Du nationalisme à l’assimilationnisme

L’étude politique de l’histoire de l’immigration met en évidence les différentes postures qui furent adoptées par les populations immigrées en lutte pour leur émancipation. Un discours anti-assimilationniste axé sur la défense de la personnalité culturelle niée par le colonialisme fut une constante dans le combat des peuples colonisés par la France pour l’indépendance. Le cas algérien est des plus significatifs, les premiers militants de l’Etoile Nord Africaine, puis du PPA et des Oulémas, en passant par la Fédération de France du FLN, revalorisèrent un capital historique (1) reposant sur l’Islam et l’arabité, valeurs qui constituèrent le socle du nationalisme algérien.

La rupture avec cette posture axée sur l’affirmation des valeurs organiques devait intervenir dans les années 80, avec la marche pour l’égalité qui posa les jalons d’un discours assimilationniste qui ne cessa de prendre de l’ampleur, et dont la principale caractéristique fut d’évacuer au profit d’une égalité citoyenne improbable, la personnalité culturelle des populations issues de l’immigration maghrébine. Ce discours assimilationniste postulait de l’inexistence d’un passif historique battant à l’unisson avec les valeurs du Maghreb Islamique, les seules références possibles et autorisées à la sphère civilisationnelle originelle et aux mouvements nationalistes n’accordaient le primat qu’à une lecture matérialiste et désincarné du combat pour l’indépendance. Ainsi, comme l’écrit le sociologue Ahmed Boubekeur, cette génération fut contrainte « de sacrifier jusqu’à la mémoire récente de leur lutte » (2).

Le discours assimilationniste et cette soif de reconnaissance dans la francité devint le fond idéologique sur lequel se fit l’essentiel des revendications politiques émanant des Français musulmans issus de l’immigration maghrébine dans les années 90 et 2000, capitalisant ainsi l’héritage politique de la génération beur de la décennie précédente, dont ils étaient désormais les héritiers. La montée en puissance des associations musulmanes, conjuguée à cette quête d’islamité consacrèrent de nouveaux acteurs sur la scène politique « beur » qui insufflèrent une nouvelle dynamique à la rhétorique assimilationniste, tout en répondant aux angoisses métaphysiques de cette génération qui fut confrontée à la réactualisation constante d’une logique coloniale et à une injonction toujours plus forte au national-républicanisme de l’Etat français.

C’est durant cette période capitale dans l’histoire des Français musulmans, que fut adoptée la loi d’exception du 15 mars 2004 sur le hijab. La société française succomba à un délire collectif islamophobe, toujours latent, dont la violence se cristallisa sur le voile des Françaises musulmanes, objet de toute sorte de fantasmes. Le principal et éternel fantasme contribua à raviver les blessures algériennes, celles de la révolution et de la terrible guerre civile des années 90, sous-entendant que les Français musulmans étaient les héritiers de la culture politico-religieuse algérienne qui s’était opposée au colonialisme français. La déculturation et la dépersonnalisation de l’immigration maghrébine en général, et algérienne en particulier, invalident cette hypothèse pittoresque. Il apparait même farfelu et peu sérieux de supposer qu’existe une filiation idéologique entre les cadres de l’Association des Oulémas ou du PPA, les protagonistes de la « sahwa islamiya » des années 80 et les Français musulmans dont les références sont limitées à quelques prédicateurs, conférenciers et intellectuels.

La communauté française musulmane convaincue des vertus de l’assimilation fit dans le mimétisme rhétorique et adopta le discours républicain de ses détracteurs. Il fallait, avant tout dans l’optique de ses cadres, rassurer une population française craintive apeurée par la visibilité des musulmans dans l’espace public et constamment se justifier de son appartenance à l’Islam. De ce fait, il fut rappelé que l’Islam ne s’opposait pas à la laïcité, qu’il était possible d’être des citoyens français de confession musulmane. Cela s’accompagna d’une profusion de publications des cadres et acteurs du paysage islamique français où ces derniers mettaient en exergue leur identité française ou européenne, qu’ils assumaient et revendiquaient fièrement. De Farid Abdelkrim à la production incontournable des théoriciens Tariq Ramadan et Tareq Oubrou, dont l’impact au sein de la communauté française musulmane est important, tous mirent en exergue que l’identité française était consubstantielle à l’être « beur » dépersonnalisé.

C’est d’ailleurs l’un de ces ouvrages, produit durant la période charnière qui nous importe, répondant au titre « L’une voilée, l’autre pas » (3) coécrit par Dounia Bouzar et Saïda Kada, qui attira notre attention, car emblématique de la pensée largement dominante au sein de la communauté musulmane française. Car, ce livre riche en éléments, permettait de mieux appréhender la weltanschauung des Français musulmans, de comprendre le mécanisme et la structuration du rapport que ces derniers nourrissaient à l’égard de l’Islam, de la culture religieuse du pays de leur parents, leur rapport au monde arabe et ses valeurs. La lecture de ce livre fut capitale pour comprendre l’adhésion à une lecture désincarnée de l’Islam, sa reconnaissance pleine et entière dans une identité à l’origine formulée par le colonialisme français en Algérie, ces notions de « français musulmans » ou de « citoyen français de confession musulmane ». Il fut essentiel pour appréhender la formidable régression qu’incarne sur le plan idéologique et politique la communauté musulmane française qui désormais intégrait les valeurs combattues par leurs pères.

Le « qui suis-je ? » des Français musulmans

Dès les premières pages de l’ouvrage, le ton est donné ; nous assistons à une véritable profession de foi assimilationniste. La structure de l’ouvrage, les témoignages et les échanges n’ont fait que substantialiser la thèse défendue par les auteurs à savoir que la jeunesse issue de l’immigration maghrébine est devenue pleinement française grâce à l’Islam qui a facilité cette étape particulière (4). Nous sommes bien loin désormais, avec les Français musulmans, de cet Islam de résistance, levain de la renaissance civilisationnelle, garante de l’authenticité culturelle, inhérente à la pensée réformiste. Adeptes d’une démarche contraire, les deux auteurs, axèrent leur argumentaire autour d’un seul concept, celui de l’identité française, reposant sur deux soubassements pratiques : celui du rejet du passif familial ou historique et celui de la rupture avec la sphère civilisationnelle originelle. Ce postulat va contribuer à nourrir une réflexion et une vision néocolonialiste, en dépit de leurs prétentions à vouloir mettre en exergue et dénoncer une gestion coloniale de l’Islam qui n’est que de pure forme.

D’emblée, la question identitaire semble pleinement résolue par les Français musulmans qui ont su faire le deuil du multiculturalisme ou du respect des particularités puisque la référence à l’identité française est constante. Dès l’introduction, il est précisé que « le foulard est un phénomène français. Les jeunes filles qui le portent sont françaises, elles revendiquent et mettent en avant leur francité » (5). L’auteur Saïd Kada affirme même que « l’idée de double culture est bien loin de nous. Nous nous sentons et nous nous revendiquons pleinement françaises » (6). Ainsi, il apparait que la génération de citoyens français de confession musulmane soit enfin parvenue à surmonter les difficultés qui acculèrent le « mouvement beur » à l’échec et ce en dépit du perpétuel référent assimilationniste. Ce succès passa nécessairement par ce désir charnel, maintes fois proclamé, d’être enfin reconnu en tant que citoyen français. Saïda Kada va même jusqu’à se revendiquer des acquis de la Révolution française (7). Il n’est plus question dans l’optique des Français musulmans d’une quelconque référence au Maghreb et à son histoire purement ignorée.

Dounia Bouzar écrit même que cette génération de Français musulmans est beaucoup plus revendicative en raison de sa remise en cause de l’action de la génération précédente et de celle des parents accusées d’avoir « accepté de mettre de côté leur référence religieuse pour prouver leur bonne volonté » (8), car cette génération ose refuser l’assimilation et revendiquer pleinement l’identité de « Français musulmans » ou de « musulmans français » (9). Dounia Bouzar qui est l’auteur d’un contre-sens manifeste, ignore surement que l’assimilation et la revendication du statut de « Français musulmans » ne sont nullement contradictoires, bien au contraire ces notions sont interactives. Il y a non pas rupture, mais bel et bien continuité dans la reproduction d’une logique assimilationniste, qui va être radicalisée et poussée à son paroxysme par la génération à laquelle appartient Saïda Kada, qui revendique une terminologie naguère en vigueur dans l’Algérie coloniale. Par ailleurs, Dounia Bouzar, tout comme Saïda Kada, qui pourtant se revendiquent des combats anticolonialistes, semblent toutes deux ignorer que cette génération des parents qu’elles perçoivent avec condescendance et misérabilisme, n’est nullement vierge de toute expérience militante et n’a nullement expurgé la référence religieuse de leur combat. Certes elle ne fit pas sien le slogan « révolutionnaire » de « citoyen française de confession musulmane », mais elle a à son actif par exemple la marche du 17 octobre 1961.

Cette surenchère patriotique s’accompagna, bien évidemment, d’un propos sur l’école républicaine, qui selon elles, en obligeant les filles à retirer leur voile, trahit sa vocation première qu’est l’instruction, privant ainsi ces jeunes filles d’un formidable outil. Car l’école comme le précise Saïda Kada est un lieu qui permet « échange et confrontation d’idées, argumentation, remise en cause, esprit critique… » (10). L’école républicaine, égalitaire, outil d’émancipation, évoquée par les auteurs n’est dans le réel que pure utopie. L’école n’est jusqu’à aujourd’hui qu’un appareil idéologie d’Etat, courroie de transmission de l’idéologie dominante dont la finalité est la même que celle définie à l’époque coloniale en Algérie sous l’emblème d’une idéologie laïco-assimilationniste : aliénation et dépersonnalisation de la minorité arabo-musulmane. L’école française en Algérie comme le précise Ahmed Taleb Ibrahimi inculqua à l’Algérien « de nouvelles habitudes de penser, de sentir et d’agir » (11), elle fut un instrument de viol des consciences, préposée à la destruction de l’originalité du peuple algérien. Mais la domination, l’aliénation et la dépersonnalisation de l’immigration arabo-musulmane importent peu pour nos auteurs ; Saïda Kada explique que l’un des objectifs des Français musulmans par le biais de l’école est « la construction de la République par l’intermédiaire d’un espace commun dans lequel on se retrouve autour d’idées fondamentales » (12).

De ce fait, dans la rhétorique de nos auteurs, il n’est nullement fait référence à l’aliénation du descendant de migrants nord africains, pour reprendre le terme cher à la sociologue Nacéra Guénif. Cette aliénation n’existe pas ; pis elle est même ardemment souhaitée par nos auteurs. En effet, le chemin vers l’identité française passe nécessairement par le rejet de la culture maghrébine incarnée par la « génération des parents ». Les auteurs ne sont pas avares en qualificatifs méprisants pour évoquer cette culture religieuse du Maghreb, réactivant par la même de vieux poncifs coloniaux. La génération des parents se voit même exclue du champ de la religiosité islamique, car pour Dounia Bouzar, la culture religieuse des parents « n’est pas l’Islam mais les traditions » (13). Ce prétendu rapport d’extériorité des parents par rapport à l’Islam a conduit les Françaises musulmanes à mener contre la « tradition arabe », entité floue et non définie, un combat revendiquant selon Saïda Kada « la modernité à partir de l’Islam » (14). Elle précise plus loin que c’est la réflexion de Tariq Ramadan qui « nous a aidés à distinguer ce qui relève de la culture de ce qui relève de la religion » (15). Toutefois, cette notion de « tradition » demeure vague ; Saïda Kada ne définit pas ce qui oppose culture et religion, elle se borne à expliquer que « la réflexion musulmane qui s’est élaborée avec ces conférenciers nous a conduits à plus de respect envers nos parents […] Appréhender le comportement de nos parents nous a permis de mieux les aimer. Et, de toutes façons, nous avons gardé quantité de valeurs fondamentales de notre patrimoine culturel familial » (16). Ainsi, selon nos auteurs, l’Islam serait apparu ex nihilo, sous l’impulsion de conférenciers au sein d’une communauté maghrébine désislamisée et traditionnaliste.

Ce rejet de la culture maghrébine et de toute filiation avec cette dernière induit une rupture avec la sphère civilisationnelle originelle, facilitée par la conjonction entre le discours assimilationniste néo-colonial de l’Etat français et « l’utopie piétiste » (17) teintée d’anti-arabisme proposée par l’une des principales références idéologiques des Français musulmans à savoir Tariq Ramadan. Cette adhésion à une lecture désincarnée de l’Islam, qui se dit héritière du réformisme, s’accorde harmonieusement avec l’idéologie orientaliste infériorisant l’Arabe et sa civilisation, et l’idéologie laïco-assimilationniste qui de tout temps interdisait toute référence aux valeurs civilisationnelles du monde arabe. La démarche des Français musulmans inspirée par la production de Tariq Ramadan a confirmé et validé la théorie de Malek Bennabi selon laquelle « c’est l’idée morte qui attire l’idée mortelle dans la société musulmane » (18). Cette synthèse idéologique va permettre à une autre « idée mortelle » prônée par le colonialisme de réapparaître : l’Occidentalisation de l’Islam.

Occidentaliser l’Islam

A maintes reprises, Saïda Kada fait référence à une lecture « réformiste » de l’Islam, qui consisterait à « réinterpréter nos sources à la lumière du contexte occidental du XXIe siècle » (19). Cette notion de « réinterprétation » est une constante dans le discours des Français musulmans ; néanmoins si nous nous focalisons sur les fruits de cette relecture « révolutionnaire », il est aisé de voir que cela correspond plutôt, dans les faits, à un tourisme scripturaire. Cette relecture qui se dit inédite, car produite pour la première fois par des musulmans vivant en Occident, a permis de répondre à une angoisse majeure agitant la conscience des Français musulmans. Saïda Kada écrit qu’il s’agissait même de régler « une sorte de conflit intérieur » (20). En effet, l’œuvre majeure des Français musulmans fut d’étudier les textes de la Constitution française, de les confronter au corpus coranique afin d’établir le constat que rien n’empêchait un musulman d’habiter un pays laïque. Saïda Kada précise que cet effort d’interprétation a donné lieu à « une remise en cause de la scission du monde en “Terre d’Islam” et “Terre de guerre” » (21). Le territoire français étant dans cette optique la « Terre du témoignage ». La paternité de cette terminologie revenant à Tariq Ramadan, Saïda Kada écrit à son propos « qu’il est effectivement venu rassurer toute une génération de jeunes qui avaient envie de vivre pleinement leur Islam dans leur pays sans savoir s’y prendre » (22).

La démarche inédite des Français musulmans se fit au diapason d’un discours prônant la dépersonnalisation. La production de divers concepts tels celui de « citoyens français de confession musulmane » ou de « Musulmans européens », prônés par les principaux protagonistes du paysage islamique français, ne pouvait qu’accentuer la césure définitive avec la sphère civilisationnelle originelle. Saïda Kada ajoutant même que sa génération a commencé à penser « l’Islam en français » (23) en se dégageant des représentations étrangères. Dounia Bouzar poursuit en affirmant que se reconnaître Français musulman permet de « désethniciser l’Islam » (24). Nos deux auteurs se font les adeptes d’un vieux rêve du colonialisme français, celui d’une rupture définitive des Maghrébins avec le monde arabe par le biais de la déculturation et l’assimilation. Ahmed Taleb Ibrahimi évoque d’ailleurs cette recette si particulière au colonialisme français, tant souhaitée par les auteurs, pour l’immigration maghrébine, dont la vocation est la destruction de la personnalité des peuples dominés : « Le colonialisme français a combattu la culture algérienne par de multiples moyens dès le début de l’occupation, parce qu’il savait qu’il ne pouvait asseoir ses fondements tant qu’elle restait vivante. Obéissant à la logique, il s’applique donc à la faire disparaître pour lui substituer sa propre culture. Quand celle-ci était dispensée aux Algériens, elle n’avait pas de caractère désintéressé. Il s’en faut. Le but précis qu’elle se proposait alors, consistait à former des fonctionnaires et des agents fidèles susceptibles de l’aider dans son œuvre de destruction des traditions et sa politique d’assimilation. » (25).

Par contre, dans ce Maghreb « traditionnaliste », la réflexion des penseurs religieux réformistes ne fut nullement circonscrite à une simple confrontation entre la Constitution française et le texte coranique ; elle fut pour le Maghreb islamique une véritable entreprise de renaissance civilisationnelle. L’Islam, dans le cas maghrébin tant dénigré, fut le socle du nationalisme libérateur. Mais au regard de la rupture irrémédiable entre le Maghreb et son émigration dépersonnalisée en France, il n’est pas étonnant que les noms et la production des Chouyoukhs réformistes maghrébins tels Ibn Badis, Mohamed Tahar Benachour, Allal El Fassi, Brahim Kettani… soient méconnus. Il n’en est pas de même pour Hassan El Banna auquel se réfèrent explicitement Saïda Kada et une grande majorité de Français musulmans. Néanmoins, c’est un Hassan El Banna quelque peu mythifié qui fut servi à la jeunesse française de confession musulmane. L’histoire du guide des « Frères musulmans », son passif de militant nationaliste égyptien chantre de l’arabisme en lutte contre la domination occidentale de l’Egypte et du monde arabe, furent éludés au profit d’un Hassan El Banna ascète, sombrant dans la métaphysique. Son seul propos relatif à l’arabité met en exergue non seulement la déviation doctrinale mais aussi le profond décalage entre sa pensée et la pratique qui en est faite actuellement par ceux qui s’en réclament : « L’arabisme ou l’union arabe occupe également dans notre discours une place importante et connait une grande part de bonne fortune. Les Arabes sont en effet le peuple de l’islam originel, son peuple élu et, conformément à ce qu’a dit le Prophète – paix et bénédiction sur lui : “Quand les Arabes sont humiliés, l’Islam l’est aussi”. L’Islam ne connaîtra pas de réveil sans l’unanimité et sans la renaissance des peuples arabes. […] Nous sommes convaincus qu’en œuvrant pour l’arabité, nous œuvrons pour l’Islam et pour le bien du monde entier. » (26).

Le travail de sape de l’héritage d’El Banna, opéré par ses successeurs et ses héritiers dont le dernier avatar est « l’Islam européen », met en exergue « l’enlisement boulitique » évoqué par un Malek Bennabi faisant l’amer constat de la trahison de l’idéal d’El Banna (27). Ainsi dévitalisé, son nom sert de caution aux tenants d’un Islam désincarné, vassalisé à l’impérialisme, dont les fruits sont aujourd’hui cueillis, entre autres, au sein de la jeunesse française de confession musulmane, qui comme l’écrirait Bennabi : « n’est pas allée aux sources d’une civilisation mais à son alambic ou à sa poubelle. C’est-à-dire là où elle n’a plus sa vie, sa chaleur, sa réalité incarnée par le laboureur, l’artisan, l’artiste, par le savant, par ces multitudes d’hommes et de femmes qui font chaque jour, dans ses villes et ses campagnes, son “grand œuvre” quotidien » (28). Cette jeunesse française de confession musulmane, dépossédée de sa personnalité culturelle originelle, aliénée à l’idéologie dominante, a, par le biais de « l’Islam européen », redonné vie à une idéologie politique assimilationniste donnée pour morte il y a plus de 74 ans, et qui fut portée en son temps dans l’Algérie coloniale par Mohamed Salah Bendjelloul (29).

Le renouveau du Bendjeloulisme

Saïda Kada évoque conjointement avec Dounia Bouzar, l’engagement social et politique des Français musulmans qui n’est que la répercussion sur le plan pratique d’un discours mettant fortement l’accent sur l’identité française et la citoyenneté qui en découle. Saïda Kada fait même référence à la tradition politique française qui est de douter de la francité de ses citoyens musulmans, et de ne point surseoir justement à la demande sincère de ces derniers qui se reconnaissent volontiers dans les valeurs de leur pays. Elle s’appuie notamment sur les propos du ministre de la Guerre, en place en 1846, qui affirme que « la naturalisation des Musulmans est impossible, parce qu’elle ne saurait avoir lieu sans renverser leur lois civiles qui sont en même temps lois religieuses […] Le Coran est le code religieux des Musulmans ; il est aussi leur Code civil et politique […] Il y a donc dans l’islamisme une telle connexité entre la loi civile et la loi religieuse, qu’on ne peut toucher à l’une sans toucher à l’autre » (30).

Saïda Kada, qui pourtant est française d’origine algérienne, ignore surement que les militaires français qui étaient sous la tutelle de ce ministre se livraient à une conquête génocidaire de l’Algérie, notamment sous l’égide du Maréchal Bugeaud, nommé Gouverneur Général de l’Algérie, avec pour mot d’ordre « la destruction de la nationalité arabe et de la puissance d’Abdel Kader » (31) pour enfin parvenir à la domination absolue du pays, indispensable à la soumission du peuple (32). Durant cette première phase d’implantation meurtrière du colonialisme français en Algérie, il n’était nullement question de citoyenneté pour les Musulmans algériens, mais plutôt d’enfumades conformément aux ordres donnés par Bugeaud à Pélissier le 11 juin 1845 : « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbeha. Fumez-les à outrance comme des renards » (33). La chasse à l’homme (34), qui fut d’ailleurs le titre d’un ouvrage de l’un des artisans de la conquête, ne demeura pas un vain mot mais fut érigée en doctrine et résuma parfaitement l’état d’esprit de ces hommes ordinaires, qui au siècle du romantisme initièrent et s’engagèrent dans le crime de masse au nom de la supériorité de la race blanche et de sa civilisation triomphante. Devant la pugnacité de l’Algérien, l’anéantissement et la déportation ont longtemps peuplé les rêves du colonisateur et le Colonel de Montagnac le déclara ouvertement dans sa correspondance : « Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes, tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises (Polynésie) ou ailleurs ; en un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens » (35). Le Maréchal de Saint Arnaud évoquant la guerre menée en Algérie affirmait : « Voila la guerre d’Afrique ; on se fanatise à son tour et cela dégénère en une guerre d’extermination. » (36).

Tel était le contexte des propos du ministre de la Guerre cité par Saïda Kada, auquel elle reprocha seulement un certain manque d’audace l’ayant empêché de naturaliser les Algériens. Les doléances politiques que formulent Saïda Kada et sa génération, sont liées à cette volonté d’être enfin reconnus en tant que Français musulmans ou de confession musulmane, d’être enfin considérés dans la gestion cultuelle comme des interlocuteurs de choix par l’Etat français qui préfère encore, comme il est spécifié dans l’ouvrage, une gestion consulaire. Ces revendications vont de pair avec une meilleure prise en compte des questions mémorielles liées à la colonisation, même si très peu la connaissent, et à la culture des populations issues de l’immigration. Comme l’écrit Saïda Kada, « nous sommes cinq millions de Français de confession musulmane à attendre aux portes de l’histoire » (37).

Ainsi, comme nous pouvons le constater, le maître mot de l’action des Français de confession musulmane est celui de reconnaissance. Même si dans les faits, ils sont assimilés à la culture dominante, dépersonnalisés, étrangers à leur culture originelle, leur statut de musulman constitue l’éternel obstacle à une citoyenneté pleine et entière et ce en dépit du rejet ou de l’ignorance de leur passif historique. Cet ardent désir assimilationniste n’est pas sans rappeler celui professé à l’époque coloniale par la Fédération des Elus en Algérie dans les années 30 qui avaient à sa tête Mohamed Salah Bendejelloul. Les Musulmans issus de l’immigration maghrébine ont recours au même discours, aux mêmes mots, que ceux naguère utilisés par les cadres de la Fédération des Elus, ils se nomment Français musulmans, ou citoyens français de confession musulmane, ils font leurs cette idée morte ressuscitée et la couplent avec une idée mortelle. Ils sont les adeptes de ce que Malek Bennabi nommait « le coefficient autoréducteur » (38), qui consiste à se reconnaître dans le vocable forgé par le colonialisme. Les Français musulmans sont devenus ces « faux délivrés » (39) évoqués par Ahmed Taleb Ibrahimi et qui étaient ces Algériens ayant fait le deuil de leur personnalité à l’époque coloniale. Ce dernier écrivait : « Ils ont l’illusion de se libérer alors qu’ils s’embourbent dans la véritable servitude. […] Ils établissent un écran entre leur esprit et les réalités du pays où ils résident et du peuple qui leur a donné le jour. En un mot, ils ont perdu le sens le plus précieux, celui des valeurs vraies. » (40). Taleb Ibrahimi concluait sur l’amer constat d’un statut immuable « d’orphelins entre deux mondes » (41) à l’instar des Français musulmans aujourd’hui. Toutefois, l’Algérie colonisée avait trouvé, comme l’écrivit Malek Bennabi, un Cheikh Ibn Badis pour mettre fin au processus de sédimentation culturelle induit par le colonialisme, et qui se fit par la suite l’ardent défenseur de la personnalité algérienne bafouée par le colonialisme français (42). Qui en France sera l’artisan d’une œuvre similaire permettant d’enrayer un processus de dépersonnalisation pratiquement abouti chez les enfants issus de l’immigration maghrébine ?

Nadjib Achour
24 septembre 2010

Notes et références :

1) Ce terme est utilisé par Malek Bennabi dans « Mémoires d’un témoin du siècle ».
2) Boubekeur Ahmed et Hajjat Abdellali, Histoire politique des immigrations (post) coloniales. France 1920-2008, Editions Amsterdam, Paris, 2008, p 182.
3) Bouzar Dounia Kada Saïda, L’une voilée, l’autre pas. Le témoignage de deux musulmanes françaises. Albin Michel, Paris, 2003.
4) Dounia Bouzar s’adressant à Saïda Kada affirme à la page 156 : « Votre évolution est assez atypique car, en fait vous êtes passés par l’Islam pour vous franciser et pour devenir citoyens français à part entière ».
5) Bouzar Dounia Kada Saïda, L’une voilée, l’autre pas. Le témoignage de deux musulmanes françaises. op. cit., p 15.
6) Ibid., p 93.
7) Ibid., p 69.
8) Ibid., p 28.
9) Ibid.
10) Ibid., p 81.
11) Ibid.
12) Ibid., p 84.
13) Ibid., p 94.
14) Ibid., p 97.
15) Ibid., p 98.
16) Ibid.
17) Le terme est de Sadek Sellam voir à ce son propos son ouvrage « La France et ses musulmans. Un siècle de politique muslmane 1895-2005, Fayard, 2006 ».
18) Bennabi Malek, Le problème des idées dans le monde musulman, El Bay’yinate, Alger, 1990, p 125.
19) Bouzar Dounia Kada Saïda, L’une voilée, l’autre pas. Le témoignage de deux musulmanes françaises. op. cit., p 40.
20) Ibid., p 132.
21) Ibid., p 132.
22) Ibid., p 133.
23) Bouzar Dounia Kada Saïda, L’une voilée, l’autre pas. Le témoignage de deux musulmanes françaises. op. cit., p 133.
24) Ibid., p 92.
25) Taleb Ibrahimi Ahmed, De la décolonisation à la révolution culturelle (1962-1972), Alger, SNED, 1973, p 56.
26) Afif Naïma, Hassan El Banna. Textes originaux. Tawhid, 2010, p 223.
27) Bennabi Malek, Vocation de l’Islam, Ed. Al-Bouraq, Beyrouth, 2006, page 59.
28) Bennabi Malek, Le problème des idées dans le monde musulman, op. cit., p 128.
29) Mohamed Salah Bendjelloul (1893-1985). Issu d’une prestigieuse famille de Constantine liée au Ben Badis. Médecin de formation, il fut l’une des figures de proue de la Fédération des Elus et du Congrès Musulman qui revendiquait ardemment l’assimilation et la citoyenneté française à l’époque du projet Blum-Violette en 1936.
30) Bouzar Dounia, Kada Saïda, L’une voilée, l’autre pas. Le témoignage de deux musulmanes françaises. op. cit., p 116.
31) Le Cour Grandmaison Olivier, Coloniser exterminer, Sur la guerre et l’Etat colonial, Alger, Casbah Editions, 2005, p 137.
32) Ibid.
33) Nouschi, Prenant, Lacoste, Algérie, passé et présent, Ed. Sociales, 1960, p305.
34) Comte d’Hérisson, La Chasse à l’homme, Ed. Paul Ollendorf, 1866.
35) Montagnac (colonel de), Lettres d’un soldat, paris, 1885.
36) Saint Arnaud, « Lettre du 28 mars 1843 », in Lettres du Maréchal Saint-Arnaud, op. cit., t.I, p 448, cf, Le Cour Grandmaison, Coloniser exterminer, Sur la guerre et l’Etat colonial, op. cit, p 190.
37) Dounia Bouzar Saïda Kada, L’une voilée, l’autre pas. Le témoignage de deux musulmanes françaises. Albin Michel, Paris, 2003, p 82.
38) Voir son ouvrage Les conditions de la renaissance. Editions ANEP, 2005, Alger pp 155-159.
39) Taleb Ibrahimi Ahmed « Les faux délivrés » in le Jeune Musulman N° 27, 22 DjoumâdaII 1373/ 26 février 1954.
40) Ibid.
41) Ibid.
42) Bennabi Malek « A la mémoire de Ben Badis » Que-sais-je de l’islam, n°3, Alger, avril 1970, in Bennabi Malek, Mondialisme, Dar el-Hadhara, Alger, pp 184-188.

11 commentaires

  1. Machiavel pédaguogue
    Dans l’article, l’auteur dit : « L’école n’est jusqu’à aujourd’hui qu’un appareil idéologique d’État, courroie de transmission de l’idéologie dominante…». Bien vu .

    Il s’agit bien d’un programme totalitaire.

    La réalité est que les organisations internationales (U.N.E.S.C.O) ont pour objectif de modifier les valeurs, les attitudes et les comportements dans le but de justifier un gouvernement mondial chargé de résoudre les problèmes planétaires. L’objectif est la dictature mondiale, c’est-à-dire la mainmise des hommes des États cartellisés sur les nations.

    Tout cela se fait en manipulant l’opinion publique, en exagérant et en inventant parfois des problèmes de nature planétaire (qui exigeraient une coopération internationale et, à terme, un exécutif mondial): pauvreté, réchauffement planétaire, coexistence des cultures, surpopulation, autant de problèmes réputés réels et globalitaires, nécessitant le sacrifice des libertés individuelles au profit de la Société Globale, voire de la planète Terre. Inutile de dire que tout cela conduit tout droit au collectivisme dont on a cru pourtant que la chute de l’URSS avait sonné le glas. Mais non! Le véritable agent du collectivisme, c’est l’État Mondial

    . L’UNESCO joue un rôle primordial dans cette partition totalitaire. Comme le démontre Pascal Bernardin dans son lumineux ouvrage, Machiavel pédagogue (ou abrégé d’esclavagisme selon l’auteur)(2), les organisations internationales, au premier rang desquelles l’UNESCO, établissent des normes qui sont transmises par les États nationaux adhérents, et qui redéfinissent le rôle de l’école. « Celle-ci, écrit Bernardin, devient le véhicule d’une révolution culturelle et éthique destinée à modifier les valeurs, les attitudes et les comportements des peuples à l’échelle de la planète. Les techniques de manipulation psychologique, qui ne se distinguent guère des techniques de lavage de cerveau, sont utilisées à tous les niveaux. »

    « Cette révolution silencieuse, antidémocratique et totalitaire, ajoute l’auteur, veut faire des peuples des masses ignorantes et soumises. » Je n’exposerai pas ici les techniques pédagogiques du lavage de cerveau, ce serait trop long, l’ouvrage de Bernardin démonte tous ses mécanismes en montrant les textes officiels et la réalité du terrain. Ces techniques s’appuient essentiellement sur des méthodes behavioristes et sur la psychologie de l’engagement. L’idée est d’inciter, de forcer par des techniques psychopédagogiques, l’individu à se soumettre aux valeurs dominantes du groupe et de renforcer ainsi les normes transmises au groupe par une hiérarchie d’instances supérieures au sommet de laquelle trônent les divers Soviets onusiens.

    Embrigadement des enseignants

    Voyons comment ces normes se fabriquent et se diffusent. Dans un texte de l’UNESCO, on peut lire: « Les sociétés, et plus particulièrement leurs institutions gouvernementales doivent être essentiellement considérées comme des « systèmes apprenants ». Les sociétés les plus à même d’enregistrer des succès seront celles dont la « capacité d’apprentissage » est élevée: flexibles, elles ont la capacité d’anticiper et de comprendre le changement et de s’y adapter. Elles bénéficient de la participation active des citoyens au processus d’apprentissage. Au cours de cet apprentissage, l’histoire devra être réécrite et réinterprétée(4). »

    Continuons sur l’enseignement de l’histoire. C’est édifiant. « La simple présentation objective des faits serait d’ailleurs insuffisante pour entraîner l’attitude souhaitable […](5) » L’attitude souhaitable étant « d’éliminer tout ce qui peut inspirer la méfiance et le mépris à l’égard d’autres peuples ».

    Cette réécriture politique de l’histoire n’est évidemment pas sans rappeler ces mots d’Orwell dans 1984: « Ce processus de continuelles retouches était appliqué, non seulement aux journaux, mais aux livres, périodiques, pamphlets, affiches […]. L’Histoire tout entière était un palimpseste gratté et réécrit aussi souvent que c’était nécessaire. »

    Or que ne voit-on pas apparaître en France pour véhiculer ces nouvelles normes fabriquées par les hommes de l’État mondial? Les IUFM. Ces « instituts universitaires de formation des maîtres », inventés par Jospin alors ministre de l’Éducation nationale, sont chargés de la formation des enseignants et de faire « la promotion des nouveaux contenus (savoir-faire, valeurs, attitudes, conception sur le monde) » obéissant aux diktats de l’UNESCO qui recommande la « remise en cause large et profonde du système éducatif puisqu’elle touche tout à la fois aux structures, à la formation des enseignants et aux mentalités(6) ».

    Nous savons ce que sont les IUFM. Des instituts de bourrage de crâne. « Ils se caractérisent par l’importance qui y est accordée aux « sciences » de l’éducation et à la psychopédagogie. Ils préparent les enseignants à leur nouvelle mission: le rôle de l’école a été redéfini et la priorité est maintenant accordée non plus à la formation intellectuelle mais aux enseignements « non cognitifs » et à « l’apprentissage de la vie sociale […] ». Les enseignements formels, intellectuels sont négligés au profit d’un enseignement non cognitif et multidimensionnel, privilégiant le social. » (Bernardin)

    Totalitarisme

    Il est clair que du sommet de l’État mondial jusqu’à ses subdivisions vassalisées ultimes les valeurs transmises sont celles de la supériorité en valeur du groupe sur l’individu réduit à l’état de simple boulon de la machinerie étatique planétaire. Cette solidarité mystique de l’individu avec le grand Tout que les fonctionnaires de l’UNESCO tentent de fabriquer avec le matériau humain planétaire est le principe régulateur de toutes les normes qui émanent de ces organisations parasitaires. Les hommes de l’État formant la classe politique mondiale sont tous complices de ce totalitarisme qui avance. C’est leur intérêt, ils en vivent. Tout le monde a le droit de vivre, me direz-vous, mais pas en tyrans et en tyranneaux.

    En conclusion il faut rappeler une chose. L’UNESCO et toutes les structures onusiennes ne peuvent agir que dans la mesure où les hommes de l’État des nations subordonnées peuvent agir. Ce qui présuppose la nationalisation de l’éducation mais aussi le contrôle étatique de toutes les activités humaines. Un pays libre, ayant une éducation libre, serait un pays hérétique au sein de la « communauté internationale » dominée par les normes onusiennes. En d’autres termes, l’État mondial, l’ONU, l’UNESCO et tous ses dérivés ont besoin d’une servitude accrue des individus. Le Bien de l’Humanité que ces organisations prétendent servir est encore une fois dans l’histoire en contradiction avec l’individu, avec son bien le plus précieux dont tout le reste découle: sa liberté.

    Pascal BRUNET- Journal LEDEVOIR / Montréal

    Livre:Machiavel/pédagogue. Machiavel pédagogue – Ou le ministère de la réforme psychologique

    Pascal BERNARDIN , ancien élève de l’École Polytechnique, a enseigné les maths dans le privé, en classe préparatoire aux concours des écoles de commerce.

    Éd. Notre-Dame des Grâces, 12/1995

    Source : http://www.quebecoislibre.org/021109-3.htm

  2. Vers un nouvel ordre religieux- Réformer l’Islam
    VERS UN NOUVEL ORDRE RELIGIEUX – REFORMER L’ISLAM

    Posté: Sam 16 Jan 2010 00:37

    http://www.geopolitique.passion-histoire.net/

    Ven 15 Jan 2010 23:19

    Juin 2006. Une revue militaire américaine, Armed Forces Journal(AFJ), présente deux cartes du Moyen-Orient [8] : « before », la carte de 2006 ; « after », la carte recomposée selon des critères ethniques et religieux. L’auteur de ces cartes est un lieutenant-colonel à la retraite : Ralph PETERS. Auteur de nombreux ouvrages de géopolitique, cet ancien du renseignement fait partie de l’équipe dirigeante d’AFJ. Cette revue n’est qu’un pan d’un véritable empire de la presse militaire américaine. En effet, la maison mère d’AFJ, Army Times Publishing Company est une filiale de la très puissante société Gannett, qui publie au Etats-Unis près de 90 quotidiens (dont USA Today et USA Weekend) et contrôle 22 stations de télévision. Au Royaume Uni, 17 quotidiens sont sous sa coupe. En 2005, les revenus financiers générés par l’ensemble s’élèvaient à 7.6 milliards de dollars. [9] Ces cartes ne sont donc pas le simple fait d’un original. Au contraire, elles ont été soigneusement préparées, au sein de think tanks et d’instances militaires soucieuses de prendre pied dans ces régions convoitées.

    La destruction des frontières et la soumission du Moyen-Orient à l’axe euro-atlantique ne sont pas les seuls projets développés par Ralph Peters. Ce dernier appelle aussi à la création d’un « Etat sacré islamique », comprenant les lieux saints de l’Islam : la Mecque et Médine. A ce sujet, Ralph Peters écrit dans son article

    Frontières de sang, que faire pour améliorer le Moyen-Orient? :

    « La cause principale de la large stagnation du monde musulman réside dans le traitement réservé à la Mecque et à Médine considérés comme leur fief par la famille royale saoudienne. Les lieux saints de l’Islam soumis au contrôle de la police d’Etat de la part d’un des plus bigots et oppressifs régimes au monde ont permis aux Saoud de projeter leur croyance wahhabite à la fois intolérante et disciplinée au-delà de leurs frontières. […] Imaginez comme le monde musulman se sentirait mieux si la Mecque et Médine étaient dirigés par un Conseil représentatif tournant issu des principales écoles et mouvements de l’Islam dans le monde au sein d’un Etat sacré islamique – une sorte de super Vatican musulman – où l’avenir de la foi serait débattu au lieu d’être arbitrairement fixé. »

    Edifiant. Il faudrait donc, selon Ralph Peters, réformer l’Islam afin de l’adapter aux principes occidentaux, et modifier les esprits musulmans pour qu’ils épousent pleinement la grande mystique mondialiste. Certains parlent d’un « Vatican II musulman » [10]. D’autres d’un « Vatican II du Khalifat » [11].

    Les plans de Ralph Peters sont en parfaite adéquation avec les « Discussions de Kronberg » (Kronberger Gespräche) menée depuis 1995 par le plus influent des think tanks européens : la Fondation Bertelsmann. Pour ses promoteurs, il s’agit de favoriser l’émergence d’un immense bloc euro-atlantique prolongé jusqu’à l’État d’Israël : ce qu’ils appellent les « trois piliers du Judaïsmes » [12]. Et les musulmans devront se plier. Ainsi, l’enjeu des « discussions de Kronberg » est de « moderniser » l’Islam pour mieux l’astreindre aux normes du mondialisme. En occidentalisant les structures politiques, sociales et morales des sociétés musulmanes. Cette volonté a été affiché sans complexes par Joscha Fischer, dans son discours prononcé lors de la quarantième conférence de Munich, sur la politique de sécurité dans le cadre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), le 7 février 2004 [13].

    Evidemment, une telle politique risque d’allumer la poudrière qui couve dans cette région ô combien explosive. Comment les musulmans accepteront-ils les préceptes d’un Occident largement déchristianisé, dont la seule religion tolérée est la religion du capital, et qui vit sous les clochers du matérialisme? Pour réussir cette entreprise, les moyens mis en oeuvre risquent d’aboutir à un chaos inimaginable. Pas seulement au Moyen-Orient, mais dans le monde entier. Certes, les mondialistes au pouvoir n’en ont que faire.

    En fait, tout se passe comme si les adeptes de cette politique avaient pour programme Le meilleur des mondes [14], l’utopie d’Aldous Huxley, écrite en 1931. Tout se passe comme s’ils s’étaient déjà appropriés les prêches de Mustapha Meunier, l’administrateur mondial de l’Europe Occidentale : « Il y avait quelque chose qui s’apellait le Christianisme… L’éthique et la philosophie de la sous consommation… A présent nous avons l’Etat mondial. » [15]

    Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

    Sources :

    [8] http://www.globalresearch.ca/articlePic … medium.jpg

    [9] Pierre Hillard, La marche irrésistible du nouvel ordre mondial, François-Xavier de Guibert, Paris, 2007, page 72.

    [10] Ibid. , page 73.

    [11] Alain Soral, dans une conférence intitulée Vers une gouvernance globale…, donné le 9 mars 2009, à Paris.

    [12] Rapport en anglais : Europe, the mediterranean and the Middle East, strengthening responsibility for stability and development , Discussion paper presented by the Bertelsmann Group for Policy Research and Center for Applied Policy Research, Munich: Felix Neugart, to the VII. Kronberg Talks, 17-19 january 2002. Organised by the Bertelsmann Foundation, Gütersloh, Christian-Peter Hanelt and Matthias Peitz.

    Ajoutons une chose : Ralph Peters se définit comme un ami « de longue date » de l’Etat d’Israël (New York Post, 22 juillet 2006).

    [13] «Toutefois, si nous voulons remporter le combat contre le terrorisme du djihad, nous devons suivre une approche nettement plus vaste et plus approfondie dans la région du Proche et Moyen-Orient. En effet, derrière ce nouveau terrorisme se cache une crise profonde de modernisation, dans une grande partie du monde arabo-islamique.

    Nos efforts communs pour la paix et la sécurité sont condamnés à l’échec si nous pensons que seules les questions de sécurité ont de l’importance. Elles en ont très certainement! Mais dans cette lutte contre le terrorisme, la sécurité englobe des aspects bien plus vastes: la modernisation sociale et culturelle, tout comme la démocratie, l’État de droit, les droits des femmes et la bonne gouvernance revêtent une importance presque supérieure encore. » in http://www.medea.be/index.html?doc=1668.

    Les propos de Joschka Fischer du 7 février 2004 sont d’autant plus convaincants qu’il a participé aux « Discussions de Kronberg » de janvier 2002.

    [14] Aldous Huxley, Le meilleur des mondes, Plon, 2004. A l’origine, publié en 1932, à Londres, aux éditions Chatto and Windus.

    [15] Ibid., page 71 et 72.

    BOUNOUA Samy.

    • ne pas que culturaliser
      la question arabe et islamique n’est qu’un des éléments dans le colonialisme. Il faudrait comparer avec la façon dont les Vietnamiens, les Chinois, les Indo-Pakistanais, etc, se sont libérés du colonialisme et qui, aujourd’hui, est plus « autonome » depuis la décolonisation. Prendre l’essence de l’islam pour assurer sa libération fut une chose utile, encore faudrait-il prendre en compte aussi l’influence profonde du marxisme dans les mouvements de libération (FLN, Nasserisme, socialisme arabe, PC du Soudan, d’Irak, de Syrie, FPLP, FDLP, baathisme, etc, etc…). Le monde a été unifié sous la pression coloniale et désormais tout est mélangé, y compris les cultures et les traditions …En revanche il reste un clivage fondamental, celui qui sépare le possédant du possédé, le riche du pauvre, le pays « périphérique » du pays au « centre », les habitants des banlieues ultra-périphériques et des centres villes, etc … Et là, si l’islam a un avenir, c’est en proposant un programme de libération rassembleur pour les musulmans et les non musulmans au nom d’un projet de société qui puisera le meilleur dans les textes sacrés, le meilleur dans les traditions, et le meilleur dans les pensées progressistes, y compris laïques ou même formellement athées.

  3. France : les députés ont sauté les plombs !
    Fraternellement

    Noor dit :
    29 septembre 2010 à 22 h 57 min
    Douce France .

    Burqa: les députés ont sauté les plombs !

    À mort, la burqa !

    À situation de guerre, mesures de guerre. L’ennemi était à nos portes, sévissait dans nos chaumières, il fallait réagir. Durant trois longues heures, l’Assemblée, en Mai dernier, a débattu de l’arsenal martial et patriotique à développer pour repousser les « légions terroristes voilées ». Entre références aux talibans et invocations de Jeanne de France, les députés ont repoussé les limites de la bêtise crasse.

    À mort, la burqa ! La résolution a été votée gaiement. Presque fleur au fusil, comme un assaut résolu et courageux, Famas rhétoriques en bandoulière. Pour l’occasion, d’ailleurs, le grand jeu sécuritaro-martial était de mise : « Des mesures de sécurité renforcées avaient été mises en place tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Assemblée. Des policiers du service de déminage accompagnés de chiens ont effectué en début d’après-midi des passages dans l’hémicycle et les tribunes du public, tandis que les contrôles aux différentes entrées avaient été durcis. » . C’est que l’ennemi rôdait…

    Malgré la « menace islamiste », la résolution « Copé », posant que « les pratiques radicales attentatoires à la dignité et à l’égalité entre les hommes et les femmes, parmi lesquelles le port d’un voile intégral, sont contraires aux valeurs de la République »,

    Florilège des déclarations des député(e)s :

    **Jean-François Copé (UMP) : « Que vaut l’échange entre deux citoyens libres qui se rencontrent pour la première fois si l’un des deux, au seul motif qu’il est une femme, ne peut montrer ni son visage ni son sourire ? Sans sourire ni visage, le contrat social est rompu. (…) Sans sourire ni visage, quel sens pouvons-nous donner au mot de fraternité ? »

    **Marie-Louise Fort (UMP) : C’est connu, « priver l’enfant du visage de sa mère, et il devient orphelin, à côté du nombre ».

    **Jean-François Copé : Le nombre ? « Peu importe le nombre de femmes concernées. Zéro hier, 2 000 aujourd’hui. Devons-nous attendre qu’elles soient 20 000, 60 000, 100 000 pour réagir ? »

    **Véronique Besse (MPF) : Non, nous ne le devons pas ! « Le danger qui nous guette aujourd’hui, c’est de voir la France, qui a été pendant des siècles un phare pour des millions de femmes et d’hommes, se désagréger sous les coups de l’intégration. »

    ** Jacques Myard : Difficile de les intégrer ? C’est même impossible. « Le voile intégral est l’expression-même d’une démarche politique dangereuse, qui porte en elle-même tous les ingrédients d’un affrontement inéluctable. (…) Il relève d’une logique politique inadmissible que nous ne pouvons pas admettre au risque d’aller tout droit vers des affrontements, voire demain à la guerre civile. »

    ** André Gérin : Oui, « la gangrène a commencé, avec des poches talibanes dans notre pays, qui combattent la République, qui développent un racisme anti-France et anti-blanc ».

    ** Nicole Ameline : Nous devons réagir ! « On ne survit pas dans le renoncement, c’est le courage qui fait l’histoire. »

    ** Jacques Myard : Oui, l’histoire ! « Ayons en mémoire toutes les femmes de notre histoire qui ont fait ce pays. (…) Avec Jeanne Hachette, défendant Paris contre les vikings, avec Jeanne la Lorraine, boutant l’ennemi hors de France, avec les munitionnettes de la guerre de 14, avec les femmes de la résistance et les Françaises décharnées de Ravensbruck, je voterai avec conviction le bannissement de cette pratique politique dégradante ».

    ** Véronique Besse : « La France vit une crise identitaire sans précédent. (…) Tandis que l’on décroche le drapeau français du fronton de nos mairies et que l’on siffle l’hymne national dans les stades, des quartiers entiers vivent en sécession, dans la haine de la France et de ses valeurs. »

    Douce France.

    • Omar Mazri on

      La République et le Voile : Symboles et Inversions
      Je viens de lire l’article fort bien écrit et allant à l’essentiel : la politique d’assimilation franco musulmane qui continue son oeuvre avec des acteurs nouveaux que Malek Benabi a nommé de son vivant « les Indigènes » et les « intellectomanes ». Les premiers sont pires que l’ennuque qui refuse de reconnaitre son statut de castré. Les seconds sont pires que les ignorants car la Jahiliya a produit de grands chefs d’oeuvre de littérature arabe mais sans orientation sans finalité et sans projet de civilisation et de libération du Taghut la période ante islamique était appelé Jahiliya ou Ignorance ou plus exactement système total de complexes d’ignorances.

      Je me dois de raconter une anecdote « amusante » qui illustre l’état d’une communauté et de ses élites qui savent occulter les uns et rendre ostentatoire et ostensibles les autres : Avec Zeinab Abdelaziz j’ai écrit, publié et diffusé gratuitement un livre intitulé « [b] La République et le voile : Symboles et Inversions »[/b]avant que ne soit débattu et promulgué la loi scélérate. Ce livre, malgré quelques fautes car il fallait le soumettre à l’opinion française et à la communauté musulmane, a posé les problèmes de fond sans complaisance envers aucune partie et dénoncer l’occulte de la symbolisation diabolique menée par les nostalgiques de l’Algérie française et les partisans de l’occupation de la Palestine. Ce livre a dénoncé la trahison et l’imposture des « Beurgeoisie » « islamiques » et « musulmanes » qui ont abandonné les « dévoilés » par la loi sans leur donner une voie de lutte, un Badil comme l’enseigne l’Islam.

      Ce livre a été boudé. Ce livre qui a été un combat mené dans la solitude et l’indifférence des Musulmans a trouvé peu de gens pour le distribuer gratuitement. Il s’est vu refusé par les imposteurs de l’Islam qui l’ont jeté dans les poubelles et les rigoles de Paris comme un torchon qui brule les doigts malgré les versets coraniques et les vérités dites.

      • rayon de soleil on

        RE: La République et le Voile : Symboles et Inversions
        Je trouve l’article un petit peu dur et extrème dans ces idées.Le terme meme de beur est assez péjorative.
        Toutefois,je ne me sens pas concerné par ce portrait.Je suis fille et petite fille de harki.Je ne connais pas du tout l’Algerie pour n’y etre allé qu’une seule fois.Mon père ne pouvant s’y rendre lui meme ,nous n’y sommes quasi jamais allé.
        Malgré tout ,je porte le hijab ,je dois dire contre l’avis de mes parents qui m’ont mis à la porte de la maison.Aujourd’hui ,je pratique mon din et j’essaie de l’inculquer à mes enfants.Je ne comprends pas l’arabe ou tres peu.Mais j’y remedie.
        Dans ce portrait des dits « beurs »,j’ai l’impression qu’ils sont considérés comme des traitres.J’ai eu une impression desagéable en lisant l’article.Si les enfants d’immigrés sont considérés comme tel qu’est ce que je dois dire moi,fille et petite fille de harki.C’est sans doute la raison pour laquelle je le cache à la plupart des gens.J’ai compris que depuis belle lurette,la tolérance n’etait pas leur fort.
        Il est vrai que lorsqu’on evoque l’Algerie ,je ne ressens aucune d’emotion ou si peu.Si les enfants d’immigrés sont assimilés ,je dois donc etre desintégré.Il est vrai que je me sens capable de vivre dans n’importe quel pays pourvu que je m’y sente bien et ne suis attaché à aucun y compris la france.
        Je pense que l’article va trop loin car lorsque je cotoie les « beurettes » ,je vois qu’elles ont beaucoup plus d’attaches au pays que moi meme.ou est ce une fausse impression.Je l’ignore.
        Mon cas prouve bien que meme en ignorant tout de sa culture ,il en restera toujours un substrat indélebile et que l’assimilation totale n’existe pas

        • Merci
          Merci « Rayon de soleil » pour ce témoignage-éclairage fort intéressant…

        • Nadjib Achour on

          Réponse à rayon de Soleil
          Salam aleikoum

          Je ne sais si vous allez lire ma réponse. Votre réponse est intéressante, et met en évidence que étiez et êtes toujours en quête de votre culture originelle. Et ce indépendamment de votre passif familial. Vous êtes le produit d’une histoire, qui ne se limite pas seulement à vos parents et grands parents. Malgré les affres de l’histoire, vous appartenez à la culture et l’espace civilisationnelle du Maghreb qui demeure à jamais Terre de vos ancêtres.

          Pour être en paix avec vous même, essayer de renouer avec vos racines et votre culture, imprégnez vous en, pour demeurer vous même.

          Le Docteur Ahmed Taleb Ibrahimi avait écrit dans la préface du jeune musulman qui était l’organe de l’association des Oulémas en langue française, que le peuple algérien a aussi mené un long combat pour préservez son âme. Demeurez fidèle à cette âme, vous en êtes, comme je l’ai écrit, indépendamment de l’histoire et de votre statut, l’héritière.

  4. rayon de soleil on

    RE: Voile et assimilation : colonisabilité dans le discours des Français musulmans
    Salam aleykoum
    Barak Lahou fik
    Vos paroles sont un beaume à mon coeur .Vous m’avez fait pleurer

    • Nadjib Achour on

      RE: RE: Voile et assimilation : colonisabilité dans le discours des Français musulmans
      [quote name= »rayon de soleil »]Salam aleykoum
      Barak Lahou fik
      Vos paroles sont un beaume à mon coeur .Vous m’avez fait pleurer[/quote]

      Wa aleikoum assalam

      Wa fiki baraka. Le Docteur Ahmed Taleb Ibrahimi,avait affirmé que l’Islam, la langue arabe, la culture ont constitué ce fameux fil d’Ariane qui ont permis à l’Algérien de plonger dans son passé et de faire connaissance avec ses ancêtres. Plus haut, vous avez évoqué votre expérience personnelle, le fait de pratiquer l’Islam, d’apprendre la langue arabe. Par cette quête vous avez rompu comme le disait Bennabi, le processus de sédimentation culturelle qui fut le fait de la politique assimilationniste française, et vous renouez avec votre culture originelle,vous n’êtes plus en état d’extériorité par rapport à votre espace civilisationnelle originelle.

      Il y a certes le passif douloureux que vous avez évoqué, mais par votre quête de votre « moi authentique », vous avez renoué ces liens de filiation avec votre véritable personnalité qui est celle du Maghreb Islamique. Celle-ci peu importe votre passif, c’est votre personnalité, elle vous appartient, vous avez reconstitué ce lien mis à mal par la tragédie de l’histoire avec la culture de la terre de vos aïeux riche de 14 siècles. Car malgré tout, et c’est la vérité, l’Algérie demeure la terre où repose vos morts, celle de votre famille et ce depuis des siècles.

      Il n’est jamais trop tard pour renouer avec sa terre et son histoire.

      • rayon de soleil on

        RE: RE: RE: Voile et assimilation : colonisabilité dans le discours des Français musulmans
        Oua likoum salam

        J’ai été interessé depuis toujours par l’histoire de la guerre d’Algérie à cause de mon passif familial douloureux.Mais il est vrai que sentimentalement ,je ne suis pas lié par les viscères à ce pays comme les immigrés,car la fierté n’est pas du coté des harkis.De notre coté ,c’est plutot la honte et l’opprobe qui domine.Mais malgré tout,je n’ai jamais épousé la cause des harkis ,car j’ai toujours été pour ce qui est juste.
        Depuis que j’ai des enfants ,je cherche à renouer avec le pays de mes parents.Je ne veux pas que mes enfants se sentent venir de nul part comme j’ai pu le ressentir enfants.J’ai toujours eu une impression diffuse d’etre amputé quelque part.
        Le fait que vous m’ayez dit que l’Algerie est le pays de mes ancetres a été tres important pour moi,car il est vrai que je me sentais rattaché seulement que par mes parents et grands parents à ce pays.Mon sentiment de honte à toujours dominé mes relations à mes origines.Mais cela va changer,insha Allah
        J’ai l’intention de demander la nationalité algerienne pour moi et mes enfants. et faire de petits sejours dans la région ou sont nés mes parents.Mes enfants se sentent algérien,bien qu’ils connaissent le passif familial.Mon mari me pousse beaucoup à le faire,surtout ces derniers temps ,ou il voit que je me suis mise à rechercher un peu plus l’histoire de l’Agérie.
        Comme vous dites ,cher frère,il n’est jamais trop tard.
        Barak Lahou fik pour votre ecoute

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