Cela fait une année, presque jour pour jour, que Saïd Sadi a publié son livre sur la vie d’Amirouche. A la suite de quoi, nous avons assisté et assistons à un déluge de commentaires sur le déroulement de la guerre pour l’indépendance et sur le parcours d’un personnage qui a laissé Nom et devenu Légende pour tout un peuple. On ne peut ignorer sa bravoure, son courage et son charisme malgré des erreurs commises – parfois à outrance – et que s’il était encore vivant aurait reconnu ses torts sans détour aucun. Il les aurait regrettées tout en réaffirmant toutefois qu’il agirait de la même manière si c’était à refaire ; tout simplement en raison du climat de guerre qui impose des réactions radicales à des actions de déstabilisation radicales, usant de tous les pouvoirs offerts par les Sciences de la Psychologie du moment et dont la France maitrisait et faisait usage sans retenue aucune.

Oui ! Amirouche aurait reconnu des dépassements nécessaires pour l’acquisition de l’indépendance et pour un aboutissement certain d’une guerre déjà bien entamée et pour laquelle de Célèbres Martyrs sont déjà tombés.

Aujourd’hui, le personnage d’Amirouche ne laisse personne indifférent et rien qu’à citer son nom au sein d’un attroupement que des clans se constituent : ceux qui lui sont fervents et ceux qui lui sont distants. Ces réactions immédiates justifient en partie les succès avérés de tous les livres qui sont édités récemment, et justifient les polémiques qu’ils ont suscitées. Je pense particulièrement à celui du Président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), le docteur Saïd Sadi.

La vive polémique suscitée par ce live « Amirouche, une vie, deux morts, un testament – Une histoire algérienne » traduit à elle seule un certain malaise de la société algérienne, et également d’une certaine déconsidération qu’ont certaines personnes vis-à-vis d’autres personnes issues d’autres régions. Ce livre a, donc, au moins le mérite de mettre à nu ces différents sentiments méprisables et qui n’honorent nullement leurs responsables.

Cette polémique a révélé également la profondeur de notre malaise du à notre méconnaissance de notre propre Historie avec ses succès et ses échecs. Ce malaise révèle l’absence d’Historiens dignes de ce nom et l’improvisation de tout un chacun en Historien détenant une vérité entière et saine. Cette polémique a donné ainsi lieu à des attaques entre personnes et contre des personnes, dont le docteur psychiatre.

Cet écrit ne se veut nullement une attaque personnelle contre une quelconque personne mais une synthèse d’un ensemble d’événements qui ont survenus en Algérie ces dernières années, et où cette polémique aide à comprendre ; du fait que cette dernière a été aussi alimentée par des personnes qui ont à jouer un rôle dans les sphères décisionnelles du Pays telles Ali Kafi, Ouled Kabila, Mourad Benchenhou, etc.

Je me permets donc, en ma qualité de simple citoyenne algérienne témoin de ces tergiversations d’éclater mon constat et ma vision. Je me permets d’éclater ma pensée sur tous les sujets que je juge importants et intéressants. Je me base sur une analyse objective du livre – seconde édition – du docteur Sadi pour en traiter quelques sujets qui me tiennent à cœur.

D’abord sur la forme du livre, je regrette que le docteur psychiatre n’ait pas pris le temps d’apporter des améliorations et n’ait pas tenu à respecter les premières exigences qui s’imposent à tout écrit et plus encore à un écrit sur l’Histoire. Et puisqu’elle figure sur la première page, le docteur aurait pu faire un effort pour traduire fidèlement une citation berbère en des termes précis.

Ce qui me dérange est que cette citation est sur la première page et cette imprudence donne un goût assez amer pour la lecture de la suite en raison du degré d’exigence qui est, ainsi, annoncé par le négatif. Sur la même lignée, la liste des Martyrs qu’il a retenue en page 27 ne suit aucune logique d’ordre : ni alphabétique, ni de date de décès, ni autre logique ! Je pense qu’il aurait du accorder une importance à tous ces détails non seulement parce qu’il est psychiatre mais aussi parce qu’il était candidat à des élections présidentielles !

Également sur la forme, une brève description des vécus et responsabilités officielles de ses sources, surtout depuis l’indépendance, nous aurait été d’un grand apport et aurait donné davantage de crédit à ses propos et aurait eu un impact considérable sur l’évaluation de l’œuvre. J’arrête là en ce qui concerne la forme en soulignant que ces manquements sérieux auraient pu être évités facilement.

En ce qui concerne les principales sources du docteur – qu’il remercie chaleureusement – des commentaires décrédibilisant peuvent être facilement présentés. Comment accorder du crédit à un Bouzeghoub qui est un cadre d’un parti de la coalition – le RND – connu pour son opportunisme et dont le parti est un critique sévère des idéaux même du docteur Sadi. Ou comment accorder un crédit à un Djouadi qui a servi en toute conscience dans l’institution militaire sans qu’il soit, pour autant, gêné par les traitements réservés à Amirouche, puisqu’il ne les a jamais dénoncés.

Présent dans les conférences de presses tenues par Sadi et intervenant lui même dans des quotidiens nationaux, la source Adjaoud est apparue soudainement importante entre toutes les autres sources. Un ami, cadre d’une société publique et originaire Tazmalt, qui le connait bien me l’a décrit comme un inculte notabilisé qui a fait régner une certaine terreur à l’époque du parti unique et de Boumediene. Sans grand courage ni grande science, il n’est qu’un ignare qui s’est enrichi d’une manière douteuse et qui méprise les gens. Connu dans sa région pour ses mensonges grossiers et ses affirmations d’être tantôt le secrétaire du Congrès de la Soummam et tantôt le secrétaire personnel d’Amirouche. Il est également connu pour avoir Moudjahidisé des Harkis notoires de la région et avec qui il s’affiche sans aucune gêne.

Je reproche à Sadi de ne pas avoir fait des recherche de crédibilités sur des sources pareilles, d’autant plus que son parti est bien implanté dans la Kabylie et, donc, ses militants lui auraient été d’un grand apport. D’autant plus que, selon cet ami, cette personne a persécuté elle même des militants berbèristes à l’époque du parti unique et notamment lors d’événements qui se seraient produits en 1981 et lors desquels il aurait eu des emprisonnements!! Quelques uns de ces militants sont d’ailleurs devenus des militants du RCD! Des événements que j’avoue découvrir!!

Je regrette qu’un responsable politique tel que Sadi fasse confiance à cette personne et je regrette infiniment qu’il publie dans son Livre, en page 445, un courrier de cette personne réclamant le corps d’Amirouche et de ses Djounouds. Je ne comprends pas comment il se permet d’accepter de publier un courrier non Daté! Un courrier écrit par « Le lieutenant Rachid » mais portant un greffe « R. Adjaoud » qui, vu sa forme, date plutôt des années 1990 – 2000! Comment publier un courrier alors qu’aucune date n’a été fournie et aucun destinataire sérieux n’y figure!! Et enfin, est-il normal qu’un simple Lieutenant fasse un tel courrier sans s’y référé à ses chefs hiérarchiques.

A la lecture de témoignages de cette personne on ne peut que douter de son intégrité morale. Tous ces témoignages, et ceux écrits dans des quotidiens nationaux se résument à des affirmations d’accompagnement d’Amirouche qui restent vagues et sans aucun repère chronologique. On a l’impression qu’il exploite des écrits post-indépendance pour se créer des scénarios et se rendre témoin d’événements importants de la guerre pour l’indépendance. Il affirme être le secrétaire personnel d’Amirouche pour la même période durant laquelle Amirouche Hamou était lui aussi secrétaire d’Amirouche (voir son livre : Akfadou, un an avec le colonel Amirouche). Si Hamou partage avec nous plusieurs photographies en compagnie d’Amirouche, qui a priori ne se prive pas du tout de se prendre en photo avec son entourage, Adjouad ne partage avec nous aucune de ses photos avec Amirouche puisqu’il en n’existe aucune. Probablement il a déjà rencontré Amirouche mais n’a jamais était son secrétaire ni rédacteur d’un quelconque PV du Congrès de la Soummam.

Cette négligence du docteur m’affecte tout autant que m’affecte la réaction rapide et honteuse de l’ex-Ministre des finances Mourad Benchinhou. Ce qui me dérange est que cet ex-ministre est allé faire recours au témoignage de l’une des sources du docteur Sadi pour attaquer Sadi. Cela signifie que notre ex-Ministre s’est précipité à critiquer un Titre et non pas le contenu du Livre!

Je regrette une négligence d’une personne qui a eu à gérer les finances de notre pays. A travers cette réaction nous comprenons, finalement, l’incapacité de notre pays à s’émanciper et à assoir un développement correct. Cette réaction révèle l’amateurisme de cet ex-Ministre et son incompétence flagrante. Avant de faire recours à une personne ou écrit, il faut posséder le minimum d’informations sur ce recours : ce n’est pas une science, c’est une évidence basique.

Cet ex-Ministre fait parfois froid au dos dans le sens qu’il n’a pas cessé d’afficher par ses interventions un anti-kabylisme primaire, qui d’ailleurs nous reflète qu’il est juste resté primate.

Dans la même lignée de pensée, la réaction excessive de Ali Kafi est pour le moins malhonnête! Il a eu l’audace, au crépuscule de sa vie, d’affirmer être contre la thèse défendue dans le Livre sans l’avoir lu! On comprend par contre, que pour ce dernier, c’est plus une vengeance personnelle qu’il a voulue non seulement sur Amirouche -ou Abane d’ailleurs- mais sur tous nos Hommes Historiques.

Il faut situer ses réactions de fin de vie sur un plan psychanalytique. Lui qui était Colonel pendant la guerre de Libération, et devenu même un président du Haut Comité d’État, n’a jamais pu acquérir un centième de Charisme post-mortem de nos Colonels Historiques. Il se sait colonel par manque d’hommes et non pas par une quelconque bravoure. Il est toujours resté l’adjoint d’un Zighout!! Il est vrai que cela est très pesant. Sa longue vie ne lui a même pas permis d’avoir ce charisme et, au contraire, à travers sa mainmise sur certains marchés nationaux n’a fait qu’effacer son passé déjà peu glorieux. Je concède qu’à la fin de sa vie, Ali Kafi digère mal qu’il ait été toujours un second et un remplaçant sans jamais être un leader.

Toutes ses réactions se sont faites sur la base de lecture d’articles de presse et sans aucune lecture du livre. Il est important que nous y efforcerons à réagir objectivement et sans aucun a priori sur toute situation ; même si l’on soupçonne un parti pris dés le départ.

Je déplore ces réactions subjectives comme je déplore les attaques récurrentes de Sadi, contenues dans le livre, contre la personne de Mohammedi Said, dit Si Nacer. Nous pouvons objectivement reprocher des choses aux colonel qu’il fut, mais pas à la manière de Sadi qui veut tout simplement nuire à l’image de l’homme. Par esprit de punition pour son adhésion au FIS, Si Nacer a eu droit à un lynchage moral systématique de la part de Sadi. Je trouve cela dommage et mesquin.

Ainsi, le Livre de Sadi, qui contient plusieurs imperfections, a le mérite au moins de nous interroger sur notre écriture de notre Histoire. On se rend compte que par absence d’Historiens fiables notre Histoire est bidouillée par tout un chacun en rapportant des informations sans vérifications sérieuses sur la crédibilité même des sources.

A la question que certains posent sur la compétence d’un Politique dans l’écriture d’un chapitre de notre Histoire, la réponse ne peut être, à mon sens, absolue et doit être considérée dans notre paysage assez complexe.

Un politique, par nature, ne peut rédiger qu’une Histoire orientée et dirigée par ses convictions, idéaux et idéologies. Tout Politique écrivant donc sur l’Histoire de l’Algérie manquera certainement d’objectivité dans sa lecture et présentera des événements l’arrangeant et taira ceux qui pourraient le déranger dans son combat politique ; si combat y a! La lecture de ses écrits devra alors se faire avec beaucoup de précautions et loin de tout naivisme.

D’un autre côté, nous ne pouvons restés indéfiniment otages de ces Clans de pouvoir qui écrivent une Histoire dirigée et conjoncturelle. Nous ne pouvons nous permettre de vivre avec une Histoire écrite uniquement dans l’éloge des gouvernants du moment avec la négation de tous les autres acteurs et hommes historiques. Même Bouteflika reprochait à la nomenclatura des années 80-90 d’avoir effacé ses photographies dans les réceptions officielles, en oubliant qu’il en a fait de même depuis l’indépendance jusqu’à la mort de Boumediene – lequel était maître en la matière.

Dans notre contexte complexe, le Politique, plus un droit, a le devoir d’écrire sur notre Histoire. Je préfère que l’on ait Une ou Plusieurs Histoire(s) écrite(s) une fois pour toutes – par Conventions ou par Hypothèses – que d’en avoir des Histoires variables dans le temps selon le gouvernant du moment. Dans notre cas, et faute de n’avoir d’Historiens impartiaux, les intellectuels doivent écrire notre Histoire pour au moins ne pas restés otages des mensonges distillés à des fins de propagandes. Il faut également être conscient qu’un Politique ou un intellectuel écrira spontanément une Histoire dirigée et conjoncturelle. Le seul bénéfice reste finalement la collision des interprétations de ces Histoires qui, espérons-le, finira par faire émerger la véritable Histoire!!

Le livre qu’aurait du écrire Sadi.

La sortie du livre et le choix du timing montrent parfaitement la volonté de Sadi de revenir sur la scène nationale, après avoir été marginalisé par ses amis et sponsors du pouvoir et avoir été presque oublié par le peuple. Une sortie, en avril 2010, qui coïncidait avec la double célébration d’événements tragiques : printemps berbère (1980) et printemps noir (2001). Cela dit, la polémique malsaine générée est toute sauf vaine.

Il était plus judicieux pour Sadi de porter à notre connaissance, avec honnêteté et franchise, son action depuis la création du RCD jusqu’à nos jours en exposant ses véritables objectifs et intentions. Il aurait été mieux pour nous de savoir plus sur sa gestion interne de son parti, et ses prises de postions lors des différents événements politiques depuis 89. C’est ce livre d’Histoire qu’aurait du écrire Sadi en sa qualité d’acteur.

Je regrette que depuis la création du RCD, en 89, Sadi n’a fait que de la diversion. Comme le pouvoir, le DRS en tête, qui n’a jamais géré le pays mais créé des situations de diversions par des mises en scènes conjoncturelles.

L’Histoire retiendra la haute qualité des fondateurs du RCD qui ont tous quitté le parti pour sauvegarder leurs intégrités. Ce de ces défections que Sadi aurait du nous parler. Qu’il nous dise sa véritable relation avec Mokrane Ait Larbi, feu Mustapha Bacha, feu Maatoub et nous parler de ses relation louches avec Amara Benyounes (dont le frère, aujourd’hui sénateur, était un collaborateur de l’armée française et un corrompu des années 70), Ferhat, Khalida Toumi et tous les autres cadres qui l’ont quitté!

Qu’il nous parle de sa gestion dictatoriale de son parti depuis sa création. De son premier assassinat politique commis à l’encontre du Mouvement Culturel Berbère (MCB). Qu’il nous parle de ses attaques récurrentes contre Ait Ahmed, contre le Front des Forces Socialistes (FFS) et ses secrétaires généraux.

Que Sadi nous éclaire sur ses rencontres périodiques avec le chef du DRS, le général Tewfik, de ses fréquentations internationales pour le moins horribles, comme celle d’un sioniste confirmé qui résumait l’attaque guerrière de la bande Gaza en 2008-2009 de plus de 1000 martyrs à un simple dommage collatéral. Qu’il nous parle, en ces temps de mouvements de démarcation et de démocratisation de nos peuples, des ses tentatives de diversion et de divisions. Le retour à la scène politique nationale ne doit pas se faire au détriment de l’Algérie.

Depuis la création du RCD, Sadi a eu à joué des rôles sur mesure concoctés par la clique de généraux décideurs. C’est à lui que revient la charge de déstabiliser le FFS et de manipuler la Kabylie Zenga Zenga. C’est à lui de faire le SAV des coups bas des généraux sur les plateaux de télévisions étrangères, et à lui de dénicher des appuis étrangers fussent-ils sionistes.

Au sein de son partit, Sadi a procédé, certainement sur conseils de ses amis généraux, de la manière qu’avait procédé Boumediene : par calculs, ils ont écarté toutes les compétences et sont devenues du fait inamovibles. C’est pour cela que la plupart de nos gouvernants sont des incompétents avérés est que les cadres actuels du RCD sont des Béni oui oui soumis. Sadi, conscient de son insuffisance psychique, se contente d’être un Zaïm de son parti.

C’est par ces agissements que Nouredine Ait Hamouda, sans aucune vision ni pensée, est devenu un cadre responsable important de la direction du RCD. Lui qui subitement se met à critiquer le gouvernement alors qu’il était, comme il le reconnaît lui-même, un ami proche du général Belkheir depuis 1984 et des décideurs comme il l’a affirmait à la sœur du feu Maatoub. Aujourd’hui, son seul but est de solder le Capital de son feu père Amirouche. Il n’y arrivera pas.

à suivre…

Samia El Mazouzi
25 avril 2011

Un commentaire

  1. Kamel SEDDIKI on

    Histoire dans le noir…
    Salam

    Pourquoi le colonel Amirouche fait-il à chaque fois de l’ombre au martyr Ahmed Ben Abderrazak, dit «le colonel Si El Haouès » pourtant tombé à ses côtés au djebel Thameur, près de bou Saâda alors qu’il a le même grade que lui ? Oh, je ne parlerai pas de ces des « djounouds » anonymes tombés eux aussi au champ d’honneur, à leurs côtés !

    « Si El Haouès », originaire de M’chounèche (Batna) n’aurait-il pas trouvé des laudateurs zélés pour faire son éloge funèbre ?

    Il est vraiment cruel de voir que certaines personnes mal-intentionnées n’hésitent nullement à verser dans la surenchère même quand il s’agit d’accorder un juste mérite, à tous ceux qui sont morts pour que vive l’Algérie ! Un fond de commerce juteux…
    Aujourd’hui, on fait feu de tout bois ! Un fils de moudjahid, n’est pas une référence en soi ! Cerise sur le gâteau en Algérie, il y a les anciens moudjahidine et…les enfants des anciens moudjahidine ! Un legs honteux et infamant !

    On n’est pas sorti de l’auberge, ma bonne amie !

    Amicalement. Kamel

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