Droit de réponse d’un citoyen à l’Editorial du quotidien El Watan du 24 décembre 2007, intitulé : "Les Arabes, le terrorisme et nous"

Le mouvement d’indignation soulevé au sein de la population algérienne à la suite du sondage d’opinion irresponsable et imbécile commandé par la chaîne arabophone Al-Jazeera, est un mouvement légitime. D’autant plus légitime que ledit sondage, conçu sous la forme classique du piège manichéen "pour ou contre" aura été instrumentalisé pour laisser sournoisement suggérer in fine, que la majorité des individus sondés (54%) approuverait les attentats criminels du 11 décembre à Alger.

Un tel genre de sondage constitue indubitablement un acte inamical et provocateur à l’égard de l’ensemble du peuple algérien et en particulier à l’égard des familles des victimes. Cette lourde faute diplomatique et professionnelle requiert que l’on exige des excuses officielles, assorties d’une sanction concrète, contre les responsables de la chaîne Al-Jazeera.

Cette position de citoyen algérien ordinaire étant ainsi clairement précisée, je voudrais dénoncer ici, une autre forfaiture : celle pratiquée par cette faune de charognards de la presse nationale, en particulier les tambours traditionnels et stipendiés de "Fafa", qui tentent aujourd’hui de s’engouffrer honteusement et indignement dans la brèche de la polémique suscitée par le scandaleux sondage, pour inciter le peuple algérien à la haine de nos frères des pays arabes et musulmans comme l’Arabie Saoudite ou l’Iran.

Je n’en veux pour preuve que cet ignoble éditorial du quotidien El Watan de ce lundi 24 décembre où M. Ali Bahmane s’est complètement laissé aller à sa haine délirante de l’Arabe, du Musulman, du Moyen-Orient et que sais-je encore. Faisant dans le mensonge et la mystification, et ne craignant ni ridicule ni démenti, il a l’audace d’écrire : "Quand ils ne lançaient pas des fetwas assassines, les grands chefs spirituels de la région (Moyen-Orient et Iran) se firent indifférents aux cris des suppliciés du terrorisme…", en se positionnant comme une veuve éplorée du terrorisme tout en se gardant bien de préciser de quels "suppliciés du terrorisme" il s’agit ici, des suppliciés de Raïs ou de ceux de Bentalha ? A moins qu’il n’ait voulu parler des mères et des veuves de "disparus"…

Puis, changeant de registre, il en vient à démasquer davantage son personnage de "missionné" professionnel en écrivant : "Enfin, aux yeux des responsables de cette zone, voire d’une frange de la population, les Algériens ne peuvent prétendre être des Arabes à part entière, du fait de l’usage élargi qu’ils ont de la langue française. Il est vrai aussi que sur cette question, comme sur d’autres, ils ont des relais en Algérie même."

L’emploi par M. Bahmane du terme "zone", pour dire Moyen-Orient, emploi qui se voudrait hautain et méprisant ; constituerait à lui seul, tout un syndrome du terrible complexe dont semble souffrir notre personnage ; mais poussons plus loin l’analyse de cette phrase pour constater l’imposture qu’il commet chemin faisant, en laissant entendre entre autres, que tous les Algériens seraient – comme lui – des handicapés de la langue arabe qui continueraient de faire "un usage élargi de la langue française", belle périphrase pour dire simplement francophones… Mais passons…, pour admirer la suite de la phrase : "Il est vrai aussi que sur cette question, comme sur d’autres, ils ont des relais en Algérie même." De la vraie, de la pure technique sioniste d’inversion des rôles et de "victimisation"… Voilà que ce sont à présent des Etats arabes et musulmans qui ont des relais chez nous, pour promouvoir la langue arabe, quand chacun sait que les relais, les vrais, ceux de "Fafa" se trouvent être précisément certains chevaliers servants archi connus, infiltrés à des postes décisionnels, dans la plupart de nos institutions et surtout dans une grande partie de la presse dite "indépendante".

Non monsieur Bahmane ! vous et vos semblables, pseudo laïcs ou pseudo démocrates mais à coup sûr faux intellectuels, vous ne pourrez pas continuer indéfiniment à tromper l’opinion intérieure et extérieure en instrumentalisant le phénomène du "terrorisme" qui a décidément bon dos pour couvrir tous les arbitraires, toutes les injustices. Parfois même certains crimes… Un "terrorisme" qui s’est vu en l’espace d’à peine une décennie, promu au rang de l’argument politico-sécuritaire suprême justifiant toutes les atteintes à la liberté des citoyens.

Non monsieur Bahmane ! si durant près d’un siècle et demi la colonisation française, malgré ses tentatives acharnées de dépersonnalisation, n’a pas réussi à faire décrocher l’Algérie de sa sphère civilisationnelle arabo musulmane séculaire, ce ne sont pas des mercenaires en demi solde qui y parviendront. Relayez autant que vous voulez, la bonne parole de vos maîtres du moment, en profitant de la décrépitude d’un Etat algérien gangrené par un pouvoir corrompu et félon. Mais n’oubliez jamais que les peuples, comme les éléphants, ont longue mémoire, même à l’égard des souris de votre calibre.

Abdelkader Dehbi
24 décembre 2007

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