Cher Cheb El-Mali,

Je t’écris ces quelques lignes barbelées pour te dire que je viens d’être condamné à cinq années de taule, cinq ! Maintenant je suis Cheb, à la sortie de prison je serai Chayeb, c’est malheureux ! Je n’ai rien fait bien sûr, et j’aurais naturellement préféré être jugé par la justice algérienne, celle dont tu es le premier magistrat. J’ai tellement confiance en cette justice (voir affaires : Khalifa, BRC, BNA, etc) : Justice rapide, exemplaire, et qui se range toujours du côté des droits de l’homme… d’affaires.

Ici à la prison il y a des gens pas bien du tout, genre mwechmin, mtiqrin, et m3adyin comme on dit à la Casbah. Ils sont tous convaincus que s’ils sont là, c’est en grande partie à cause de moi… Tu vois donc comment les choses se présentent ? Ils n’arrêtent pas de me lancer : « On va te faire chanter ». Je ne sais pas si c’est à prendre au premier ou au second degré. Toi qui manies si bien la sémantique maffieuse, peux-tu stp m’éclairer à ce sujet avant qu’il ne soit trop tard ?

Tu te souviens quand Nezzar El Djezzar fut poursuivi par le juge ici à Paris ? Tu as bien fait signer à la hâte un “ordre de mission” pour qu’il puisse échapper à la justice… Tu ne pourrais pas faire de même pour moi ? Tu pourrais dire par exemple que j’étais venu à Paris en mission officielle pour m’enquérir des derniers développements de l’électrodynamique quantique…

Souviens-toi aussi que lorsque tu étais malade au Val de Grace, c’est moi qui suis venu te voir pour ensuite annoncer à la nation reconnaissante que tu allais bien et que tu ne souffrais que d’un surmenage intellectuel suite à tes lectures ésotériques… Je te demande en contrepartie de venir me voir, pour pouvoir dire aux millions d’êtres humains qui m’adorent que je suis à la Santé pour raison de santé, et que tout va rentrer dans l’ordre.

Puis-je aussi te rappeler que j’ai mouillé mon maillot pour que tu puisses décrocher un nouveau mandat. Dès mon entrée en cellule, un de tes conseillers m’a téléphoné sur mon portable. Il m’a dit : Maintenant que t’es en cellule, tu sais pourquoi on appelle le portable un « téléphone cellulaire » ! Puis il a ajouté : « Tu as travaillé pour notre 3ième mandat, nous on a travaillé pour ton premier mandat… de dépôt ». Dans l’année qui viens, je vais essayer de comprendre ce qu’il a bien voulu dire…

Voilà, j’ai presque tout dit. J’espère que tu feras quelque chose pour moi. Sinon, je passerais le plus clair de mon temps à l’assombrir…

Cheb Mami, prisonnier de conscience

Mounir Sahraoui
6 juillet 2009

Un commentaire

  1. à l’auteur M.S
    Au lieu de verser dans des écrits satyriques qui ne renseigne en rien le lecteur, vous ferez mieux de produire plus constructif.Vous vous démarquez et vous marquez lisiblement et visiblement votre appartenance politique.Vous devinez à qui je pense et pour être plus clair vous êtes du bord de ceux qui se disent spoliés d’une victoire aux urnes? Un certain Décembre 1991, par ceux communément appelés les Janviéristes.

    Je me demande ce qu’aurait été l’Algérie aujourd’hui si le pouvoir vous a été confié: nous avons un exemple avec la gestion des secteurs confiés àn GHOUL et à SOLTANI qui se disent islamistes BCBG.

    Non je n’aime pas du tout ceux que vous incriminez dans votre article, mais je parie que la situation aurait été pire. Regardez du côté de l’IRAN que les dirigeants de cette mouvance citaient comme exemple.

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