L’Occident s’efforce à faire croire que le soulèvement des Tunisiens est sur le point de s’achever alors que des signes évidents montrent bien qu’il se prolonge pour éliminer le régime despotique de Ben Ali dans ces moindres aspects y compris dans ces symboles pour l’instauration d’un autre plus juste et réellement démocratique.

« Révolution » nous semble inappropriée car ne visant pas de changer le système républicain. Il s’agit bien entendu de la part de l’Occident d’une diversion visant à faire stopper un processus qui lui échappe et qu’il craint tendre à contrarier leurs objectifs et leurs intérêts. C’est bien ces remises en cause qu’il redoute le plus et non le sort de Ben Ali. Rien de plus simple pour les Américains, en particulier, pour récupérer la situation que de s’engager avec la volonté populaire en s’employant à la suivre tout en guidant sournoisement le processus avec ses « think tank » pour détourner les choses à leur convenance. Ben Ali étant déchu, ils font tout pour l’acculer en concentrant l’attention sur lui et en focalisant sur ce qui se rapporte aux questions sociales, les libertés, la corruption, sa fortune personnelle et ce, pour éviter tout débat sur l’essentiel à savoir l’avenir politique du pays et surtout pour dissimuler l’origine du régime Ben Ali.

Dans un long article publié sur son site « voltairenet », Thierry Meyssan, analyste politique français, dévoile l’ingérence américaine qui tente de dévier la révolte des Tunisiens afin de cacher des faits et de préserver des intérêts. On apprend que l’installation de Ben Ali président vient d’une volonté des Etats-Unis et sa perpétuation dans ce poste est le fait des soutiens qu’il ne cesse d’avoir de la part en particulier de la France, des Etats Unis, de l’Italie et d’Israël. La dernière visite de Jeffrey Feltman entre dans le cadre de cette tentative de diversion et de récupération. L’expression « Révolution des Jasmins » censée calmer les Tunisiens est sortie des stratèges américains de communication de l’« Albert Einstein Institution de Gene Sharp » et qu’il s’agit de la même expression qu’avait utilisé la CIA pour installer Ben Ali au pouvoir en 1987.

On découvre que Ben Ali est formé à la « Senior Intelligence School de Fort Holabird », organisme qui dépend de la CIA et que dès sa prise du pouvoir, il met en place une Commission militaire conjointe avec le Pentagone tout en laissant l’armée faible et sans rôle significatif. En revanche, il crée des forces spéciales qui s’entraînent avec les militaires US. Il ouvre à l’OTAN les ports et intègre la Tunisie dans le « Dialogue méditerranéen » de l’Alliance. Constatant que Ben Ali ne maitrise plus la situation, Washington décide de le lâcher en lui ordonnant – par l’intermédiaire du William Ward de l’Africom qui contacte un général de l’armée tunisienne – de se retirer, avant que les Tunisiens ne contestent et ne s’attaquent en profondeur au régime pour découvrir et remettre en cause ce qu’ils ne souhaitent pas. C’est Jeffrey Feltman, membre du Conseil de Sécurité Nationale, qui s’en charge en particulier pour organiser sa succession en s’aidant des médias. On envoie des « experts » chargés de canaliser l’insurrection en tentant de jouer sur les émotions collectives en imposant des slogans à leur convenance, en « hackant » même les sites officiels tunisiens pour déposer les messages de diversions et de subversions. Le « gouvernement de transition » de Mohammed Ghannouchi, n’a pas échappé à cette volonté de reconduire le même système au regard de la composition du gouvernement. L’ingérence américaine consistait à placer des cadres issus ou « agréés » par la NED (National Endowment for Democracy), cet organisme que finance le département d’Etat des Etats-Unis qui formerait des « cadres » à l’exercice de la démocratie mais que beaucoup accusent de servir la CIA dans ses actions de déstabilisation dans le monde.

Mais les Tunisiens constatant, dans la réalité, que le « benalisme » persiste, au regard du choix des membres du gouvernement, ils prennent en charge la situation en passant à la vitesse supérieure en chassant eux-mêmes tous ceux qu’ils jugent collaborateurs, proches ou symbolisant le régime népotique déchu. Ce n’est pas encore terminé, mais ce qui est sûr c’est que les Tunisiens sont dans une nouvelle ère ; on ne les bernera plus jamais !

Amar Djerrad
3 février 2011

Comments are closed.

Exit mobile version