Terre de toutes les convoitises… depuis la nuit des temps !

Des images déferlent dans mon esprit ! Elles sont aussi bouleversantes, les unes que les autres !

Je suis né en porte à faux, de tous ces faux espoirs et de toutes ces désillusions !

L’année 1954, année de toutes les bénédictions, symbole de notre unité nationale, allait brutalement détruire et à jamais le mythe hideux, déjà fragilisé par Dien Bien Phu, du colonialisme français à l’aube de la fête des morts…

Un mauvais présage pour ceux qui depuis 1830, semaient la mort et la désolation, malgré toutes les tentatives héroïques de nos vaillants résistants à travers les siècles !

A sept ans déjà, j’étais très fier de voir enfin, là devant moi, de vrais moudjahidine en chair et en os ! Je n’en revenais pas…

Puis, les choses se précipitèrent !

L’action psychologique de la SAS, la déclaration obligatoire de tout hôte à la SAS (billet rouge), le découpage des quartiers en îlots, les grèves, les manifestations d’un peuple en délire, le crépitement des balles, les explosions, les actions spectaculaires des fidaïyne…

Mon jeune oncle fut le premier chahid à El Harrach…

Juste devant notre école, les soldats nous forçaient à effacer toutes les inscriptions et graffiti sur les murs des alentours ! On s’exécutait, nos petits yeux fixés sur les gros bergers allemands qui tiraient nerveusement sur leurs laisses…

L’Algérie tanguait ! Elle prenait eau de toutes parts !

Était-ce la fin ?

Puis, ce furent les ratissages de nuit comme de jour et les rafles systématiques…

Une nuit, les soldats n’ayant pas trouvé mon deuxième oncle chez nous, durent emmener mon pauvre père ! Notre maison grouillait de soldats ! Je sentais mes petits os qui craquaient de toutes parts… J’étais terrorisé !

Juste après le départ des soldats, ma mère me prit par la main et s’empressa en plein couvre-feu, d’aller avertir mon oncle qui était chez ses beaux-parents sur les hauteurs de Diar El Mahçoul ! Il était recherché pour un attentat contre la Pergola à Hussein Dey ! C’était la dernière fois que je voyais mon oncle…

Puis, ce furent les multiples pérégrinations pour retrouver mon père entre l’école de la cité PLM transformée en caserne de fortune et… la caserne des trois caves !

En passant par les autres centres de détention : El Harrach, Berrouaghia, Tefeshoun et Serkadji… plus de trois ans !

J’entendais des mots dont je ne saisissais pas encore le vrai sens ! L’indépendance… un mot magique ! Et, je vis l’emblème national ! Ma mère dégageait les tuiles une à une et il était là, devant mes yeux ! J’étais figé…

Les images galopaient dans ma tête, véritable Kaléidoscope !

Et, ce fut la délivrance ! Des journées folles…

Le drapeau flottait au su et au vu de tout le monde ! Les youyous stridents des femmes…

Un véritable enchantement !

A dix ans, je goûtais pour la première fois au gaz lacrymogène en me retrouvant mêlé dans une cohue indescriptible, lors d’une manifestation en 1960, tout près de la cité indigène ou cité évolutive ! (près de Bachdjarah) Ma mère était folle d’inquiétude…

On courait dans tous les sens… L’Algérie est en liesse !

En 1962, j’étais encore très jeune ! Une génération de sacrifiés ! Ni 54 ni 62 !

De la chair à canon sacrifiée sur l’autel de la cupidité, de la vanité et de l’orgueil mal placés !

Et, le 19 mars 1962, les rangs des moudjahidine grossirent à perte de vue…

La machine infernale se mit en branle !

C’était le début de toutes nos désillusions !

Il est parfois très difficile de faire la part des choses avec des activistes de la mémoire qui souffrent d’amnésie et surtout quand tout se situe à la limite de leur propre vision simpliste des choses… Vouloir falsifier le cours de l’histoire en éludant des pans entiers de cette histoire qui nous est de surcroît commune, relève d’une imposture et d’un esprit malveillant à court d’idées…

Dans une guerre, il y a au minimum deux antagonistes !

Pour la France, c’est la guerre d’Algérie ! Pour nous algériens, c’est la noble " guerre de Libération !" Personne n’a demandé à la France, de venir pacifier l’Algérie, en 1830 ! Alors, comme ça, la colonisation est une grande œuvre de civilisation, de pacification et… d’évangélisation !

" Ubi solitudinem faciunt, pacem appellant "

Si on se réfère à l’article 1 de la loi du 23 février 2005, les faits sont là !

Ainsi, ces cinq siècles de colonisation d’après certains politiciens français, sont pour nous autres indigènes, une bénédiction ! Et nous sommes tenus de nous réjouir de ces bienfaits même si tortures il y a et même si massacres il y a, au nom de l’émancipation et au nom de toutes ces valeurs républicaines et salvatrices que la France généreusement altruiste nous a inculquées ! Bien sûr, nous étions des indigènes que la France a émancipés ! Et, nous devons dire, merci ! N’est-ce pas ?

Non, messieurs, vous vous êtes encore une fois trompés d’époque !

A cause des malheurs de la colonisation, nous avons perdus tous nos repères !

Reprenez vos ponts, vos routes, vos immeubles, votre civilisation et tout le reste ! On en veut pas… Mais rendez nous nos morts !

Avant l’indépendance, le peuple algérien n’aspirait qu’à une seule chose : être libre !

Une liberté que rien au monde ne pouvait égaler. Elle était TOUT ou RIEN ! Mais, à peine sorti d’une des guerres les plus horribles que l’histoire ait connue, il se retrouva encore une fois, plongé dans un cycle effroyable de violence sporadique…

Les évènements douloureux de 1962, 1965, et de 1967 avaient failli remettre en cause ce fragile équilibre et par là même, mettre en péril l’unicité à peine retrouvée de notre jeune pays, durement éprouvé par sept longues et tragiques années de guerre…

L’Algérie ne pouvait se permettre cela ! Trop de sang !

Le 29 août 1962, le peuple en colère l’a fait avoir, en descendant dans la rue…

Se targuant d’une légitimité historique, le groupe de Tlemcen de son côté, ne tolérait aucune velléité. En réprimant fermement toute atteinte à son autorité, il prouvait ainsi, au monde entier son hégémonie sur les destinées du pays !

Mais quelles sont donc, ces préoccupations majeures qui transforment, en de féroces antagonistes, les frères alliés d’hier ? Bien sûr, dans de pareilles situations, il n’y a ni vainqueurs ni vaincus car les pertes sont dans le même camp ! Et, pourquoi donc, faut-il, que de générations en générations, se payent à chaque fois, les égarements du passé ? Ceux qui ont hier, avec bravoure et générosité écrit l’une des plus belles pages de notre histoire n’étaient que de simples mortels capables du meilleur comme du pire… Et, que leur soient pardonnées, les erreurs d’appréciation du moment ! Affronter avec conviction et détermination un ennemi aussi puissant que la France avec son incroyable logistique et sa cohorte de généraux, n’est ni chose aisée ni à la portée du premier venu ! Il fallait tout d’abord à l’époque, vaincre sa propre frayeur et renoncer à tout ce que l’on aime ! Seule en vérité, une race d’hommes pouvait le faire, la génération de Novembre ! Et, en quoi leur sommes-nous meilleurs ? A tous ceux là, nous exprimons avec respect et sans vanité, notre sincère gratitude et notre éternelle reconnaissance !

Il est vrai aussi que cette illustre révolution a été portée aux nues par un peuple sincère et courageux qui s’est sacrifié, en bravant les dangers les plus grands !

Dans son ensemble, c’est LUI le Grand Moudjahid ! Le Seul Authentique Moudjahid…

Le FLN ne pouvait jamais prétendre à la victoire sans l’aide précieuse de ce valeureux peuple avec toutes ses nobles composantes…

Il est du devoir moral de tout algérien qui se respecte d’honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts, nonobstant toute coloration politique, pour que l’Algérie retrouve sa dignité et son indépendance. Néanmoins, devant la réticence de ceux qui ont fait l’histoire, beaucoup d’évènements seront gravement altérés par achronie, semant le doute et le désarroi dans l’esprit du profane.

Ceux qui ont fait la révolution de l’histoire, doivent impérieusement réécrire l’histoire de la révolution pour la préservation de notre héritage collectif. Il est certain que depuis 1973, l’Algérie à l’instar de tous les pays qui ont connu les affres de la guerre, aspirait à la mise en place d’un organisme spécialisé dans la recherche historique, capable de procéder par empathie, à la collecte des archives nationales relatives à son histoire depuis l’invasion coloniale…

Tâche, Ô combien ardue mais devant, surtout s’articuler autour d’une méthodologie heuristique, seule garante des faits ! Les archives détenues par les français, ne peuvent être accessibles qu’après un délai de prescription extinctive d’au moins cinquante ans !

Le recours à la tradition orale malgré toutes ses réminiscences, doit nécessairement obéir à une rigueur stricte dans les recoupements, la localisation des faits, la nature des évènements… Une hagiographie serait dans ce cas, facilement décelable !

Le regroupement du Hadith Echarif dans sa transmission orale, est limité à deux sévères critères : légitimité des sources et validité des données…

Il est possible dans ce cas là, dans un cadre purement démocratique, que l’Algérie, cette terre féconde et magnanime puisse réunir en son sein nourricier tous ses enfants, quelque soit leur coloration politique, leur appartenance ethnique ou leur conviction religieuse…

Tous ceux qui se pavanent dans les hautes sphères du pouvoir ne le doivent qu’à la vaillance et à la bravoure de ce grand peuple…

Les grandes nations ne doivent leurs grandeurs qu’aux différents brassages de races, à travers leurs histoires…

La crainte d’une éventuelle colonisation future a, peut être, poussé les responsables post-indépendance à durcir les rangs, avec une tendance un peu psychopathe à militariser la nation ! Plus jamais cela, devait être leur credo ! Ce fut long, ce fut dur pour un peuple qui à peine sorti d’un asservissement, se retrouva ipso facto sous l’assujettissement du FLN !

L’ALN devint l’ANP et le FLN normalement… FNP !

Mais, des années durant, le FLN perdit ses repères, ses engagements et… ses lettres de noblesses !

Notre jeune nation encore tremblotante se retrouva encore une fois, soumise aux cliquetis de bottes ! Un véritable état policier s’instaurait…

Aux militaires, aux gendarmes et aux policiers qui portaient la casquette et l’uniforme s’ajoutaient les cadets de la révolution, les agents de la Sonelgaz, de la RSTA, des chauffeurs de taxis, des facteurs…

Tous ceux qui vinrent après 1978 eurent ce sursaut salutaire d’ouverture politique ! Assez timidement, il est vrai mais une certaine ébauche s’esquissait à l’horizon !

Octobre 1988 n’était pas loin !

J’entendais parler de Abd-El-Aziz le courageux, Abd-El-Kader El Mali !

Qu’en est-il exactement ? Vérité ou intox ?

Qui viendra éclairer nos lanternes ? Nos enfants ne connaissent absolument RIEN !

Pour la plupart d’entre eux, c’est le général De Gaulle qui nous a offert l’indépendance !

Vous aurez la nausée, à entendre nos enfants à l’école, entonner l’hymne national !

Un ukase, dans le monde de l’éducation ! Les fonctionnaires aux ordres appliquent sans rechigner !

Ils sont là, pour ça ! Une honte !

Et, pourquoi, un enfant qui habite dans un taudis, qui a un père en chômage et dont la famille n’arrive pas à joindre les deux bouts, n’irait-il pas vendre son âme au diable ?

Pourquoi voudriez-vous qu’il s’imprègne de ces hautes valeurs révolutionnaires quand il a le ventre creux et que d’autres, au même moment et sous le même ciel, se gavent de friandises ?

Pourquoi donc, l’état pourvoyeur d’emplois favorise-t-il l’embauche dans les secteurs à caractère militaire, gendarme, policier, avec tous les avantages inimaginables ?

Pourquoi donc, à chaque tournant, un commissariat de proximité ?

Proximité de qui ? Qu’a-t-il apporté de plus, à cette population embourbée dans sa malvie ?

Dans un rayon de trois kilomètres de Bachdjarah, trois casernes, un poste de gendarmerie, un PCO et sept commissariats ? Les rues grouillent de policiers ! Autant de policiers que de chômeurs !

Pour l’éradication du terrorisme, certains ténors bien connus, préconisent, outre le côté technique, une approche globale, politique, psychologique, idéologique ! Pas moins que ça ! Les éradicateurs de tout bord, cogitent et s’empressent servilement de venir chahuter ci et là pour semer la zizanie et cet esprit défaitiste qui les a toujours animés…

La plupart de nos filles se dévergondent en France !

La déliquescence des mœurs a atteint un seuil critique chez nous !

Pourquoi toutes ces suggestions ne touchent-elles pas l’éducation et la morale ?

L’éducation est un TOUT ! Mais qui s’en soucie ?

Comment peut-on permettre à un responsable (quel qu’il soit) de gérer à sa guise le pays, sans véritable garde-fou ? Où est l’opposition ? Où est ce réel contre-pouvoir ?

Tout dialogue se construit sur un respect mutuel ! La paix des braves résume un travail de coulisses et d’infiltration ! Ecouter, dégager un consensus, donnera sûrement une assise solide à nos sourdes aspirations ! La France, c’est moi, est révolu !

Notre président est imposé par l’oligarchie traditionnelle !

Le système se succède toujours à lui-même !

Le président n’a pas de parti !

Durant son mandat, Il impose la mise en œuvre de son vaste programme politique.

Trois partis forment alors une alliance présidentielle de façade et se lancent dans la concrétisation du programme présidentiel, en participant activement au gouvernement !

Ces partis de l’alliance se posent comme étant le noble reflet des différentes tendances nationales ! Il y a là, le doyen, un vieux cheval de retour, néoconservateur et incontournable ! Ensuite, il y a un parti islamique modéré et politiquement correct !

Enfin, le nouveau-né des caprices du système, un parti issu Ex nihilo devenu par la magie du pouvoir, superbement grand, dans la basse-cour des grands… Un parti démocratiquement libéral !

A l’assemblée nationale, (sorte de caisse de résonance) le parti majoritaire… ne gouverne pas !

Les membres du gouvernement sont tous issus de cette alliance factice…

Leurs projets mis au rancart, tous ces partis, veillent à la stricte application des directives présidentielles ! Toute adoption ou rejet de l’assemblée populaire nationale (APN) est finalement soumis au consentement du sénat !

La réussite ou l’échec avéré de toutes ces dispositions, ne serait, en fin de compte, que l’expression fidèle de la réussite ou de l’échec de la composante de l’actuel gouvernement, responsable devant les représentants du peuple ! L’apparente sérénité d’un départ parfois précipité d’un chef du gouvernement, se fait dans l’opacité la plus déroutante…

Cette parodie douteuse, ne trompe personne !

Les vassaux actuels font de leur mieux pour plaire, avoir les grâces du suzerain et… conforter leurs positions sur l’écheveau du système en place !

Bien sûr, nos vaillants politiciens en fins connaisseurs du sérail, sont tantôt de preux chevaliers de l’alliance présidentielle et tantôt d’ardents défenseurs des idéaux démocratiques dans une pseudo opposition de fortune et de circonstance… en veillant à être coûte que coûte, dans la ligne présidentielle !

Toutes ces gesticulations débiles ne sont que de la poudre aux yeux et la parfaite illustration du mimétisme de la scène politique algérienne et de son ridicule nombrilisme !

Ainsi, chaque parti pour mieux prouver son obédience, s’acharne à qui mieux mieux de trouver, le subterfuge qui permettrait, à travers l’amendement de la constitution, à l’heureux élu de convoler en justes noces, pour la troisième fois consécutive !

Or, cet exercice de haute voltige, n’est nullement du ressort du chef du gouvernement !

Cette confusion dans les tâches et les prérogatives nuit au bon fonctionnement des institutions…

Il relève en effet du chef de l’état ou de l’APN de procéder aux changements adéquats, concernant le dispositif constitutionnel avec en prime, un débat national public sur le bien fondé de cette révision ! Dans le cas contraire, ce projet se fera à huis clos et pérennisera l’autarcie du régime en menant la nation, dans les abysses d’une douce euthanasie programmée !

Le régime dictatorial n’est pas loin…

Le président l’a réitéré à maintes reprises…

Son dernier mea-culpa est un véritable paravent d’une dérisoire mise en scène pour s’imposer comme le seul opposant à lui-même après s’être déjà, succédé à lui-même !

Si échec avéré il y a, l’entière responsabilité lui en incombe !

C’est le maître de l’ouvrage ! C’est son programme politique…

C’est lui qui choisit les hommes qui doivent l’appliquer manu militari !

Alors ? De ses fâcheux déboires politiques, c’est sa fameuse traversée du désert qu’il rappelle avec amertume en omettant bien sûr, de parler de ses haltes, dans les luxuriantes oasis aux allures paradisiaques…

Sa reprise du fameux " Toi aussi Brutus ? " à l’encontre de son chef du gouvernement de l’époque, renseigne sur les visées des uns, la perfidie des autres dans un climat de luttes intestines propres au sérail !

Le peuple, quant à lui… somnole !

Et, c’est par sa seule grâce, que l’heureux élu pourra accorder ses préférences à celui qui lui serait fidèle et soumis ! Donc, finalement, seule la volonté présidentielle peut rabrouer les prétentions des uns, l’outrecuidance des autres et remettre de l’ordre dans le rang des trouble-fête avec la célérité d’un prestidigitateur et sans que cela ne semble offusquer quiconque !

Il règne en maître absolu sur ses ouailles…

Ce sont les règles du jeu ! Malheur, à celui qui les ignore…

Pour veiller aux intérêts du parti, on doit rester dans le giron présidentiel ! Tous ceux qui ont en, été évincés, rentrent docilement dans les rangs, en attendant une meilleure opportunité, peu importe que ce soit par conviction ou par calcul politique !

Le pouvoir, la puissance et la gloire !

Les grands vrais changements, c’est pour quand ? Tout le reste n’est que littérature !

Kamel Seddiki
26 août 2008

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