Lettre ouverte à Monsieur Abdelaziz Bouteflika, Président de la République

Monsieur le Président,

Un penseur algérien contemporain dont je prétends être la fille spirituelle et biologique a écrit : «Si je disais ce que je crois être la vérité, je risquerais pour ma vie ou pour ma liberté. La vie et la liberté sont-elles donc si précieuses pour m’obliger à me taire ? Mais en me taisant, n’ai-je pas déjà perdu un peu de ma liberté ? Et sans cette liberté, quel sens aurait ma vie ?»

Monsieur le Président, permettez- moi, dans cet esprit et le souci de donner un sens non à ma vie insignifiante mais au devenir de l’Université et de la recherche scientifique dans notre pays, de dire ce que je crois être la vérité et porter à votre connaissance un fait honteux qui, très certainement à votre insu, vient entacher son honneur et le nôtre.

Monsieur le Président, permettez-moi de vous dire ce que je crois être la vérité pour que l’Histoire retienne votre nom non seulement comme défenseur de l’intérêt et la stabilité de notre pays, mais également celui de notre université, de ses chercheurs et plus encore du Professeur Ewa Berezowska-Azzag victime d’une machination diabolique par l’usage pervers de textes pour qui, pour peu qu’on en retrouve la trace, l’heure de la révision, voire de l’abrogation, a sonné.

Monsieur le Président, c’est à vous, Premier magistrat et recours ultime des humbles broyés par l’esprit de corps d’une administration perverse et son imprenable citadelle que j’adresse le texte d’une sourde révolte qui mine notre pays, son université et ses chercheurs et poursuit son œuvre souterraine comme une faille sismique menaçante dont ce qui est devenu l’Affaire Azzag est le soubresaut révélateur. Depuis le début du mois d’avril 2009, il a été mis fin à la mission du Pr Ewa Berezowska-Azzag au sein de l’Ecole nationale supérieure d’architecture (ENSA) d’Alger en qualité de professeur. Suite à une réunion, datée du 27 octobre 2008, tenue par une Commission de la Fonction publique relative au recrutement des agents étrangers, une missive a été envoyée à l’ENSA, en mars 2009, stipulant sa rétrogradation au grade de maître de conférence sous le prétexte inconvenant de nationalité étrangère, polonaise en l’occurrence. Alors que les universités des pays les plus avancés recherchent inlassablement les perles rares sans distinction de leur couleur, origine, conviction et s’enorgueillissent de les compter parmi leur staff. Madame le Pr Ewa Berezowska-Azzag a présenté sa candidature et obtenu le grade de Professeur par arrêté ministériel daté du 29 décembre 2007. Après quinze mois d’exercice à ce titre et plus de vingt ans d’enseignement dans notre pays, son contrat de professeur a été résilié et un contrat de maître de conférence lui a été soumis. Il ne s’agit donc pas de démission comme on se plaît à le répéter, mais d’une résiliation de contrat. Différence de taille. Après trente ans de résidence dans notre pays, Madame Ewa Berezowska-Azzag n’est plus une étrangère. Elle est une des nôtres ne serait-ce que pour avoir partagé avec nous les plus douloureux moments de l’histoire récente de notre pays. Rien ne l’y obligeait si ce n’est sa noblesse d’âme et grande générosité de cœur. De surcroît, Madame Berezowska-Azzag est l’épouse d’un citoyen algérien et maman de deux Algériens.

Monsieur le Président, nous sommes nombreux à avoir puisé de sa science et rares qualités humaines pour trouver le courage, le sérieux et l’honnêteté d’initier et mener nos recherches autour de problématiques réelles et lancinantes dans notre pays. Madame le Professeur Berezowska-Azzag a patiemment retenu et corrigé nos dérives, nous a nourris de ses propres forces intellectuelles et matérielles, ressuscité l’espoir endormi. Cela ne s’oublie pas ni n’a de prix. Madame le Professeur Berezowska-Azzag a représenté notre école à maintes occasions nationales et internationales. Madame le Professeur Berezowska-Azzag préside avec brio et cultive de grandes ambitions pour le Laboratoire de recherche Ville, urbanisme et développement durable au sein duquel elle dirige des projets de recherche universitaire. Madame le Professeur Berezowska-Azzag est responsable pédagogique de la postgraduation, option urbanisme. Madame le Professeur Berezowska-Azzag assure l’enseignement de l’urbanisme en graduation et différents cours en postgraduation. Madame le Professeur Berezowska-Azzag encadre plusieurs magistrants et doctorants aujourd’hui dans l’expectative et l’attente anxieuse d’une réponse à leurs requêtes, d’une alternative à leur situation (sus)pendue à un essieu dont on ignore le degré de résilience. Madame le Professeur Berezowska-Azzag se soucie de notre situation. Nous l’imaginons sans peine. De notre côté, nous nous soucions de la sienne. Non sur le plan professionnel qui l’avantage largement, mais bien plus sur le plan humain. Nous ne pouvons pas nous permettre de la perdre. Pas de cette façon inconséquente. Pour ces raisons, il n’est pas généreux ni honnête de réduire ce grave dilemme à sa seule dimension pédagogique d’encadrement ni même administrative. Il est éthique et relève de la justice. Aussi modeste soit-il, par un juste retour des choses, nous l’assurons de notre total soutien moral, physique et matériel pour sa réhabilitation et inch’Allah celui de sa réintégration à l’ENSA. Dans ce sens, un courrier signé par l’ensemble des étudiants du Professeur Berezowska-Azzag a été adressé à la direction de notre école. Puis, via cette dernière, un autre courrier signé par de nombreux collègues enseignants du département d’architecture de l’Université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou, l’Université des sciences et technologies Houari-Boumediene (USTHB) et notre Ecole (ENSA) à Monsieur le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Nos modestes investigations nous ont amenés par ailleurs à relever de graves contradictions entre la décision de la Fonction Publique — si toutefois celle-ci émane d’elle — et le texte de son statut général. N’y est-il pas précisé dans le chapitre 1er : garanties et droits du fonctionnaire qu’«aucune discrimination ne peut être faite entre les fonctionnaires, en raison de leurs opinions, de leur sexe, de leur origine ainsi que de toute autre condition personnelle ou sociale» ? (Art. 27). D’autre part, la Commission universitaire nationale (CUN) n’a-t-elle pas approuvé sa candidature selon les critères d’évaluation et la grille de notation en cours dans notre pays ? De son côté, Monsieur le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche n’a-t-il pas lui-même prononcé sa promotion au grade de professeur par arrêté ministériel ?

Monsieur le Président, permettez-moi d’exprimer ici ma profonde indignation devant cette injustice qui n’honore pas notre pays. Quels souvenirs gardera Madame le Professeur Berezowska-Azzag de ses trente années de vie parmi nous ? Après cela, que dire des nombreuses têtes pensantes déçues et humiliées contraintes de déserter nos universités à leur corps défendant ? Continuerons-nous à les accuser d’égoïsme et ingratitude ? Chaque année, l’amertume écume tragiquement la sève de notre pays au bénéfice d’autres nations qui n’en ont pas autant besoin.

Monsieur le Président, je vous prie instamment de bien vouloir nous aider à œuvrer pour la réhabilitation de Madame le Professeur Berezowska-Azzag au grade qu’elle mérite sur des bases rationnelles, respectueuses de sa dignité, de ses compétences scientifiques et de ses très nombreuses qualités humaines.

Monsieur le Président, je vous prie instamment de nous aider à poursuivre nos recherches sous la direction de Madame le Professeur Berezowska-Azzag. De notre côté, nous nous engageons à doubler d’effort pour les finaliser dans les plus brefs délais.

Monsieur le Président, en qualité de membre actif permanent, je vous prie instamment de nous aider à réaliser l’ambitieux programme de l’équipe Qualité urbaine, environnement et développement durable (Quedd) au sein du Laboratoire de recherche Ville, urbanisme et développement durable (Vudd) avec la précieuse collaboration de Madame le Professeur Berezowska-Azzag et tel que mis au point par ses soins.

Monsieur le Président, il n’y pas que la vérité qui blesse, la calomnie, le dénigrement sont les redoutables agents d’érosion des rocs les plus solides. L’année universitaire touche à sa fin, l’espoir s’érode et la vie avance à grands pas. Qui sait si l’un ou l’autre sera encore là demain, dans un mois, à la rentrée prochaine. Pour certains chanceux la réparation se fait ici-bas. Pour d’autres la patience est de mise car Celui qui rend justice s’Il retarde Son acte, ne l’omet ni ne le délaisse (Youm’hil wa la youh’mil). Aurons-nous l’immense mérite et imperturbable audace d’être Ses très humbles et dévoués serviteurs car comme l’écrivait Al-Charif al-Oquayli, poète peu connu du Xe siècle, il s’agit là «des sujets dont se moquent les futiles… et pleure de leurs conséquences le clément».

Monsieur le Président, permettez-moi en toute confiance de déposer entre vos mains un immense espoir qui ne saurait être déçu avec l’aide de Dieu et votre très précieux concours afin que la vérité et la justice ne soient pas éclaboussées sous nos yeux sans qu’une fibre d’humanité ne vibre en nous, faisant ressusciter la protestation enflammée des martyrs et résistants d’hier et d’aujourd’hui pour le plus grand bien de notre cher pays.

Monsieur le Président, veuillez agréer l’assurance de mon profond respect.

Nadjet Aroua
24 juin 2009

Lettre publiée dans le quotidien Le Soir d’Algérie

2 commentaires

  1. hougra plannifiee (1)
    Pourquoi s’adresser a ce fagot a moitie mort? mais le diable habite avec lui et il ne fait que realiser. il sait que l’iniversite algerienne est entre les mains des etrangers qui l’ont detruite et continuent a la detruire; du temps de chadli, n’a-t-on pas dit a la tele, que l’arabie seoudite (mandatee par ceux que vous connaissez) a demande a ce que les enseignants dans l’universite algerienne prennent leur retraite a 45 ans? il ne faut pas avoir la memoire courte, tout est une suite logique. on mine tout enseignant de valeur, on lui cree des problemes pour qu’il jette la serviette, on cherche a ce qu’il/elle ait une crise cardiaque pour l’eliminer definitivement. a travers lui/elle, c’est une guerre contre les jeunes qui est menee, un genocide intellectuel si je peux dire. les puppets qui sont a la tete des differents ministeres et presidence si on peut l’appeler ainsi ne sont en realite que des contractors pour appliquer ce que leurs maitres leur dictent, cela ne vient pas d’eux, ils sont seulement a blamer pour leur lachete et le bradage du pays, du moment qu’ils sont des etrangers, comme celui a qui cette missive est adresse, ils n’ont aucun remors, et c’est pour cela qu’ils ont ete places la par les accords d’evian! pour eux, il ne faut pas que la jeunesse algerienne s’epanouisse et apprennent et soit au niveau mondial, car elle a l’intelligence petillante, elle a soif de connaissance. La foire du livre d’alger dans les annees 80 ou les gens acceptaient d’etre tabasses par des policiers, mais ne bougeaient pas de la ligne car ils voulaient chacun/chacune emporter avec soi un livre, pour meubler les tristes jours qu’ils vivient. Ce phenomene a fait un boum international et a ete etudie, et exemplarifie, car en Europe et amerique, ils se plaignent que les gens lisent peu. Un autre exemple d’etude a ete celui des jeunes qui vont etudier a l’etranger, ils ont montre leur intelligence et leur savoir faire et plusieurs companies internationals se les sont arraches. cette jeunesse pourrait faire de l’ombre a des profiteurs qui sont entrain de depecer le pays. ils preparent le terreau a l’ignorance qui permettrait l’occupation encore plus feroce du pays, sous un maitre qui montrera son vrai visage en ce moment la, pour l’instant il est camoufle quelque part. si c’etait vraiment un pays de droit, c’est a un tribunal que la plainte aurait ete adressee et un juge aurait immediatement pris une decision pour arreter toute decision contre cette dame qui devait etre tres admirable et aimee de ses eleves, ce qui est rare de nos jours, et aurait demande des reparations contre le prejudice porte contre elle. Comme la justice est pourrie et a la botte du nabot et compagnie, alors on s’adresse au diable. les jeunes sont encercles par de la mochete, la durete, la grisaille qui les poussent tous a la fois a s’eliminer physiquement et les adultes ne leur sont d’aucune aide car ils baissent lachement les bras au lieu de les soutenir par tous les moyens.

  2. hougra plannifiee (2)
    , car ils sont tous nos enfants et le malheur les cerne de tous les cotes, autant que nous. Pourquoi accepter cela comme si c’etait une fatalite, non ce n’en est pas une, il suffit de reagir tres fort, car ils ne font que s’enliser dans la bourbe par leur lachete. Et le adage qui dit takhti min raci wach 3andi fil loukhrin, a cree baucoup de degat. Il ne faut pas penser comme cela, il faut sortir de la bourbe par des efforts communs. Il faut bien faire une breche quelque part, il suffit que les gens sachent s’organiser et lutter jusqu’au bout sans etre mefiant vis-a-vis des autres, sans que quelques uns travaillent pour leur propre benefice au detriment des autres. il faut une culture d’organisation et une solidarite sociale, et surtout que tous les avocats et juges soient organises et reagissent ensemble contre l’injustice que subit la societe appelee civile, comme cela a ete le cas en tunisie. que peut cette mafia etrangere qui s’est abattue comme des sauterelles, sur le pays grace a de gaule, et a la tricherie de certains; contre tout le monde qui se souleve en meme temps, ce qui est important? il ne suffit pas d’actes ponctuels vite etouffes dans l’oeuf. les algeriens ont peur de mourir aujourd’hui a cause de l’indifference generale. ils ne reagissent que si cela les touche de pres, mais il faut reagir quand cela touche le voisin ou quelqu’un qui souffre loin dans le pays, car la boulle tourne et frappe tout un chacun; pour parer le coup il faut reagir avant. La colonisation a pris a cause de sporadiques revoltes non suivies ailleurs, car si tout le monde se soulevait en meme temps, l’armee ne saurait ou donner de la tete. on peut dire qu’avant les nouvelles vont lentement, il n’y avait pas les mass media, mais aujourd’hui! il y a un peu partout des jeunes qui s’immolent dans des ecoles, dans des champs, qui se pendent, des femmes, des vieux, certains meurent en faisant la greve de la faim, dans l’indifference totale! quand cette masse qui se laisse enfoncer dans l’ignorance, va-t-elle reagir? pourquoi se laisse-t-elle guider par des etrangers? que diable se passe-t-il pour qu’ils acceptent des jours morosent en s’occupant de hijab, jelbab et tout truc de tissu qui enferme l’esprit de l’intelligence, pourquoi sont-ils de si faciles proies, leur peur les enferme dans de la lachete, a le bel exemple pour de jeunes yeux qui les regardent!

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