Le dénouement dramatique de la prise d’otage, survenue sur le complexe gazier d’In Amenas, renseigne davantage sur les dangers qui guettent l’Algérie. Ainsi, à un mouvement terroriste aveugle, il s’ajoute une gestion autoritaire des affaires publiques par un pouvoir atteint de cécité. En fait, bien que la nébuleuse islamiste veuille imposer coute que coute sa vision par la violence, force est de reconnaitre que le régime algérien adopte quasiment la même attitude : gérer par la violence et dans l’opacité. Car, dans un pays où le peuple est respecté, celui-ci devrait être informé en permanence de l’évolution de la crise. Or, pour qu’un Algérien puisse savoir ce qui se passe dans son pays, il faudrait qu’il attende les conférences de presse des chefs occidentaux en regardant bien évidemment les chaines de télévision étrangères.  

Cependant, pour revenir à la genèse de la crise, bien que le pouvoir algérien ait été hostile, au tout début,  à l’intervention militaire au Mali, après la visite de François Hollande en Algérie, la position algérienne –et c’est le moins que l’on puisse dire –va changer littéralement. Considérée comme un levier ou comme l’arrière cour, d’après Lahouari Addi, la région du Sahel est exploitée par le régime algérien en vue de faire taire les Occidentaux sur leur gestion despotique du pays.

Néanmoins, nourrissant un complexe d’infériorité vis-à-vis de l’ex puissance coloniale, le chef de l’État algérien [car un président élu par son peuple explique constamment ses choix aux citoyens] autorise le survol de l’espace algérien par l’aviation militaire française. Et malgré les résolutions de l’ONU insistant sur la nécessité impérieuse de favoriser une solution politique au Mali, les tenants de l’option guerrière passent à l’action. D’où les réserves de certaines formations politiques en Algérie, à l’instar du FFS. En tout cas, pour ce dernier, cette guerre aurait eu un sens, si la France avait essayé de s’impliquer, depuis la formation des groupes terroristes dans le Sahel, en vue de trouver une solution politique à la crise. Normalement, si lorsque la communauté internationale constate l’échec de l’approche politique que l’option militaire devra être envisagée.

Quoi qu’il en soit, dans un monde où la puissance militaire l’emporte sur l’emploi des moyens pacifiques, les conséquences se payent cash. Ainsi, bien que les services secrets algériens aient la réputation de contrôler, à travers les infiltrations, des groupes islamistes, l’Algérie est frappée au cœur de son système névralgique. D’ailleurs, il est un secret de polichinelle que le pouvoir algérien n’est debout que grâce au contrôle de la rentre des hydrocarbures. Du coup, la façon dont est gérée la prise d’otage d’In Amenas montre que le régime algérien ne dispose que d’une seule méthode, la violence.

Or, d’une façon générale, la première victime dans cette affaire est d’abord le peuple algérien. Et pour cause ! Les gens qui gouvernent à sa destinée n’ont cure de ce qu’il endure ou de ce qu’il pense. Pour étayer cette thèse, Lahouari Addi cite un exemple frappant : « les médias français ont relayé le fait que le président Hollande a cherché à joindre hier [17 janvier 2013] son homologue algérien, mais en vain. Faut-il comprendre que Bouteflika n’a rien à lui dire, ou que la situation lui échappe totalement ? Ou peut-être, veut-il ainsi signifier à la communauté internationale qu’il n’a aucune autorité sur ses généraux et qu’il demande de l’aide. »

En tout état de cause, quelle que soit la rivalité des clans au sein du pouvoir, le peuple algérien a le droit de demander des comptes. En effet, dans une crise concernant tout le peuple algérien, comment se fait-il que ce dernier soit informé par des responsables politiques et par des chaines de télévision étrangers ? Y’a-t-il eu la création d’une cellule de crise après la prise d’otage ? Qui sont ses membres ? Voilà quelques questions qui taraudent les observateurs de la scène politique algérienne.

Enfin, bien qu’on ne se réjouisse pas de l’existence d’une crise, il va falloir que les Algériens se ressaisissent en prenant les choses en main. Que ce peuple se montre enfin mature en exigeant des dirigeants de servir les intérêts de l’Algérie au lieu de chercher à se pérenniser vaille que vaille au pouvoir. En tout cas, sans une pression continuelle de la population, et dans une situation d’instabilité permanente à ses frontières, l’Algérie risque de sombrer dans le grand désordre. Et tout le monde sera perdant.    

Boubekeur Ait Benali
20 janvier 2013

4 commentaires

  1. Mohand Tahar Akrous on

    RE: Les enseignements sur la prise d’otage du complexe gazier d’In Amenas
    DOSSIER.

    De Pierre Hillard, pour Mecanopolis

    Enjeux et perspectives de la recomposition de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient.

    1ère partie. Mis en ligne le 17 octobre 2012, par Mecanopolis.
    http://www.mecanopolis.org/?p=26158

    2 ème partie. Mis en ligne le 17 octobre 2012, par Mecanopolis
    http://www.mecanopolis.org/?p=26209

    Note : cette étude arrive en son heure et par un fin observateur, averti des arcanes de la vie politique internationale. Les faits sont incontestables et d’ailleurs incontestées et sont d’une grande importance et de tout premier ordre à l’adresse du grand public trop souvent tenu dans l’ignorance quand il n’est pas totalement manipulé.
    Nous devons garder toujours garder en mémoire, la fameuse citation et mise en garde de Benjamin Disraéli, favori de la reine Victoria :

    « Le monde est gouverné par de tous autres personnages que ne se l’imaginent ceux dont l’œil ne plonge pas dans les coulisses ».

    Nous voilà prévenus.

  2. Abdelkader Dehbi on

    لخبار إجيبوه التوالي
    «  »Beaucoup d’intellectuels français les suivent. Comme cela avait été le cas pour la Libye, ils sont pris d’excitation guerrière, d’émotion et de fierté patriotiques devant le spectacle des avions « Rafale » qui décollent et celui du déploiement martial de leurs forces armées. » »

    C’était la même ambiance franchouillarde qui régnait, dès les jours qui ont suivi la déclaration de guerre – le 3 Septembre 1939 – au IIIème Reich. On sait ce qu’il en est advenu… avec le défilé des troupes allemandes quelques mois plus tard sur les Champs Elysées et la France vaincue, occupée, humiliée, asservie;

    Idem, quand on se remémore l’aventure de l’agression tripartite France-Israël-Grande- Bretagne contre l’Egypte au Canal, après la nationalisation par Abdennasser du Canal de Suez et l’arrêt humiliant de cette agression, par un simple Ultimatum de Boulganine, alors chef du gouvernement de l’URSS d’alors;

    Idem, en remontant l’Histoire, avec l’ultimatum humiliant de la Grande Bretagne à la France qui battit en retraite, suite à l’occupation de Fachoda au Soudan, par une colonne de mercenaires coloniaux sous les ordres de Marchand;

    Quant à la honteuse défaite infligée à Dien Bien Phu à la soldatesque coloniale française par l’illustre généralissime vietnamien Nguyen Giap, elle reste tellement incrustée dans les mémoires que Dien Bien Phu est devenu le symbole des défaites impérialistes. Tout comme aujourd’hui l’Afghanistan.

    Il y a un vieux proverbe de chez nous qui dit :  » لخبار إجيبوه التوالي  » ِqu’on pourrait traduire : « Ce sont les dernières nouvelles qui importent ». Et de fait, rien n’est joué, il s’en faut de beaucoup, et la France totalement tenue par les hommes du sionisme aux plus hauts échelons de l’Etat, s’apercevra une nouvelle fois qu’elle n’avait rien appris de l’Histoire.

    Bien entendu, je ne veux pas jouer au patriotard en citant la guerre victorieuse du peuple algérien contre l’armée coloniale française, vaincue et boutée hors.

    Quant aux Bouteflika et autres Toufik, qui se disputent à qui mieux mieux, pour servir leurs maîtres de Paris ou de Washington, ils ne pourront jamais assez maudire la France, pour avoir réveillé un terrible sentiment de nationalisme trahi et de colère chez un peuple qu’on croyait en hibernation et dont on a presque l’impression d’entendre les déferlements.

    • Vers la France des ténèbres
      Cher Si Dehbi

      Depuis quelques temps la France perd ses pédales, et emprunte la voie et les moyens de la violence,parce qu’elle croit pouvoir relancer son économie en pleine chute libre, en allant chercher ses solutions dans les pays pourvoyeurs d’or et d’argent. D’abord la Libye avec le minable Sarkozy et le lobby judéo sioniste, puis le Mali, dont les résultats s’avéreront sous peu catastrophiques, la France se morfond dans des aventures internationales hasardeuses, tenue en échec en permanence, depuis des lustres, sur tous les plans, (la France n’est plus attrayante, n’est même plus capable d’exporter son vin et son fromage, comme elle le faisant si bien avant qu’elle ne confie son destin aux pseudo conseillers qui ont têté les seins du sionisme), ses positions ne font que venir renforcer et précipiter en première ligne sa décadence dans un occident sans cesse décadent, agonisant, et en pleine phase terminale.

      Quant à nos dirigeants, que dire …….d’un pouvoir maffieux, fait de corrompus, d’incompétents, et d’ignares……dont la fin est proche, du moins espérons le.

  3. RE: Les enseignements sur la prise d’otage du complexe gazier d’In Amenas
    Une « grille de lecture » ou « clé de raisonnement » opérant sur les symboles et les significations peuvent aider à décrypter et débusquer l’énigme d’In Aménas (et autres…).
    Car un complexe pétrolier ou gazier est d’abord un « trait d’union économique » avec le monde extérieur avec le monde extérieur en général, et l’Occident en particulier. De même, un port ou aéroport constitue un « trait d’union frontalier ». Le Port d’Annaba détruit par la SM en Juin 1964 pour incriminer le FFS, et l’Aéroport d’Alger visé par la même SM en Août 1992 pour accuser le FIS, et bénéficier du soutien du « monde extérieur » dans la lutte contre les islamistes…hum !
    El Guemmar en 1992, l’Académie interarmes de Cherchel en 2011, etc., etc.
    Avec les coups d’In Aménas et Khechella, le Pouvoir militaire, le DRS en l’occurrence, cherche « davantage de soutiens » des Puissances occidentales. Le DRS étant au service du Clan fort (Mediene-Nezzar-Tartag-Djebbar) , fort car arrimé-amarré-accroché au DRS/néo-MALG, agit dans la perspective de la « Séquence d’aprs », la perspective des Elections Présidentielles de 2014…..2014 !
    La « séquence d’après », c’est ce à quoi il faut penser. Bon nombre d’évènements s’inscriront dans ce cycle qui a commencé avec les « mascarades électorales » de 2012…..

Exit mobile version