ne soit pas foulé au sol, une reconnaissance officielle permettra à l’Algérie de tourner une page d’un demi-siècle de mensonges.   

Boubekeur Ait Benali
14 octobre 2013

Un commentaire

  1. Abdelkader Dehbi on

    RE: Pour un statut de martyr de démocratie pour les anciens de 1963
    ….. Dans la foulée,on devrait créer aussi, le statut de martyr pour les « démocrato-éradicateurs »

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