Les consultations de la commission présidée par Ben Salah se poursuivent. Celle d’hier représente ce qu’il y a de plus aberrant et saugrenu. En effet, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, et non le premier ministre, vient de proposer une batterie de mesures pouvant sortir l’Algérie de son marasme actuel. Toutefois, il se trouve que les propositions du secrétaire général sont diamétralement opposées à celles qui sont mises en œuvre par le premier ministre. Car, ce qui est ambivalent c’est que le secrétaire général représentant « la vertu démocratique » n’est pas d’accord avec ce que lui-même applique au gouvernement. Or, ce dernier, en l’occurrence Ouyahia, pour que le lecteur ne se perde pas, est prêt à accomplir les sales besognes, et ce pour peu qu’on ne le sollicite pas en tant que secrétaire général du RND. En effet, bien que l’Algérien puisse se perdre dans ce jeu empreint d’ambiguïté, le secrétaire général du RND souhaite que, dans son pays qu’il chérit tant, le premier ministre sorte du parti majoritaire au parlement. Dans le but de partager le pouvoir, le secrétaire général aspire à un régime semi-présidentiel. Ainsi, le premier ministre pourrait avoir un avis sur la conduite de la politique nationale. « Le gouvernement devra, pour le RND, être comptable de son programme devant l’APN », écrit TSA en rapportant les propos d’Ouyahia. En revanche, quand il s’agit de demander l’avis du premier ministre, ce dernier avait pour seule réponse : « J’applique le programme du président Bouteflika ».

Cependant, l’une des mesures phares du RND est la limitation du nombre de mandats présidentiels. Hélas, cette proposition ne fut pas partagée par le premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui, en novembre 2008, avait déployé tous ses efforts pour que la limitation des mandats présidentiels soit amendée. Cette révision, pour rappel, avait permis à Bouteflika de briguer un troisième mandat, contraire à l’esprit de la constitution de 1996. Par ailleurs, selon le secrétaire général du RND, et là on ne parle pas du premier ministre, si les mesures préconisées par le RND sont retenues, le pays consolidera indubitablement « le pluralisme démocratique ». En effet, dans une proposition sur l’organisation du référendum, le RND plaide pour que l’opposition ait son mot à dire. Plus péremptoire, il propose que l’administration tienne compte des votes négatifs. Ignorant probablement que les fraudes se fassent en catimini, le secrétaire général du RND propose l’utilisation d’urnes transparentes. Par ailleurs, faut-il rappeler que son parti était majoritaire en 1997 à l’assemblée nationale en recourant aux méthodes empruntes à Marcel-Edmond Naegelen. Ce dernier avait réussi à désigner les députés du second collège issus, pour la majorité ou peu s’en faut, de l’administration coloniale.

En somme, dans les jours à venir, la commission Ben Salah va probablement inviter d’autres ténors du régime. Les solutions de sortie de crise seront-ils assumées en tant que responsables ou en tant qu’observateurs ? Et ça, la science politique aura du mal à expliquer le cas algérien. Car, un responsable, une fois désigné à assumer une charge, doit mettre en œuvre une politique et non pas l’explication de ce qu’il souhaiterait faire. A moins que ce soit un cas comme Ouyahia qui, en étant secrétaire général du RND, n’est pas d’accord avec lui-même dans l’exercice de ses fonctions. Tout compte fait, ce carnaval nous renseigne sur le degré de sérieux de nos responsables. A qui sera le tour prochainement ? on le découvrira bientôt.

Boubekeur Ait Benali
3 juin 2011

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