Cela fait 50 ans qu’ont été signés les Accords d’Evian ouvrant la voie à l’indépendance de l’Algérie. Les négociateurs algériens étaient alors loin d’imaginer qu’elle serait confisquée par un EMG, qui s’est fortement militarisé en dehors des maquis algériens. Installé à Ouedja du Maroc indépendant, l’EMG se préparait au seul combat qui l’intéressait : celui contre ses frères algériens et de ses frères moudjahidines de l’intérieur qu’il sait démunis de tout armement lourd.  À l’aube de l’indépendance, l’EMG a fait crier ses armes pour assoir un pouvoir dictatorial non sans saignées.

Je rends Hommage à tous les Chouhadas qui se sont sacrifiés pour notre chère indépendance et à tous ceux qui ont fait notre Histoire. Je pense également à Didouche, Ben Boulaid, Ben M’hidi, Abane, Zighout, Zabana, Amirouche, Si El Haoues, Lotfi et tant d’autres.

L’indépendance a d’abord été confisquée par Ben Bella qui instaura un pouvoir dictatorial, avant qu’il soit destitué par un Boumédienne assoiffé, lui aussi, du pouvoir personnel. A travers son Conseil de la Révolution, une camaraderie qui perdura dans les sphères du pouvoir, il installa un climat de terreur et de peur dans tout le pays.  Il s’est alors attelé à alimenter le culte de la personnalité, à constituer une police politique avec le Peuple comme seul ennemi, à promouvoir les déserteurs de l’armée française dans les commandements militaires. Avec ces calculs, il a rendu le pays perméable à toutes les dérives.

Durant ces règnes dictatoriaux, l’assassinat, la prison et l’exil sont alors les seules destinées possibles des nationalistes qui ont combattu courageusement la puissance coloniale, et qui aspiraient un destin démocratique à l’Algérie indépendante. Ces régimes étaient autant cruels envers tous ceux qui l’ont soutenu au départ, par conviction ou par calcul politique, et qui s’en éloignaient pour ne plus les cautionner et ne pas participer à la mise à bas de l’Algérie.
 
Je rends Hommage à toutes ces personnalités assassinées, emprisonnées ou forcées à l’exil. Je pense également à Krim, Khider, Chaabani, Medeghri, El Ibrahimi, Abbas, Ben Khedda, Boudiaf, Amirat, Bourgraa, Ait Ahmed et tant d’autres.

La désignation de Chadli à la tête de l’État ne fera que perdurer un régime autoritaire marqué par une police politique à pouvoir incontrôlable. Une police qui n’hésita pas mettre derrière les barreaux des illustres défenseurs des droits de l’homme.

Je rends Hommage tout particulièrement à Yahia Abdenour qui a osé défier les différentes dictatures et ose encore, malgré son âge avancé, à défier la dictature en place. Un homme dont la persévérance, la droiture, la ténacité et l’intégrité devront être des modèles à tous les algériens.

Ce règne se distingue par son plaisir à réprimander toute manifestation, pacifique soit-elle. Je pense particulièrement aux événements de 80 en Kabylie, de 86 dans le Constantinois et de 88 dans l’Algérois et ailleurs.  

Ces derniers événements augurent d’une nouvelle ère pour l’Algérie. Le multi-partisme instauré ne fut que de façade et le régime a confisqué une énième fois la démocratie en Algérie. À chaque parti, son clone. À chaque association, son clone. Après une dictature à parti unique, l’Algérie bascule dans une dictature à multi-partisme. Une dictature inodore difficilement détectable aux yeux de l’opinion internationale : une aubaine pour un pouvoir que seul cette opinion compte. Ce simulacre de démocratie a été marqué, dès le départ, par la prise de pouvoir effectif des déserteurs de l’armée française qui se sont constitué une junte terrible.

L’arrêt du processus électoral, décidé par cette junte de militaires, a abouti à la destitution d’un Chadli négligeant. Cet arrêt, quoique décrié par une certaine classe politique, est largement approuvé par des politiques et des intellectuels au nom de la défense d’un idéal démocratique. Des civils intellectuels ont invité alors les militaires à accaparer tous les pouvoirs, y compris politiques, et à user de la force nécessaire pour assurer la « sécurité » du Pays. Cet appui sans contre-partie ne pouvait que réjouir des militaires qui, désormais, peuvent compter sur des civils pour mener à bien leurs desseins.

S’ensuivit alors l’appel à un Historique pour garantir une vitrine de vierge aux militaires. L’insoumission de Boudiaf, qui se distingua par un nouveau discours proche du peuple et par le déclenchement d’enquêtes anti-corruption visant des dignitaires haut placés, a  agacé toute la hiérarchie militaire. Cet agacement a pris subitement fin le 29 juin 1992, jour de l’assassinat de Boudiaf.

Depuis ce jour, l’assassinat, la prison et l’exil redeviennent les seules destinées de ceux qui ne cautionnaient pas ou ne cautionnaient plus les actions du pouvoir. Plusieurs des personnalités qui ont eu à appeler les militaires à prendre le pouvoir à travers leurs organisation (CCN et CNSA) et qui ont, par la suite, émis des doutes sur les véritables intentions de la junte sont lâchement tuées.

Je rends Hommage à tous les intellectuels, professeurs, journalistes, écrivains et artistes qui ont payé de leurs vies. Je pense également à Senhadri, Liabès, Flici, Djaout, Boucebci, Boukhobza, Alloula, Mekbel, Belkaïd, Benhamouda, Matoub et tant d’autres.

Le remplacement de Boudiaf par un Kafi affairiste n’est que temporisation au bénéfice de la junte qui se mit à échafauder un plan pour combler un vide pesant.

L’arrivée de Zeroual à El Mouradia ne s’est faite qu’après que le civil voulu n’a pas juger opportun d’occuper  un poste avec un pays en plein tempête marquée par l’insécurité grandissante et une faillite financière. Bouteflika opportuniste a décliné malicieusement l’offre qui lui a été faite tout en espérant un contexte plus favorable.

L’époque de la présidence de Zeroual est marquée par une campagne des plus sauvages d’assassinats et de carnages collectifs. L’intégrité de Zeroual, plus ancré dans le sérail militaire et dans le microcosme politique Algérois que l’a été  Boudiaf, a faussé les calculs d’une junte prête à tout pour la mise à bas d’une Algérie déjà en perdition. La volonté de Zeroual de rétablir l’ordre, et de redonner son honneur à l’Algérie, a été vécu comme un trahison de la part des généraux qui n’ont pas hésité une déstabilisation à tout va.

De l’assassinat de ses proches, Zeroual s’est retrouvé démuni face à des carnages sauvages de la population civile à quelques mètres des casernes militaires, qui avaient reçu l’ordre de rester à l’intérieur des casernes et laisser faire les assassins.

Comme d’habitude, les militaires avaient trouvé dans la classe politico-médiatique des appuis solides. Qui ne se rappelle pas de la campagnes médiatique menée contre Zeroual et son entourage, notamment Betchine ? Le complot ne résidait pas dans la corruption de ce dernier mais dans le silence de ces mêmes médias sur les affaires louches des autres généraux.

Qui ne se rappelle pas de l’acharnement des quotidiens algériens et particulièrement du quotidien Le Matin et de son directeurs Benchicou ? Un directeur qui exécutait fidèlement les ordres des ses correspondants du DRS qui n’ont pas hésité, par la suite, à le lâcher et même à l’emprisonner une fois devenu inutile. L’arroseur arrosé dit-on!

La démission honorable de Zeroual a ouvert la porte à la désignation de Bouteflika au poste de président de la république, un civil paranoïaque qui croit sincèrement que le poste lui revient de droit! Un civil connu pour ses complexes et ses penchants pour le pouvoir personnel avec insouciance de la société et du peuple. Un civil que le DRS sait exempt de tout un nationalisme et de tout patriotisme. Un civil qui sait que, cette fois-ci, le contexte est plus que favorable.

Dès sa prise de fonctions, Bouteflika a œuvré à mettre en place une gouvernance régionaliste via la désignation de personnes issues de sa région natale à tous les niveaux de responsabilité de toutes les institutions algériennes. Minutieusement, il a mis des gens qui partagent avec lui la détestation de l’Algérie et de son Peuple. Tous ces responsables, lâches et psychopathes, ont brillé par leurs mépris récurrents de l’algérien et ont brillé par leurs lèches-soumises à tout ce qui est étranger.

Le règne de Bouteflika est, a posteriori, les plus agressif dans la destruction de l’État. Le système Bouteflika s’est attaqué méthodiquement à l’homme algérien en s’attaquant à son éducation, à sa morale, à sa culture, à son histoire, à son travail, à son loisir, à sa santé mentale, à sa santé physique, à sa famille, à ses frères,…et à son courage.

Le système Boutefllika, avec l’appui malicieux et indéfectible du DRS, s’est acharné sur la société algérienne en l’engrenant dans une spirale destructive infernale, avec entre autres la généralisation de la corruption, dont le seul but est la désintégration de l’Algérianité. Selon les recensements des journaux algériens, dont ceux proches du DRS, affirment que cette corruption atteint des sommes dépassant, en 12 ans de 99 à aujourd’hui, des proportions de l’ordre de 130 milliards de dollars. Des sommes astronomiques dépassant de loin les 26 milliards de dollars détournés en 30 ans de l’indépendance jusqu’aux débuts des années 90.

Ce système s’est attelé à diviser le Peuple Algérien et à l’affaiblir sur tous les plans. Il est parvenu, en 50 ans d’indépendance confisquée, à mettre l’Algérie à genou et à la portée de toutes les manipulations géopolitiques. Ce système, a tant saigné l’Algérie à l’intérieur et l’a tant affaiblit à l’extérieur.

Aujourd’hui, un tournant majeur guette l’Algérie et le système montre ses premières faillites et vit ses derniers jours avec sa dernière mascarade électorale du 10 mai 2012, une élection qui l’a déjà perdue. L’indifférence totale affichée par tout le Peuple, de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud, à la campagne électorale est meilleure preuve du boycott annoncé.  Le 10 mai 2012 est d’ores est déjà la journée du rejet pacifique par tout un Peuple de la mafia et de son système.

Cette journée est le début d’une nouvelle ère d’action pour un démantèlement radical du système, cette journée est le début de la délivrance du Peuple de la junte militaire et de ses serviteurs. Cette date est celle du changement.

Le changement est un route. Un changement radical qui va mettre fin à tous les dépassements. Un changement qui viendra du Peuple. Un changement qui s’établira

L’Algérie saura se relever et saura dépasser toutes ces plaies, n’en déplaise à ses ennemis.  

Mohand Arezki Ait Idir
3 mai 2012

Comments are closed.

Exit mobile version