Hariri contesté c’est Mikati qui est élu

Après la chute du gouvernement Hariri, conséquence aux  injonctions américaines qui ont fait échec à l’initiative syro-saoudienne – solution à la crise libanaise que pose le TSL – le leader druze W. Joumblatt bouleverse les alliances en se rangeant du côté de l’opposition en déclarant se «tenir aux côtés de la Syrie et de la Résistance… et contre cette tendance à la confessionnalité». Avec  ses 12 députés, il est le seul à faire la différence. Cette prise de position est déterminante dans l’élection du prochain 1er  ministre; poste pour lequel S. Hariri s’est porté à nouveau candidat. L’opposition l’accuse de travailler contre les intérêts du Liban en refusant de désavouer un TSL contre la résistance, en rechignant à traduire les faux témoins en justice et d’avoir négligé l’économie du pays. Elle lui préfère soit Omar Karamé, 2 fois 1er Ministre, défenseur de la résistance, soit Najib Mikati un ex-1er ministre, député de Tripoli et homme d’affaires. Mikati a déclaré « Je ne vois pas ma candidature comme un défi à qui que ce soit… compte tenu de mon expérience en tant que 1er ministre et de ma position centriste qui rassemble et ne sépare pas». Mais le choix a penché du côté de Mikati en raison de l’âge avancé de Karamé  qui a déclaré n’accepter ce poste qu’en dernier recours.

Après un 1er ajournement des consultations parlementaires, c’est W. Joumblatt qui a annoncé la nomination de Mekati  au poste de 1er ministre après avoir annoncé la dissolution de son bloc parlementaire «La rencontre parlementaire» et la création d’un nouveau, comprenant 07 élus, dénommé «Le front de lutte nationale» comme celui de son défunt père.

Le 1er décompte donne Mekati en tête avec 59 contre 50 pour Hariri. En comptant les 20 voix restante au final, Mekati obtiendrait au moins 67 voix et Hariri au maximum 63. Suite à cela, Hariri annonce que son bloc ne participera pas au nouveau gouvernement en accusant même le Hezbollah d’avoir fomenté un «coup d’Etat» en se permettant même d’inciter ses partisans à des manifestations qui se sont avérées violentes.

Rappelons, que dès l’annonce de la dissolution du gouvernement, le TSL s’est pressé pour annoncer la publication imminente de l’acte d’accusation. Au même moment, des chancelleries Occidentales, et surtout H. Clinton, n’ont cessé de contacter des personnalités libanaises et arabes pour faire reconduire Hariri. Cette coordination a accentué les soupçons quant au jeu trouble du camp de Hariri sur le TSL. Selon les fuites, ce TSL – qui a déjà échoué dans sa 1ère enquête en usant de faux témoins – compte mettre en cause cette fois «des éléments indisciplinés du Hezbollah» où l’on aurait inclus des membres de la famille Imed Mougnieh le résistant assassiné par le Mossad, encore des personnalités syriennes voire…iraniennes! L’opposition va jusqu’à accuser le camp  Hariri d’avoir «fabriqué» ces faux témoins car refusant de voter leur renvoi devant la justice. Hariri accuse l’opposition de chercher à l’«assassiner politiquement». Il déclare avoir été prêt « à aller très loin dans le compromis, mais… toute solution a été bloquée… ils ne voulaient qu’une chose que je ne revienne pas à la tête du gouvernement… Nous accepterons tout résultat …de ce processus démocratique…Je reste engagé à me porter candidat…». Quelques jours avant, il a annoncé qu’il «choisira la dignité de sa famille et de ses compatriotes à la place du pouvoir…» et ce, en réponse aussi à ses détracteurs qui lui reprochent de se servir de la mort de son père comme «fonds de commerce».

Dans ces jeux, As-Safir publie les demandes que Hariri a présenté à la délégation turco-qatarie et que le journal considère «manipulation américaine pour saboter l’initiative syro-saoudienne…» ! On y lit en particulier : Retrait du dossier des faux témoins et des mandats judiciaires syriens. Gage des quatre officiers [accusés injustement] de ne pas poursuivre l’affaire au Liban ou à l’extérieur. Ne pas s’attaquer à son équipe (Said Mirza, Wissam Hassan, Achraf Rifi). Retrait des armes palestiniennes hors des camps de réfugiés. Changer la Division  de l’information en Direction générale. Modifier le système de vote à la direction de la Sécurité intérieure (en moitié + un au lieu des 2/3). Envoyer les  69 projets de loi approuvés par le gouvernement de Siniora à l’Assemblée nationale sans passer par le gouvernement de Hariri. Confirmer l’Accord de Taëf. Traiter les «triangles de sécurité ».

En échange, S. Hariri s’engage à annuler le protocole de coopération avec le TSL, arrêter son financement  et retirer les juges libanais du TSL.

En tout état de cause, l’Occident affirme respecter, les institutions libanaises et le choix de la majorité. Restera-t-il sur cette position ou suivra-t-il le gouvernement israélien qui vient de lancer une nouvelle propagande – anticipant la non-réélection de Hariri  – quant à une crainte d’un «gouvernement Iranien» au Liban?

Amar Djerrad
31 janvier 2011

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