"Lutter autrement". Tel est le titre de l’éditorial du quotidien El Watan, paru ce dimanche 9 Septembre, sous la signature de M. Ali Bahmane. En évoquant la série des récents attentats criminels, commis dans notre pays et attribués au ci-devant GSPC, agissant au nom de l’organisation d’El-Qaïda, l’auteur croit pouvoir identifier trois raisons principales qui font de l’Algérie un terrain particulièrement ciblé par ce qu’il appelle "l’internationale djihadiste": A savoir, "[…] un recrutement relativement aisé; […] le peu d’impact de la modernité au sein de la société algérienne; […] le défaitisme ou la compromission des politiciens […]". L’éditorialiste reproche en particulier à ces politiciens d’avoir "instrumentalisé la religion pour combattre les démocrates – à leurs yeux, leurs ennemis réels….Grave erreur de calcul – dit-il -, qui a coûté à l’Algérie les dizaines de milliers de morts de la décennie 90 […]." Poursuivant plus loin son analyse, l’éditorialiste d’El Watan suggère "sa" solution: "Le bon remède – écrit-il -, c’est la porte fermée à l’islamisme politique sous toutes ses facettes et c’est la modernisation à outrance de la société algérienne, pour la débarrasser du fondamentalisme religieux".

En relatant succinctement le contenu de cet éditorial et tout en respectant les opinions de l’éditorialiste, je voudrais d’abord m’élever contre cet amalgame systématique entretenant la confusion entre les concepts de laïcité, de démocratie et de modernité. Comme pour suggérer que nos sociétés se répartiraient en deux catégories distinctes: les tenants de la laïcité, démocrates et modernes et les tenants de l’islam, intégristes et obscurantistes. Raccourci imposteur s’il en est quand on sait d’une part, le nombre d’universitaires et de scientifiques de haut standing, écartés de la haute Administration ou contraints à l’exil, pour le seul fait d’avoir affiché leur foi ou leur pratique religieuse et d’autre part, le nombre de brutes bilingues parfaites, promues aux plus hautes fonctions de responsabilité de l’Etat, par la seule vertu de leur proclamation de foi de laïques, de modernes ou de démocrates.

En témoigne comme par hasard aujourd’hui, l’organisation de ces manifestations populaires, tenues "sous abri" pour la plupart et montrant entre autres spectacles navrants, celui d’un M. Sidi Saïd, patron de l’UGTA, qui serait pourtant beaucoup mieux à sa place, derrière les barreaux pour faux et usage de faux et dissipation de fonds sociaux – cf: affaire Khalifa Bank – qu’à faire le guignol face aux caméras….Et dire qu’il n’y a pas que lui hélas ! Mais passons.

Car, je voudrais m’interroger sur le "bon remède" suggéré par l’éditorialiste d’El Watan, à savoir: "porte fermée à l’islamisme politique…" et "modernisation à outrance de la société.

Pour ce qui concerne la fermeture de la porte à l’islamisme, s’il s’agit de l’islamisme des partis préfabriqués, s’il s’agit de l’islamisme des maquis infiltrés ou carrément de faux maquis, s’il s’agit de l’islamisme des zombies-kamikazes, drogués et télécommandés, s’il s’agit de l’islamisme des faux chefs de maquis manipulés érigés en porte-parole de l’Islam, alors oui il faudra fermer la porte et même à double tour – et surtout des deux "cotés" du miroir, si je puis dire…… Mais s’il s’agit de bannir dans ce pays, toute référence à l’Islam dans une société dont l’écrasante majorité se revendique des valeurs morales et culturelles authentiques de l’Islam, valeurs qui en font l’identité essentielle, alors il faudra repasser, c’est-à-dire attendre l’issue – très incertaine, n’est-ce pas ? -, de cette véritable et insidieuse croisade décrétée par l’Occident judéo-chrétien et néo conservateur, contre l’ensemble de la Communauté musulmane dans le monde, au nom de la pseudo lutte contre le terrorisme. Un terrorisme précisément engendré, entretenu et instrumentalisé pas cet Occident lui-même.

Quant à l’idée de "modernisation à outrance de la société", M. Bahmane ferait bien de nous indiquer dans son prochain éditorial, qu’est ce qu’il entend d’abord par "modernisation" ? Là aussi, tout à fait d’accord, s’il s’agit d’une profonde réforme de l’Ecole algérienne qui donnerait toute sa place – à coté des disciplines de base -, à l’enseignement du civisme, de la morale et de l’histoire de la Civilisation Musulmane qui a brillé sur ce monde, près de huit siècles durant – de 711 à 1491 -, au lieu d’abrutir nos enfants dès les premières classes, avec une pléthore de matières aussi inutiles que pernicieuses pour certaines d’entre elles, comme par exemple "les leçons sur le Sida", infligées aux enfants du cours Moyen. D’accord aussi et surtout, s’il s’agit de rendre sa souveraineté au peuple en organisant de vraies élections pour la mise en place d’une authentique Assemblée Constituante Souveraine, chargée de donner enfin à ce pays, une Constitution digne de ce nom, au lieu de cette série d’oukases sans nom, élaborés à la gloire d’un Exécutif devenu au fil des ans, plus incompétent, plus totalitaire et plus corrompu.

Abdelkader Dehbi
9 septembre 2007

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