"Pourquoi les chiens perdent-ils à tous les coups au poker ? – parce qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de remuer la queue dès ils ont un as de pique en mains!…"

Une jolie parabole qui s’applique parfaitement à l’auteur de l’article intitulé "La fin du deal islamiste", publié hier 5 Juillet dans Le quotidien Le Matin en ligne et signé par M. Rafik Abdi. Un article truffé d’affirmations doctorales et de sentences définitives, du genre: "une page est tournée" ou encore "tout cela est bien fini" – C’est à peine si M. Rafik ne nous révèle pas qu’il vient de sortir d’un briefing spécial qui lui aurait été exclusivement accordé par les généraux des Tagarins – y compris les 22 nouveaux promus de la fournée du jour – en présence de son héros du jour, "son" M. Ouyahia

Mais M. Rafik Abdi se garde bien de nous préciser qu’en fait de page tournée c’est d’un véritable tourniquet qu’il s’agit en l’occurrence, dans cette misérable carte de l’Algérie politique qui n’en finit pas de donner le tournis aux observateurs, nationaux ou étrangers, réduits au spectacle de cette lamentable mascarade en noir et blanc de la même procession de masques au même visage que M. Rafik Abdi a tenté de nous vendre comme étant le scoop du jour consacré au "changement" décidé par "les décideurs" – accessoirement des putschistes permanents – et leurs figurants successifs.

Mais au-delà de cette navrante réalité, ce qui préoccupe l’observateur attentif, c’est que le retour de M. Ouyahia avec tout ce que représente le personnage comme symbole de l’arrogance politique et de l’idéologie de l’intégrisme laïque et éradicateur prend les allures d’une véritable provocation, à l’endroit des plus larges franges de tout un peuple, dans ses sensibilités les plus diverses et pas seulement islamistes Chacune pour des raisons qui lui sont propres….Y compris en Kabylie par exemple, où il est considéré comme "le kabyle de service" – Et pour faire bonne mesure à ce point du commentaire, il me faut bien entendu préciser dans le même temps, que très peu de gens regretteront le départ de M. Belkhadem, cette espèce de sous-fifre politique impersonnel mais combien sournois, naguère affublé du sobriquet peu glorieux de "taupe de Sant’Egidio", assurément plus à l’aise dans un comité de zaouïas qu’à la tête d’un gouvernement…

Mais revenons à la nomination de M. Ouyahia dans son contexte de politique étrangère et singulièrement à la veille de la proclamation – au forceps – d’une Union pour la Méditerranée où les questions les plus essentielles comme la délimitation des cadres de coopération, la nature juridique des projets économiques communs ou les rapports de souveraineté entre les Etats de la rive Nord et ceux de la rive Sud……ont été manifestement escamotés et laissés dans le flou le plus artistique. Plus grave encore, on a l’impression désagréable, de ce coté-ci de la Méditerranée que les agitations enflammées et plus que suspectes, du Président français M. Sarkozy pour ce projet – suggéré, faut-il le rappeler par M. Shimon Perez, il y a plus d’une vingtaine d’années déjà – a des allures de "projet-escabeau" comme me disait récemment un ami. Un projet donc, destiné à étouffer dans l’œuf, une Union du Grand Maghreb, que nos dirigeants politiques il est vrai, ont été incapable de réaliser, depuis le temps qu’on en parle. Sans compter que le fait d’appartenir à la même Institution Régionale constitue, – quoi qu’en en disent les danseuses du ventre du pro sionisme et de Fafa – une reconnaissance de facto par les pays du Maghreb, de l’Etat d’Israël.

C’est donc d’une double fuite en avant qu’il s’agit aujourd’hui, avec cette nomination: Au plan interne, il semble que nous soyons en présence d’une sorte de "remake" de la politique d’éradication, après la série d’attentats étalés sur les deux années précédentes. Des attentats dont la nature reste assez incertaine; comme pour beaucoup d’autres d’ailleurs.

Au plan externe, tout laisse à penser que M. Ouyahia est mandaté par le pouvoir réel, c’est-à-dire celui dit des "décideurs de la hiérarchie militaire" pour entériner au nom de l’Algérie et de son Peuple, un projet qui n’a été soumis à personne; même pas à ces Institutions de façade qui portent les noms ronflants mais ô combien usurpés, d’Assemblée Nationale ou autre Sénat. Une vraie forfaiture dont les responsables auront tôt ou tard à rendre compte au Peuple Algérien, le jour où LE SEUL VRAI CHANGEMENT QUI VAILLE, s’accomplira, non pas à travers des "deals" ou autres arrangements mafieux clandestinement négociés, mais à travers les choix de société, authentiquement exprimés par la Volonté Souveraine d’un Peuple Algérien que le pouvoir illégitime en place ne pourra pas indéfiniment ni impunément contenir par l’oppression et le tenir à l’écart des décisions qui engagent son avenir et son destin.
 
Abdelkader Dehbi
6 juillet 2008

Comments are closed.

Exit mobile version