Commentaire sur l’article "Une crise financière mondiale menace l’Algérie" de Saïd Oussad paru dans le Matin en ligne (voir ci-bas)

Loin des analyses académiques, peut-être pertinentes mais le plus souvent absconses pour le citoyen ordinaire, je voudrais ici, après un bref rappel de l’histoire du dollar, souligner un grave impact, concret et immédiat de la crise financière internationale qui nous a déjà frappés, nous Algériens.

A la faveur du "hold-up historique" que sont les Accords de Bretton-Woods, conclus en 1944 en pleine Seconde Guerre Mondiale, et donnant à leur monnaie – le dollar –, le privilège de statut fiduciaire spécial, en tant que monnaie primordiale de réserve, les Etats-Unis ont pu vivre jusqu’à ce jour, bien au-dessus de leurs moyens.

En particulier depuis 1971, quand ils ont décidé, en violation de leurs engagements de Bretton-Woods, de mettre unilatéralement fin à la convertibilité en or du dollar. Se jouant allégrement depuis des années, des énormes déficits cumulés de leur balance commerciale en s’endettant vis-à-vis du monde, – plus de 25.000 dollars par foyer – les Etats-Unis ont pu jusque-là, financer leur train de vie d’enfer – à tous les sens du terme quand on pense à leurs guerres impérialistes à travers le monde –, en empruntant sans se soucier qu’on vienne leur demander des comptes.

Avec l’alourdissement de plus en plus inquiétant de ces déficits, en particulier depuis la guerre d’Irak qui jusque-là a coûté aux américains 3.000 milliards de dollars – soit 10.000 dollars par tête de citoyen – les "marges d’esbroufe fiduciaire" se sont considérablement amenuisées pour l’Administration Bush. Un Bush dont le niveau de conscience politique et morale à peu près nul, conjugué à son pouvoir crépusculaire vont faire des prochains mois, la période la plus dangereuse pour la paix mondiale depuis l’Anschluss de 1938.

L’Algérie est déjà victime de cette crise, pour avoir eu l’imprudence, de placer 43 milliards de dollars, trésor de tous les Algériens, sur la place financière de New York, par le truchement d’un des plus gros cabinets fiduciaires et de courtage – Baker & McKenzie – alors dirigé par Christine Lagarde, l’amie de Sarkozy, devenue depuis, ministre française de l’Economie et des Finances. Un placement qui a toutes les caractéristiques d’un "geste politique", destiné à plaire à la fois à Sarkozy et à Bush, les "amis" – et apparemment protecteurs – de Bouteflika, sur le dos du patrimoine national.

Déjà, et par un simple calcul linéaire, on peut affirmer aujourd’hui, que par le seul fait de la dépréciation du dollar par rapport à l’Euro qui constitue la monnaie avec laquelle nous réglons près des 4/5èmes de nos achats (78% environ), le Trésor algérien a essuyé à ce jour, une perte nette de l’ordre de 3,5 milliards d’Euros, soit l’équivalent de 380 milliards de dinars – ou 38.000 milliards de centimes si on veut – ou 250.000 logements, etc. etc.

Si les deux institutions parlementaires de notre pays – Assemblée Populaire Nationale et Sénat –, n’étaient pas des institutions de pure façade, elles auraient constitué une Haute Cour de Justice, pour demander des comptes au Chef de l’Exécutif, responsable d’un tel préjudice.

Abdelkader Dehbi
18 mars 2008

Une crise financière mondiale menace l’Algérie

Sujet d’actualité et de préoccupation majeure, principalement sur les places économiques mondiales, la crise financière tend à se mondialiser avec effets durables. «Elle va durer assez longtemps avec de graves conséquences économiques». Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du FMI, est catégorique quant à l’issue de cette crise qui a touché pour le moment les Etats-Unis et les pays développés. Suivront sur la liste des «contaminés», les pays émergents, Inde, Brésil et plus particulièrement la Chine. DSK, a estimé lundi que «la crise des marchés était devenue plus sérieuse et plus mondialisée» qu’il y a quelques semaines, et qu’elle «risque d’empirer», lors d’une conférence à Paris, au siège de l’OCDE, l’organisation de coopération et de développement économiques. Ce constat est également partagé par cette dernière qui évoque même la possibilité de «risques systémiques» créés par les grandes institutions en difficulté. Comprendre par là une probabilité d’occurrence et gravité d’un dysfonctionnement pouvant paralyser l’ensemble du système financier dans une vaste zone ou dans le monde entier, par le biais des engagements croisés, première étape avant des faillites en chaîne. Cela conduirait à un effondrement du système financier mondial. Les exemples les plus récents d’un tel scénario ont pour date 1973 avec la crise pétrolière qui a entraîné une forte inflation, 2001 et les attentats du 11 septembre 2001 ou encore 2007 et la crise des subprimes qui a trouvé son origine aux États-Unis, et qui s’est traduite par une défiance sur les marchés, et plus pratiquement, une crise de liquidité. C’est dire le degré d’alerte des institutions financières mondiales. Le secrétaire général de l’organisation, le mexicain Angel Gurria, «les nouvelles prévisions intermédiaires traduiront un ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, en Europe et en Chine». En termes de riposte, il est suggéré «des réponses globales à une crise globale», selon DSK qui estimera que la difficulté est de convaincre la population du bien-fondé des réformes sur le marché du travail, l’ouverture des marchés des services ou la réforme budgétaire. Et, pour cela, dira t-il, il faut respecter la diversité des situations car la réforme peut emprunter des voies différentes selon les pays. Une vision qui s’oppose à la tentation qu’aurait Bruxelles d’une «approche uniforme» pour solutionner le problème. Cette crise financière «mondialisée» risque, à court terme, de frapper l’Algérie de plein fouet malgré les discours officiels qui se veulent rassurants. Un risque dont les effets se font déjà ressentir, selon Majid Aït Habbouche, enseignant-chercheur à l’université d’Oran, à travers une répercussion directe sur les prix des produits de consommation. «L’inflation a touché toutes les économies mondiales et notre pays ne fera pas exception», dira t-il. Des faillites en chaîne. Les effets de cette crise se manifesteront à travers les flux financiers avec la nature des taux de change «semi-flexibles» et se répercuteront sur la monnaie, les matières premières, les équipements et les bines de consommation. Même si le marché financier national n’est pas spécialement très important, l’économie algérienne sera davantage touchée par la faiblesse du dollar face à l’euro, conséquence directe de la dépendance des marchés mondiaux. L’Algérie grand pays importateur payera certainement le prix fort face à la crise financière qui menace les économies mondiales. Même l’accord d’association avec l’Europe est qualifié de «désavantageux à court terme» par notre interlocuteur. «Cet accord prendra toute sa pleine lorsqu’il sera lié à d’autres réformes du tissu économique national à l’image de la libéralisation des services, l’adhésion à l’OMC, le droit de propriété, le foncier et les réformes bancaires», expliquera Majid Aït Habbouche. Les solutions à cette menace résident entre autres dans la «maitrise du rythme des importations», dans le choix futur d’une monnaie d’échange autre que le dollar pour les hydrocarbures et dans une stratégie réformatrice de l’économie qui devra tendre vers la libéralisation du marché tout en sauvegardant le pouvoir d’achat du citoyen. Tout un programme!

Saïd Oussad (Le Financier)

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