La célébration du 50eme anniversaire de la naissance du FFS survient cette année dans un contexte politique difficile. En effet, cette commémoration va intervenir à quelques mois seulement  des élections présidentielles, prévues –si le régime s’en tient au calendrier –en avril 2014. Dans pareil rendez-vous –et qu’il en déplaise aux adversaires du FFS –, la position du FFS a toujours été capitale. Habitué à gérer de tels événements, il ne va pas déroger à la règle. Qu’on ne s’y méprenne pas non plus : l’affaire du changement n’est pas celle d’un seul parti.   

D’une façon générale, l’opposition algérienne [surement pas celle qui vient au secours du régime à la moindre difficulté] peut-elle constituer un pôle capable de bousculer le régime ? Dans ce cas, quel rôle jouera le FFS à l’occasion de ce rendez-vous déterminant pour l’Algérie ? Bien qu’il ne subsiste pas doute sur la détermination du parti à jouer un rôle capital, la base est tout de même impatiente de connaitre sa position. En plus, les éléments qui ont motivé la participation du parti en 2012 sont toujours d’actualité. La différence réside peut-être dans l’enjeu de la joute. En effet, si le régime peut concéder la défaite aux élections législatives, il n’en est pas de même des élections présidentielles.

Faut-il pour autant négliger à ce rendez-vous ? La réponse est évidemment non. L’opposition doit au contraire s’investir davantage. L’échec de l’Algérie est aussi le sien. Par ailleurs, bien qu’on puisse reprocher au régime la mainmise sur la vie politique, l’opposition ne s’est pas acquittée convenablement de sa mission. « En dépit de toutes les crises qui se succèdent, se chevauchent et secouent le pouvoir, l’opposition peine à reprendre l’initiative politique », écrit Hocine Ait Ahmed dans un message de mars 2010. Et ce ne sont pas les résultats des élections législatives de mai 2012 qui contrediront cette allégation. En effet, il a suffi au régime de mobiliser sa clientèle pour qu’il gagne sans difficulté ces élections. Bien que le FFS ait déployé toute son énergie sur le terrain, le taux d’abstention a été tel que le régime s’est succédé à lui-même.

Cependant, malgré le verrouillage derechef du champ politique après l’installation de l’Assemblée nationale [les pouvoirs publics refusent tout débat sur la succession au chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika], le militant du FFS ne doit pas renoncer au combat. Dans les différents débats entre militants dans les villages les plus reculés d’Algérie, le rôle du FFS revient avec acuité. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces attentes sont légitimes. « Nous avons besoin d’évaluer rigoureusement les capacités d’interventions de notre parti, tant au plan national qu’international pour tracer les chemins de changement », exhorte le chef charismatique du FFS, dans le message de mars 2010, les responsables du parti à se poser les bonnes questions.

Pour lui, ce changement ne peut intervenir que grâce à la mobilisation pacifique des Algériens. Surtout, qu’on n’attende pas les Occidentaux nous venir en aide. Ceux-ci n’ont rien à serrer de la souffrance des peuples dominés. À vrai dire, il n’y a que les profits qui les intéressent. Pour Hocine Ait Ahmed, « les puissances en mesure d’influer ou d’influencer les régimes autoritaires observent une attitude floue et donne une impression de valse-hésitation. » En effet, bien qu’ils claironnent leur attachement aux valeurs universelles –celles-ci sont respectées à l’intérieur de leurs frontières –, les interventions en Irak, en Afghanistan, en Libye n’ont apporté que des malheurs. Quand aux régimes qui coopèrent, comme c’est le cas de l’Algérie, les puissances occidentales font tout leur possible pour que les dirigeants inamovibles restent en place.

Toutefois, depuis la chute certaines dictatures en 2011 –celle de l’Égypte a mis fin au processus démocratique en juillet dernier –, l’Algérie ne peut pas rester à l’écart. Cela dit, la décennie noire a vacciné le peuple algérien contre toute précipitation. En tout cas, des expériences précédentes, on déduit que les régimes dictatoriaux sont imbattables sur terrain de la violence. Du coup, pour parvenir au changement, à chaque rendez-vous électoral, il faudrait que ce régime soit mis en minorité. Dans ce cas de figure, ou bien le régime accepte le verdict des urnes [dans ce cas, le but est atteint], ou bien il va recourir à la violence en perpétrant un coup d’État [et son image recevra un coup à l’étranger].

Enfin, pour arriver à ce stade, l’opposition doit faire preuve de réalisme. Se remettre en question pour pouvoir avancer n’est pas une offense à soi-même. Au contraire, cela l’aidera à pallier ses carences. Dans une série d’interrogations, Hocine Ait Ahmed soulève les problématiques essentielles, et ce, après avoir souligné les capacités du parti à constituer une alternative politique et sociale : « 1- Mais quelle est l’efficience de notre parti ? 2- De quelle capacité d’intervention disposons-nous dans la société et dans les institutions ? 3- Au-delà des utopies mobilisatrices et de la radicalité de nos positions, avons-nous  réussi à faire barrage à la restauration de la dictature ? » Les messages de Hocine Ait Ahmed étant d’actualité, il faudrait que la nouvelle direction du parti s’en inspire. En un mot, le parti ne doit pas éluder aucune question ni négliger aucune piste.

Ainsi, bien que le régime soit responsable, en grande partie bien sûr, de la crise politique que vit le pays, la responsabilité –et c’est le moins que l’on puisse dire –est partagée.  De la même manière, la désaffection du peuple algérien, à chaque rendez-vous électoral, ne peut-être passée sous silence. Car, il est indubitablement à l’origine du la pérennisation du régime. D’ailleurs, à sept mois des élections présidentielles, l’absence d’engouement de sa part suscite beaucoup d’inquiétude. Attend-il un Messie ? Si tel est le cas, il faudra qu’il se ravise. En outre, dans l’intérêt du pays en général et des générations futures en particulier, le peuple algérien n’a plus désormais le droit à l’erreur. En d’autres termes, l’avenir du pays est si important qu’il doit se mobiliser pour soustraire le pays entre les mains du régime qu’il l’a cloué au sol.

Hélas, c’est dans ce sens que le discours de l’opposition n’est pas assez audible. « Se préserver, survivre pour survivre n’est pas l’ambition de notre parti ; ce n’est pas une option viable », une logique qui a prévalu du temps où Hocine Ait Ahmed était aux commandes. En tout cas, à défaut de prendre une option offensive, l’avenir du parti n’est pas dans l’attente d’une solution qui pourrait venir de ce régime. Enfin, en dépit de l’immense tache qui attend le peuple algérien, si la mobilisation est au rendez-vous, ce régime ne pourra jamais s’imposer indéfiniment à la volonté générale.

Boubekeur Ait Benali
2 septembre 2013

 

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