Bouteflika avait promis qu’une profonde refonte de la justice allait se produire lors de son cinquième quinquennat, mais qu’il fallait pour cela une… « débauche  d’énergie » de la part du monde judicaire. Les magistrats de Bouteflika ont compris l’injonction et se livrent désormais avec énergie à la…« débauche » tout court…

Résumons l’affaire : des gendarmes de Témouchent reçoivent un tuyau selon lequel des juges et des magistrats se concertent sur l’avenir de la démocratie en Algérie et sur la bonne gouvernance dans le Bungalow 33 du site touristique de Béni-Saf. Intrigués d’apprendre que des personnalités judiciaires se mêlent de politique, alors que c’est strictement interdit de part la séparation des pouvoirs, nos braves gendarmes font irruption au Bungalow 33. On ne badine pas avec la séparation des pouvoirs ni en Suède, ni à…Témouchent.

Que découvrent nos gendarmes ? Rien de très politique en fin de compte, fausse alerte. Ouf ! On a eu chaud !

Mais que découvrent-ils ? Euh, disons un mélange incongru d’imaginable et d’inimaginable.

L’imaginable d’abord : quelques bouteilles de liqueurs, un peu de kif, des liasses de dinars et d’euros, bref  l’arsenal juridique classique des magistrats de l’ère Bouteflika.

L’inimaginable ensuite : Les magistrats tiennent avec un professionnalisme prononcé un lieu de débauche, dans le plein sens du terme, et même un peu plus, car en prime, les gendarmes trouvent de jeunes mineures appâtées par les « magistrats » voyous…

Bien entendu, les fautifs furent reconnus coupables et durement sanctionnés lors du procès. En effet, le tribunal a jugé que les gendarmes ont agi dans la pure illégalité en procédant à une perquisition sans y être diligentés par un… juge.  Comme dans pareils cas, des mutations vers la frontière avec le Mali ou le Niger attendent nos gendarmes trop zélés. On peut déjà imaginer les ordres de mutation avec mention : « mutation de routine » ou « rien de personnel »… Les « magistrats » quant à eux vont probablement recevoir l’ordre du mérite de la part du premier des leurs, à savoir Sa Sainteté Tab Djnanou.

En résumé donc : selon le tribunal, les gendarmes auraient dû aller voir un magistrat de Témouchent, proxénète à ses heures perdues, pour lui demander d’ordonner une perquisition dans un lieu de débauche… vachement circulaire comme procédure.

Au vu du film Bungalow 33, et de bien d’autres sordidités, faut-il absolument saisir le premier magistrat du pays ? Oui, il faut le saisir, le secouer avec toute la déférence que l’on doit à un chef de voyous, et le balancer pour de bon dans les poubelles de l’histoire…

Mounir Sahraoui
15 décembre 2012

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