La célébration du 8 mars, journée mondiale de la femme, se déroule, en Algérie, sous une forme de dénonciation du statut inférieur de la femme. Ce statut particulier a été adopté  le 9 juin 1984, du temps où Rabah Bitat était président du parlement algérien. A cette époque là, le débat au parlement se réduisait à une simple formalité. Le rédacteur du projet de loi savait pertinemment qu’il n’y aurait pas de réelle opposition. Toutefois, le texte adopté ce jour-là comportait plusieurs articles pénalisant la femme. En effet, ce texte de loi, encore en vigueur, est injuste dans au moins deux dispositions : la polygamie et le tutorat. La première prive la femme du droit à la jalousie et la seconde la rend mineure à vie bien que la femme algérienne ait démontré moult fois son esprit de responsabilité, notamment lors de son engagement pour la libération du pays. Mais une fois la libération atteinte, les Algériennes pouvaient –elles s’attendre à une émancipation complète ? Les différentes déclarations des chefs de la guerre ne présageaient pas une égalité entre l’homme et la femme une fois l’indépendance recouvrée. A la question de Djamila Boupacha à Mohamed Khider de savoir qu’il serait le devenir des militantes après l’indépendance, la réponse de ce dernier était sans ambages : « Mais, madame, après l’indépendance, les femmes doivent revenir à leur couscous », citée par Khaoula Taleb Ibrahimi. D’où la velléité perpétuelle de contrôler la femme algérienne dans le moindre de ces gestes. Le seul respect auquel la femme ait droit est celui de ses enfants. Cette ambivalence a été élucidée par le grand écrivain algérien, Kateb Yacine en notant à juste titre : « L’Algérien est celui qui vénère le plus sa mère ». Malheureusement, a-t-il ajouté, «  l’Algérien est celui qui opprime le plus les autres femmes ».

En Europe, les femmes avaient su s’imposer dés le début du XXème siècle. A l’initiative de Clara Zetkin, la conférence internationale des femmes socialistes avaient proposé une batterie de mesures tendant à réduire les inégalités entre l’homme et la femme. Sous la pression du mouvement féministe, la conférence de San Francisco, ayant donné naissance à l’ONU du 25 et 26 avril 1945, a proclamé l’égalité entre les deux sexes et ce, en tant que droit fondamental. En revanche, en Algérie, à chaque fois qu’un mouvement féministe monte au créneau pour réclamer l’égalité effective entre les Algériens, les responsables promettent à la fois des changements et leurs contraires. Ainsi, le ministre de la famille et de la condition féminine a déclaré en 2004 que « le principe de la révision du code de la famille a été retenu au plus haut niveau ». La nuance a été levée juste après par le président Bouteflika en affirmant que cette révision n’allait, en aucun cas, se démarquer de la Charia. Mais, en revendiquant l’abolition d’une loi inique, les Algériennes sont-elles moins musulmanes  que les hommes? La réponse est non. Pour mieux étayer cet argument, on pourrait procéder à une  comparaison avec les pays voisins. Au Maroc, par exemple,  leur  code de la famille donne aux époux la responsabilité conjointe au sein de la famille. La polygamie est soumise à des restrictions donnant même le droit à la première épouse de s’y opposer. L’avancée la plus significative dans le statut de 2003 est le remplacement de la répudiation par le divorce juridique. Cette dernière disposition donne le droit à la femme marocaine d’être au diapason de l’homme sur le plan juridique. Quant à la Tunisie, le statut qui protège la femme a été adopté quelques mois après leur accession à l’indépendance. En effet, le code promulgué le 13 aout 1956 interdit carrément la polygamie et protège la tunisienne contre la répudiation. La mesure  la plus libérale est sans conteste l’instauration du consentement au mariage et l’égalité des sexes lors de la procédure de divorce.

En Algérie, la procédure de divorce est une simple formalité pour l’homme. En revanche, la femme doit peiner pour être entendue. En effet, l’épouse ne peut demander le divorce que dans des cas très limités. Parmi ces derniers, on peut citer : «  le refus de l’époux de partager la couche de l’épouse pendant plus de quatre mois ».  L’autre cas qui attire particulièrement l’attention est quand l’un des époux est porteur du SIDA. L’Algérien peut divorcer sans difficulté majeure. En revanche, pour la femme, pour qu’elle obtienne le divorce, il faudrait que l’époux ait contracté ce virus lors d’un rapport adultérin. Toutefois, si la contamination a été  faite par une autre voie (la transfusion de sang, par exemple), l’épouse ne peut pas obtenir gain de cause.

Par ailleurs, sur le plan international, l’Algérie a ratifié quasiment tous les textes internationaux inhérents aux discriminations. Ainsi, on peut citer entre autres, la convention sur les droits politiques de la femme, la convention sur la nationalité de la femme mariée, la convention sur le consentement au mariage, toutes adoptées par les nations unies entre 1954 et 1979. En revanche, sur le plan national, l’application de ces textes est restée lettre morte voire neutralisée par d’autres textes adoptés par les institutions nationales. Bien que la constitution ait consacré l’égalité entre les Algériens, plusieurs textes adoptés ont consacré la distinction entre l’homme et la femme. Parfois, la contradiction entre le texte et la réalité est criante. On peut citer à titre d’exemple la possibilité pour la femme d’exercer les hautes fonctions, mais pour se marier elle a besoin d’un tuteur. L’article 40 du code civil algérien stipule que : « le juge est tuteur de la femme qui en est dépourvue ». Mais que fait-on quand la femme est juge ? Car c’est là que ce situe la contradiction. En effet, la femme peut être tutrice tout en ayant besoin, elle-même, d’un tuteur. Toutefois, le problème le plus épineux reste la discrimination au travail.  Avec un taux de 15 pour cent de femmes qui travaillent, le pays ne peut pas se passer d’une réserve aussi importante. Au contraire, il  doit faire énormément d’effort pour que l’Algérie soit au diapason des pays développés. L’accès au travail doit être garanti pour tous les demandeurs d’emploi sans distinction de sexe. Car les pays qui ont le plein emploi sont ceux qui possèdent moins de 5% de chômeurs, femmes comprises.

Pour conclure, le président a reculé sur les amendements envisagés tels que la suppression du tuteur lors de la conclusion du mariage. Bien que certains amendements soient positifs, il n’en demeure pas moins que la suppression de ce code est tout bonnement nécessaire. Car l’Algérie n’est pas plus rétrograde que certains pays musulmans ne possédant pas ce genre de code. Finalement, l’Algérie a tout à gagner en regardant vers l’avenir. Ceux qui avancent l’argument religieux se trompent énormément. Car l’Algérienne, qui a participé à toutes les périodes cruciales de son pays, doit être l’égale de l’homme. Pendant la colonisation, la femme algérienne a subi les pires humiliations. Aujourd’hui rien ne justifie sans statut inférieur. D’ailleurs, son émancipation ne sera que bénéfique pour l’avenir de l’Algérie. Les études comparatives, les analyses sociologiques et économiques montrent que là où la femme est infériorisée, la société ne progresse pas, ou progresse lentement, que celles qui favorisent l’égalité entre les hommes et les femmes, a écrit un universitaire algérien dans un de ses textes.

Boubekeur Ait Benali
4 mars 2010

7 commentaires

  1. La trahison comme point de vue.
    Aît Banali OSE écrire:

    « il n’en demeure pas moins que la suppression de ce code est tout bonnement nécessaire. Car l’Algérie n’est pas plus rétrograde que certains pays musulmans ne possédant pas ce genre de code. Finalement, l’Algérie a tout à gagner en regardant vers l’avenir. Ceux qui avancent l’argument religieux se trompent énormément. Car l’Algérienne, qui a participé à toutes les périodes cruciales de son pays, doit être l’égale de l’homme. Pendant la colonisation, la femme algérienne a subi les pires humiliations ».

    Aujourd’hui rien ne justifie sans statut inférieur ».

    —————————

    @Boubekeur Benali

    « Abrogation nécessaire »-

    Après moult contorsions sémantiques,n’est-ce pas là un discours typiquement LIBERAL-LIBERTAIRE, une conclusion en forme d’appel en faveur d’une abrogation de la Loi islamique en elle-même ?!

    Pensez-en ce qu’il vous plaira mais,la remise en cause de la Charria relève du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et donc,il revient impérativement au peuple algérien souverain, et à lui seul,de se prononcer à ce sujet: on appelle cela un REFERENDUM. On appelle cela aussi,la démocratie.

    Ainsi,nous saurons bien si le peuple algérien veuille bien « se tromper énormément(!)en avançant l’argument religieux » et « rester rétrograde »(!) c’est à dire selon vous, »opposé au progrès », « arriéré », « retardataire », réactionnaire!

    La franc-maçonnerie universelle a massivement investi en Algérie.Cela n’est plus qu’un secret de polichinelle! Cette société secrète férocement anti-religieuse a trouvé un terreau idéal dans nôtre pays tant les candidats au recrutement et à la trahison de leur foi et de leur âme sont légions.

    « Ce n’est pas parce qu’on a perdu la foi,qu’il ne faut respecter celle de ses ancêtres ».

    Fustel de Coullanges – Historien-Ecrivain

    Pendant ce temps là à GAZA……

    • Je ne veux en aucun cas répondre à votre message dans le but de polémiquer. Car le sujet est très sensible. En effet, pour parler de la politique et de l’interprétation religieuse des textes, il faudrait avoir une analyse plus fine. Et surtout faire l’effort de situer la frontière entre les deux. Dans mon texte, je l’avoue, je n’ai pas attaché beaucoup d’importance au second volet. Toutefois, je vais vous expliquer, autant que faire se peut, ce qui m’a motivé à écrire ce texte. D’emblée, je dois vous dire que j’ai bossé mon texte en m’appuyant principalement sur le livre de Djamila Amrane, intitulé « les femmes au combat 1954-1962 ». C’est ainsi que mon raisonnement s’est appuyé principalement sur les faits historiques. En effet, pendant la présence française en Algérie, la femme avait souffert au même titre que l’homme. La volonté du peuple algérien de se libérer du joug colonial n’avait pas de sexe. Et l’engouement de l’Algérienne pour la liberté l’a poussé tout naturellement à rejoindre le maquis, bien que sa présence ait été mal supportée par les maquisards. En revanche, lorsque la bataille d’Alger a éclaté, le chef de la zone autonome d’Alger (ZAA) ne pouvait pas se passer de ces militantes courageuses. Et la présence du FLN à Alger, pendant ce temps-là, n’était, en partie, possible que grâce à elles. Que dire des manifestations du 11 décembre 1960 où les femmes avaient joué un rôle capital. C’est en vertu de ces éléments que j’estime, pour ma part, et surtout n’étant membre d’aucune organisation, que la femme algérienne doit être l’égale de l’homme à tous les niveaux. Et je dirais même qu’il fallait appliquer la constitution algérienne pour en arriver à cette égalité effective. Pour conclure, je dois vous dire que le mot LIBERAL ne me fait pas peur. Au contraire, le respect de toutes les libertés ne peut qu’aider notre pays à se développer davantage.

    • Les femmes « alibis ».
      Source: http://www.conspiration.cc/archives/arch_mai_2006.html

      Editoriaux Mai 2006

      L’INTERVIEW ANTI-ISLAMIQUE DU Madame la Dre. WAFA Soltane: Commentaire de Nenki sur le discours de la Dre Dr. Wafa.

      Premièrement, je retire le titre que je lui ai donné par inadvertance. D’un côté j’admirais son courage de parler en faveur des femmes du monde entier qui se font maltraiter, exploiter, violenter sous quelque forme que ce soit.

      J’ai su à travers les branches que son nom figurait sur la liste des participants à une des réunions « think tank » des BILDELBERGS. Tout comme celui de la femme de l’éditeur suédois qui avait publié les caricatures de Mahomet!!!

      Il y a beaucoup de points qui clochent dans son discours et appelle à la désinformation. Il y a un jeu d’omissions subtiles sur ses énonciations de barbarie et de « l’arriérage » des Musulmans. Elle ne fait pas mention des atrocités des autres peuples qu’elle proclame comme civilisés. Israël possède sa part de barbarie, d’atrocités et de délits contre l’humanité. AbuGraïb et Guantanamo ne sont pas la gloire des américains, pas plus que les tortures des britanniques filmées dans les mêmes circonstances. Les peuples qu’elle qualifie de « civilisés » ou « avancés » figurent dans l’histoire comme ayant commis les crimes et les guerres les plus barbaresques. L’inquisition chrétienne et l’invasion de l’Amérique par les espagnols figurent parmi les faits de l’histoire des plus atroces.

      Il est normal que certaines cultures plus discrètes, plus réservées plus prudes réagissent devant la débauche et perversion du monde occidental soi-disant « avancé ». Le permissivisme (laxisme) sans limite et sans morale du monde de l’occident est la cause de son déclin et la conduira à sa perte. Je trouve que certains sports, la télé-réalité, la loterie, les concours de Miss Monde, la Bourse sont assez débiles, violents et retardés.

      N’est-ce pas le G8 qui veut imposer au monde entier sa démocratie, la mondialisation et le contrôle des biens et services des pays par la corruption, la force monétaire et militaire. Ce sont ces mêmes pays qui possèdent des armes biologiques, nucléaires, chimiques de destruction massive. Il est évident que les BILDELBERGERS se sont donné le mot pour fomenter des guerres de religions et de cultures, en commençant par l’Islam, pour imposer l’hégémonie mondiale à ceux qui y survivront. Les chinois, eux, s’en prennent au Falun Gong. Mais après ce sera au tour de la planète. « Diviser pour régner » et « Ordo ab Chaos » sont leurs devises préférées.

  2. vive les femmes
    Je ne vois ,personnellement aucun sujet de débat autour du statut de la femme,sinon que d’affirmer que cette dernière est réduite ,au nom de l’Islam, à un sujet de diversion, faisant croire que tous les maux viennent d’elle( la femme).

    Autrement comment ne pas admettre que la femme est, au même titre que l’homme, citoyenne du monde à part entière. Plus nous parlons de la femme, plus nous en faisons un sous-être et le pire est que la femme participe à cette folklorisation de sa situation en participant des demi journées de la femme, à l’algérienne, au lieu de manifester clairement sa volonté et non son désir de considération.

    A quand la fin de ces tartufferies?

    • enfin une parole de sensé
      Merci ennife pour ce commentaire qui est le premier sensé que j’ai lu.

      Sinon pour apporter ma petite pierre au débat je vous conseillerais de lire un des articles de bennabi tel:

      -« Pour un féminisme musulman » in L république algérienne n°19 du 26 Février 1954.

      • merci elmutanabi pour ton commentaire.Mais je dois t’avouer que j’ai écris ce petit filet par les tripes en voyant chaque année cette « considération » qui est accordée aux femmes.Dire que de tous les pays arabes, musulmans l’Algérie est ,peut être, le seul pays où la femme a démontré depuis les temps les plus reculés sa participation étroite à la vie de la société.

        Aujourd’hui,même hors de nos frontières,la femme devient sujet de débats,et quels débats! La burqa,le voile,et des sujets dont ,en principe nous devons avoir honte au lieu d’y participer.La France veut interdire ces effets vestimentaires,bien sur de peur et je ne pense pas par islamophobie, qu’à cela ne tienne, cela la regarde.

        Nos érudits devraient plutôt réfléchir au développement de la nation, du pays en créant la synergie entre tous ses enfants de tout sexe, au lieu de tétaniser nos femmes, nos sœurs, nos filles.

        Quant au code de la famille, disons plutôt du code de la femme, le code civil suffit amplement.

        A le lire nous croirions avoir affaire à une société où la femme, est étrangère où qu’elle se trouve: chez ses parents, avec son mari, dans la société en général.

  3. La « meuf » musulmane, encore,encore et toujours !
    France:l’hystérie collective anti-islamique!

    IL est question, ces derniers jours, ces derniers mois et ces dernières années ainsi que ces prochains jours, ces prochains mois et ces prochaines années, d’une nouvelle loi d’interdiction de la burqa et/ou du niqab et/ou du voile intégral et/ou du bandana islamique et/ou du bandeau islamique et/ou du chignon islamique et/ou de la casquette islamique et/ou du verlan islamique et/ou de l’identité islamique et/ou du repli islamique et/ou des minarets islamiques et/ou des Quick hallal et/ou de la liste NPA Vaucluse et/ou de Tariq Ramadan et/ou du Coran et/ou des menus sans cochon et/ou des boissons non-alcoolisées.

    Nous considérons que la méthode est excellente : dans notre démocratie malade et dévirilisée, il est temps de remettre un peu d’interdit et de répression. Il faut, pour reprendre le joli mot de Fadela Amara, éradiquer ! Ou pour reprendre les jolis mots de Nicolas Sarkozy : liquider et nettoyer ! Ou, pour reprendre le joli mot (allemand) d’Élisabeth Lévy : remettre un peu de schlague ! [2)

    (2) voir l’excellent article sur : http://levillagedesnrv.20minutes-blogs.fr/tag/elisabeth+levy

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