Alger a été ébranlée encore une fois par des attentats meurtriers. Des Algériens et des Algériennes, ainsi que des étrangers, ont payé de leurs vies pour des conflits qui les dépassent mais qui bafouent leur droit à la vie et à l’intégrité physique et morale.

Ce n’est pas la première fois, hélas, qu’une telle hécatombe s’abat sur un peuple meurtri. Sera-t-elle la dernière ? Apparemment pas, selon ce que nous déclare aujourd’hui celui qui est censé tout mettre en œuvre pour protéger les citoyens contre de telles horreurs. Ainsi, Nouredine Zerhouni ne trouve rien de mieux à nous dire que : "Nous ne sommes pas à l’abri d’attentats de ce genre" !

Bien évidemment il faut affirmer d’abord avec force et clarté le refus de tout acte, quelles qu’en soient les motivations, visant à semer la mort, la terreur et la dévastation. Que des citoyens et des officiels du monde entier dénoncent et condamnent de tels attentats, c’est nécessaire. Que des Algériens se contentent d’en faire de même, ce n’est pas suffisant. Allons-nous nous contenter de vivre indéfiniment le cercle vicieux attentats-condamnations ? Ou bien tout simplement fustiger Al-Qaida et le "terrorisme islamiste", termes en vogue, pour empêcher toute analyse sérieuse et rigoureuse d’une situation qui risque de décimer l’Algérie en tant que peuple et Etat ?

Les va-t-en guerre vont nous promettre que cette fois, ils vont "tuer pour de bon la bête immonde", que les "derniers éléments d’Al-Qaida sont en train d’être mis hors d’état de nuire"… en omettant bien entendu de nous dire quand et ou aura lieu la prochaine boucherie !

Il faudrait être malhonnête, inconscient ou aveugle pour ne pas se rendre compte que la situation actuelle n’est que le résultat logique de la dérive d’un pouvoir dictatorial et corrompu. Il faudrait être borné et mégalomane pour ne pas se rendre compte que la dite réconciliation de ce pouvoir n’a fait qu’aggraver la situation. L’injustice, la « mal vie », la corruption, un pouvoir sclérosé considérant le pays comme son bien privé, tout ceci a fait que des jeunes Algériens et Algériennes préfèrent se faire sauter ou prendre le large dans des embarcations de fortune, souvent vers une mort certaine.

Une autre dérive de ce pouvoir et de ses relais est de considérer que l’on se doit simplement de "condamner l’attentat commis par Al-Qaida et réaffirmer qu’il n’y a que le pouvoir et sa réconciliation comme réponse adéquate à la barbarie". Or cette approche maladive et criminelle ne fait que perpétuer le malheur et l’horreur. Elle évacue aussi une question de fond, à savoir comment faire confiance à un régime dont l’implication dans de graves crimes et atteintes aux droits humains n’est plus à démontrer. N’est-il pas aussi curieux de constater que des bâtiments des Nations Unies à Alger aient été visés quelques semaines après qu’un rapport des plus accablants pour le régime algérien ait été rendu publique par le Comité des droits de l’Homme ?

Il ne fait nul doute que dans quelques jours, le pouvoir et ses relais folkloriques nous rappelleront qu’il y a "plus important" que de discuter de ces horreurs qui hantent la vie des Algériens : il y a urgence à préparer le 3ème mandat pour Bouteflika. C’est cela qui compte le plus pour ce pouvoir. On oubliera encore les morts du 11 décembre 2007 comme on veut imposer d’oublier les 200 000 morts depuis le coup d’Etat de janvier 1992 ainsi que les dizaines de milliers de disparus. Y a-t-il dans cette optique d’autre issue que d’œuvrer inlassablement pour mettre fin à ce régime incompétent et dictatorial. Le peuple algérien doit dire non au terrorisme et aussi non à un régime qui l’a enfanté et qui s’en nourrit !

Mourad Dhina
12 décembre 2007

Source : http://fr.rachad.org/index.php?option=com_content&task=view&id=62&Itemid=60

Un commentaire

  1. ABOUPORTANT on

    Condamnation des actes terroristes
    « Bien évidemment il faut affirmer d’abord avec force et clarté le refus de tout acte, quelles qu’en soient les motivations, visant à semer la mort, la terreur et la dévastation. »
    Déclaration claire , nette et sans équivoque, condamnant les actes terroristes ayant endeuillés le peuple Algérien. C’est aussi une réponse cinglante à la propagande des putschistes qui à travers leurs sbires des médéas (EL WATAN, LE MATIN, LIBERTE, EL KHABAR…) ainsi que certains « intchelectchuels » , a tout fait pour diaboliser l’adversaire politique et justifier l’injustifiable. L’histoire retiendra cette déclaration, et la comparera , entre autre, à celle du plagiaire BOUDJEDRA concernant les gens du FIS, déclaration haineuse appelant sans détour au meurtre.
    J’en profite , pour exprimer ici, ma sympathie et ma solidarité avec Monsieur DHINA malgré les divergences que je peux avoir avec l’action politique de son parti.

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