Il y a longtemps, mais vraiment longtemps, l’Algérie s’est investie corps et âme dans le « Renouvelable ». Avant tout le monde, avant même l’Allemagne et le Japon. Remettons-nous dans le bain de l’époque, c.-à-d. 1998 : les généraux Toufik, Lamari et Smaïl avaient juste terminé avec le succès que l’on sait leur tour d’Algérie des massacres industriels, et s’apprêtaient à être reçus avec toutes les horreurs par leurs hôtes du TPI de La Haye. Ils étaient unanimement nominés pour le Grand Prix du Jury qui devait couronner l’ensemble de leur « œuvre ».

C’est à ce moment-là que le général Belkheir, grand patriote s’il en est, proposa à ses acolytes une idée de génie, une idée qui défiait tout bon sens. Le prix du baril de pétrole étant excessivement bas, leur dit-il, il faut absolument investir dans le renouvelable et le recyclage des déchets. C’est ainsi, leur proposa-t-il, qu’on se devait de faire appel à Bouteflika pour occuper le poste de « président ».

Ce dernier, argumenta-t-il, avait tous les atouts : il était politiquement périmé, physiquement délabré, et moralement disqualifié. Et contrairement aux politiciens des autres pays, insista-t-il, les nôtres ne sont pas biodégradables, il faut donc constamment les recycler pour éviter de polluer la planète.

Sitôt arrivé au pouvoir, le président renouvelable fit appel comme il se doit à d’autres dinosaures renouvelables pour avaler les ressources non-renouvelables du pays. Ainsi, même quand Zerhouni, 79 ans, sombre dans la sénilité et n’arrive plus à savoir de quel pays il est ministre de l’intérieur, Bouteflika le nomme vice-premier ministre, et le remplace par l’octogénaire Ould Kablia, dont la date de naissance exacte sera connue d’ici quelques mois, une fois révélées les analyses de datation par le carbone 14. Même chose pour l’ANP : quand le général Lamari, 75 ans, décida qu’il quittait l’armée pour se consacrer à plein temps à sa passion – « bouffer de gros animals sans être dérangé » selon sa formule – Toufik le fit remplacer par l’octogénaire Gaïd Salah, qui donne toujours l’impression d’être sur le point d’accoucher de quintuplés…

Une question se pose aujourd’hui avec instance : un pays gouverné par des octogénaires pourra-t-il avoir un futur, fut-il proche, ou même simple ? La réponse des octogénaires du gouvernement et du DRS est claire et sans ambigüité : Avec nous, le seul futur que l’Algérie puisse avoir, c’est le futur antérieur….

Mounir Sahraoui
9 octobre 2011

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