الدمعة

« في كلّ دمعة يتباطأ أمل » (سيمون دي بوفوار، أديبة فرنسية)

تذكرتكِ والأمواجُ تتقاذفُ وتتلقفُ جسدي على الرصيفِ، هائجةً
ذبتِ في سباتك يا دمعتي وأنتِ تسمعينني في صخبٍ وضجرٍ معَ أعدائي
لم أنسكِ ولن أنساكِ وأنتِ أبدَ الميعادِ في قلبي وفؤادي
اغتصبوك وأنتِ غُلامةٌ للأشجارِ شاديةٌ وللعصافيرِ خليلةٌ
لم تبتسمْ لكِ الحياةُ باكرًا،
فظننتِ أنّ كُلَ الأنامِ جواسيسٌ عوابسُ
تذكريني مليًّا يا روحي،
دمعتكِ في قلبي مسدالةٌ وقلبكِ في دمعتي أليفٌ مغوارٌ
تركتِني أسيرًا لتباريحكِ،
فتقوقعتُ تقوقعَ الحلازين تحتَ الغيثِ في البحاري
دفعتُ النفسَ والنفيسَ لأستحوذَ على آلامكِ،
فانهالت عليّ كالذيبة على الجيفةِ في البراري
دعيني أقُول لكِ يا دمعتي أنَكِ ملاكٌ جريحٌ
والمصيرُ لعذابِكِ راكعٌ باكٍ
لم أبُح لكِ بسّري وخبّأتهُ عليكِ حشمةً في تلافيفِ أشعاري،
فعانيتُ وحدي وأنتِ لم تبالِ
سكبتِ كوبَ أفزاعكِ فوقَ مقلتيكِ،
فاستسلمت أهدابُكِ لها دونَ توانٍ
أحببتُ تواضعَ بشاشتكِ وصونَ هندامكِ
فتلهفتُ رؤيتكِ طوالَ النهارِ في خيالي، بصحبتي
انتظرت زاجلَ الحمامِ تحتَ حمّارةِ القيظِ عنوةً
لأرى وجهكِ ضمنّهُ الوقتُ بينَ أعطافِ جناحيِ طيرهِ
حسدتُ الناسَ العطاشى فحسدوني،
فتركتُ لهم عساقِلَ المكبوتاتِ تتهاطلُ عليهِم كالغيثِ المدرارِ
أصبحتُ يا دمعتي كاملَ الوقتِ عكوفًا على نفسي،
فاستنهلتُ من جوابكِ ألفَ لُغزٍ وسؤالِ
ريشتُ صوفَ الأعوامِ وحلجتهُ،
فعللتهُ لأموتَ بالأضاليلِ أبدَ الدوامِ
تجولتُ دونَ قصدٍ في تعاريجِ خرائطِ كلماتكِ،
فوجدتها أزيزًا في غمشِ اللّيلِ بطلاوتهِ
لمحتُ عصعوصَ الدّيكِ وهو يداوي ويدّوي قلبهُ في الصباحِ الباكرِ،
فظننتكِ يا دمعتي دونَ مِلحٍ ومفرداتكِ دونَ لُحمةٍ تعاني
عركني الدّهرُ ونساني،
فبحثتُ عن ذكرياتي في مقلتيكِ سامرةً تباهي
أحبَبْتُكِ يا دمعتي وأنتِ لست داريةً،
فأضحى قلبي منبعُ وديانٍ جارفةٍ لا تجفُ ولا تنتهي
لم ترتوِ أرضي برؤيتكِ تنسكبينَ من مرفئكِ،
فاستدعت خدمكِ وحاشيتكِ للاستدلال
قُمتُ والقيامةُ يومَ الطامةِ الكبرى نائبةٌ،
فتكسّرت غلاصمكِ وأنا حاضرٌ باكٍ،
تذكرتُ سوِيًا مصيري في غرناطة وبوعبديلَ يبكي
وأمهُ فاطمةَ، هاجيةٌ لهُ لا تراني
خاطبتُ الدّهرَ فقوضني،
فخظبتُ الأهلّةَ والأقمارَ للاستنجادِ
رُحتُ في الحالِ والمآلِ أنتشِلُ بقاياكِ في غياهبِ الأفكارِ،
فتركتني تهويدةُ الدجى قاعسًا لا محالة
أرسلت لي رُسُلُ الأنوارِ من تونس الحبيبة أمانيها،
فباتَ داخلي مُهلوسٌ وأشباحُ اللّيلِ متنّكرةً ترقصُ في مواكبِ الظلامِ
انتفض منتجعُ الخيالِ بُرهةً،
ليستسلِمَ على التوِ لِقهرِ الغموضِ وسلطانِ الريبةِ
تهاطلت سقاطاتُ لوعتي غزيرةً،
فتلقيتُ جامحةً عواطفكِ القاحلة ودمعتكِ الجارفةِ في بؤرةِ الحيرةِ والنسيانِ

كمال قروة
ماي 2011

***

Ma pauvre larme

« Dans toute larme s’attarde un espoir » (Simone de Beauvoir, 1908-1986, femme de lettres française)

Je me suis souvenu de toi quand les vagues, dévorant mon corps et me rejetant sur le quai, ululent.

Tu t’es fondue dans ta torpeur ma larme, en train de m’écouter chamaillant avec mes ennemis dans un bruit et un tumulte assourdissants.

Je ne t’ai nullement oubliée et je ne t’oublierai jamais car tu es éternellement enfouie dans mon cœur et esprit.

Hélas, ils t’ont violée gamine chantant aux arbres et tenant intime compagnie aux oiseaux.

La vie, ma foi, ne t’a pas souri de bonne heure, raison pour laquelle tu as cru que tous les communs des mortels sont des espions au regard effronté.

Souviens-toi de moi mon âme, ta larme dans mon cœur est si forte que ton cœur dans ma larme est aussi pieux qu’affable.

Tu m’as abandonné prisonnier dépendant de tes aises, et je me suis carapaté et recroquevillé comme les limaces au bord des mers sous la pluie tombante.

J’ai fait des pieds et des mains pour m’approprier tes douleurs mais elles m’ont assailli comme les loups sur leurs charognes dans les vastes prairies.

Laisse-moi te livrer un secret ma larme, tu es un ange blessé et le destin en pleurs, s’accroupit à ta souffrance.

Je ne t’ai pas ouvert mon âme, t’ai caché, par pudeur, mes secrets dans les parchemins de mes vers, ai souffert seul et toi n’en avais plus cure.

Tu as versé le verre de tes lamentations sur tes yeux, et tes cils y ont baissé les bras sans attendre.

J’ai aimé la modestie de tes sourires et la sobriété de ta tenue. Ainsi, dans le fin fond de mon imagination, aurais-je voulu te voir, toute la journée, en ma compagnie.

Entre-temps, j’ai attendu à dessein le colombophile dans l’agaçante canicule afin de voir ton visage enseveli entre les ailes de son oiseau.

Je suis devenu jaloux des gens frustrés car ils m’en avaient longtemps envié. C’est pourquoi, j’ai laissé les mirages des refoulés s’abattre sur eux comme une impitoyable averse.

Tiens ma larme, je me suis replié tout le temps sur moi et ai deviné dans tes réponses mille interrogations et énigmes.

J’ai égrené et épilé la laine des années et des années, l’ai cardé, et l’ai raisonné pour finir mort d’élucubrations toute ma vie.

J’ai fait un tour sans but précis dans la carte de tes mots et les ai trouvés comme un bourdonnement dans la noirceur de la nuit en sa douceur.

J’ai aperçu le croupion du coq, tôt dans la matinée avenante, en train de languir, croyant apaiser son cœur, et ai pensé, ma larme, que tu es sans sel et tes mots souffrent le martyre pour carence d’affinités.

Le temps m’a pétri et oublié, j’ai cherché, par contre, ma mémoire dansante et vacillante dans tes pupilles.

Je t’ai aimé ma larme et toi tu ne le savais pas, et mon cœur a trouvé sublime raison pour se muer en un grand Oued ne voulant plus se tarir ni se dessécher.

Ma terre n’a pas rassasié de te voir déverser tes flots de ton port, elle a, ainsi, appelé tes laquais et ton entourage entier pour qu’ils s’en aperçoivent.

Je me suis levé vaillant quoique la grande terreur du jugement dernier soit trop menaçante.

Mais, comble de malheur, tes écailles et nageoires s’en trouvent brisées en ma présence, visage éploré.

Je me suis rappelé tout de suite mon destin à Grenade, et Boabdil (1) pleurant devant sa mère Fatima qui, sans me voir, l’apostrophait sans ménagement.

J’ai parlé avec le temps et m’a détruit, alors, j’ai demandé la main des étoiles et de la lune espérant qu’elles me portent secours.

Je suis parti, ici et maintenant, recoller tes restes dans les limbes dispersés de mes idées mais la berceuse des nuits m’a laissé coi sans s’en soucier.

Les prophètes des lumières m’ont envoyé de la belle Tunisie leurs pieux vœux même si mon fond est demeuré halluciné et les fantômes de la nuit tout aussi fardés que déguisés dansent dans les cortèges des ténèbres.

Sur ces entrefaites, la grange de l’imaginaire s’est aussitôt révoltée pour se rendre toutes affaires cessantes à la pression de l’ambiguïté et à l’empire des doutes.

D’où les graffitis de la consternation qui pleuvent des hallebardes sur ma pomme du fait qu’ils ont rencontré ton aride affection et ta larme ondoyante dans le puits de la stupeur et de l’oubli.

Kamal Guerroua
Mai 2011

(1) Boabdil (1459-1533), dernier roi nasséride de Grenade, ayant pleuré en femme ce qu’il n’a pas su défendre en homme, version de sa mère Fatima.

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