Bien que n’étant pas spécialiste du mouvement associatif comme tout sociologue avéré, mais le fait d’accumuler une certaine expérience dans le domaine associatif, notamment celui relevant du domaine écologique me permet actuellement de bien situer l’état de la mouvance écologique algérienne tant sur le plan interne que par rapport à celles des pays voisins et riverains de la Méditerranée.

Nombreux sont les gens qui se posent continuellement la question d’inexistence d’un parti ou mouvement politique vert en Algérie, alors que dans les pays voisins comme la Tunisie et le Maroc, les écologistes ont bel et bien leurs propres structures politiques nationales depuis un certain temps, donc on a le droit de se demander qui est ce qui freine ce développement du mouvement écologique vers son aboutissement politique final qui est bien entendu le parti des verts algériens (le PVA), de telles questions ne peuvent trouver leurs réponses que si nous essayons de brosser objectivement la trajectoire de ce jeune mouvement écologique.

Bref historique du mouvement écologique algérien

Dans les années quatre vingt – quatre vingt dix, de premières agitations écologiques universitaires ont vu le jour, notamment avec l’ouverture du champ politique envers les formations d’opposition, c’est la loi n° 01-90 prônée par l’ancien président de la république CHADLI Bendjedid qui a permis la naissance des formations politiques de tous bords, avec notamment leurs corollaires estudiantins à l’université.

Sur le plan écologique, ce sont plutôt les organisations estudiantines qui étaient plus concrètes et plus efficaces envers les préoccupations environnementales en Algérie. Certains enseignants épris de la chose environnementale y voyaient de bon œil ce déploiement à la faveur de la sauvegarde de la nature.

Les actions des universitaires (enseignants et étudiants) à la faveur de l’environnement consistaient à organiser des manifestations scientifiques (séminaires, colloques, journées d’études etc.), d’autres consistaient à monter des projets de recherche, notamment ceux relatifs à la lutte contre la désertification et aux problèmes de salinisation qui augmentaient de plus en plus dans les zones côtières à cause de la surexploitation des nappes souterraines.

Cette période ayant vu l’intensification de l’activité écologique au point où certains universitaires ont pu rassembler par moments un bon nombre de partisans autour du projet avorté de la constitution du tant désiré part écologique, d’autres ont pu adhérer à des organisations non gouvernementales (ONG) telle que green peace, dont certains relais existent jusqu’à nos jour, mais qui nécessitent d’être relancés à chaque fois.

La période qui  s’ensuit, quatre vingt dix – deux mil, constitue la période du déclin de l’activisme écologique universitaire, la raison en est toute simple, les universitaires, notamment les enseignants étant traqués par le terrorisme, ce qui a permis à certaines franges de la société « populaire » d’émerger en mettant en place des associations permettant par la suite d’organiser des activités en faveur de l’environnement, mais ces structures ont été rapidement récupérées par le système au profit de ses besoin électoralistes, les plus illuminés d’entre eux ont été placés à la tête des assemblées élues (collectivités locales), ce qui a, en quelque sorte handicapé encore une fois l’émergence d’une mouvance écologique bien structurée dont la finalité est la constitution du parti pour les écologistes algériens.

Période faste de l’activité écologique universitaire

Des années quatre vingt dix aux années deux mil, le mouvement écologique universitaire algérien ayant connu sa période la plus faste par rapport aux années précédentes, ce qui lui a valu un certain retard à gagner par rapport aux activistes écologiques populaires.

Ce n’est qu’après la fin de l’instabilité politique qu’a connu le pays, qu’un redéploiement des actions sous la forme de manifestations scientifiques (colloques, séminaires, journées d’études etc.) que les intellectuels écologistes algériens commencent à refaire surface, et de là à participer même à l’élaboration des textes (lois, décrets, circulaires etc.) relatifs aux contextes environnementaux (lois de l’environnement, de l’eau, minière etc.), ce qui indiqua que les pouvoirs publics commencèrent à prendre en compte les demandes et  exigences des experts, chercheurs et consultants algériens.

Naissance de deux tendances environnementalistes, écocitoyenneté et écologie politique

La synthèse historique des mouvements écologiques en Algérie montre l’affrontement de deux tendances sur la scène sociétale ; une tendance basée sur une simple constatation des dégâts écologique est représentée par l’écrasante majorité des associations qui ont vu leur naissance lors de la période d’instabilité politique du pays où elle jouait le double rôle d’associations qui captent les potentialités juvéniles en matière de revendication écologique, mais aussi le rôle de relais au système établi qui, en cas du besoin, faisait à elles en vue de la réussite des opérations électorales etc.

La deuxième tendance marquant le retour sur scène sociétale des écologistes universitaires qui allient phénomènes écologiques et soubassements politiques des responsables contrôlant les différents organismes publics de gestion environnementale. Souvent ce sont les déraillements des responsables de ces organismes qui engendrent les grandes catastrophes constatées ça et là sur le territoire national.

D’autant plus, les économiques et détenteurs d’installations classées responsables de la plupart des cas d’agression à l’environnement sont d’anciens apparatchiks du système politique en place, ces agresseurs du système écologique national trouvent à chaque fois leur fervent défenseur qui n’est que l’ancien parti unique de l’état algérien, en l’occurrence le FLN.

Un bref aperçu sur la composition des assemblées populaires (APN, APW et APC), permet de se rendre compte qu’on s’est bien accaparé des postes électives sensibles à l’environnement, comme la présidence de la commission de l’environnement au sein de la wilaya (équivalent de la préfecture en France), les services techniques hygiène et environnement des APC (mairies) etc.

Verrouillage de la scène politique et mise à mort de l’activité écologiste

Les derniers développements de la scène politique en Algérie ont induit inéluctablement une fermeture du cercle partisan où seules les forces agissant autour du programme présidentiel s’octroient les moyens de l’état pour assurer une pseudo-activité politique, afin de montrer au monde qu’on est pas à l’arrêt, mais en fin de compte c’est bien la mise à mort de toutes les autres formations associatives et politiques qui grouillaient un certain moment.

Quel est l’avenir de ce balbutiement écologique en Algérie

Mis à part quelques campagnes de nettoiement de plages effectuées par des jeunes universitaires, quelques randonnées organisées ça et là par certaines associations ou les très rares séminaires sur la protection de l’environnement, la scène écologique en Algérie se vide de plus en plus, au point où les acteurs écologistes reconnus comme tels s’inquiètent énormément pour le devenir de cette jeune mouvance.
En tous cas, la mouvance écologique algérienne ne peut faire exception d’une certaine logique politique bien établie dans notre pays, du moment où des formations de grandes envergures comme le FFS, le RCD, le PT etc. se voient maintenant contraints à observer le mutisme le plus total.

La question qui se pose ou qu’on peut se poser maintenant qui profitera de ce verrouillage politique ? et après disparition d’une certaine opposition, qui est ce qui jugulera les énergies effervescentes de ces jeunes algériens assoiffés à tout ce qui est nouveau et à tout ce qui est salvateur aussi ? Attendons-nous à des élucubrations politiques en Algérie de type année quatre vingt dix qui ont vu la naissance de la très jeune démocratie algérienne qui est maintenant entrain d’agoniser.

Ces quelques questions trouveront leurs réponses peut être d’ici quelques années, notamment à la veille des prochaines élections présidentielles.

Kacem Moussa
24 juin 2012

Eco-citizenship and political ecology in Algeria

Although not being a specialist of associations like any proved sociologist, but being accumulated some experience in the field of associations, including the ecological domain allows me to situate the current state of the ecological movement as Algerian internally as compared to those of neighboring countries and the Mediterranean.

Many people faced the question of continuous absence of a green political party or movement in Algeria, while in neighboring countries like Tunisia and Morocco, environmentalists do have their own national political structures from a while, so we have the right to ask who is this which hinders development of the environmental movement to end its political outcome which is of course the Green Party Algerian (PVA), such questions can be answered only if we try to paint objectively the trajectory of this young environmental movement.

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