Cher diplômé chômeur,

Je m’excuse d’abord du pléonasme: un diplômé est par définition chômeur ces jours-ci en Bouteflicratie.

T’as trente ans mon ami, un diplôme universitaire dans la poche, t’as cherché du boulot partout. On t’a répondu comme à des milliers de jeunes diplômés comme toi: makach! rahi nachfa, chouffe ailleurs, complète le dossier et welli l’mois prochain…

Tu habites encore chez papa, ton frère de vingt-cinq ans aussi… T’as pensé tenter El Hadda avec d’autres Harragua, mais t’as même pas le dixième de ce que demande le passeur pour t’emmener par voie maritime en Italie, ou du moins en direction de l’Italie pour parler plus juste…

Ton grand tort, mon vieux, c’est d’avoir fait de études. Pense donc :

Si tu étais une jeune fripouille algéroise, ne sachant ni lire ni écrire, tu aurais pu être admis dans le salon de beauté du général Belkheir, maquillé par des mains expertes, et devenir, comme Moumene Khalifa, Le Golden Boy du business à l’algérienne, jonglant avec les milliards de dollars soutirés aux zawaliyya, et emmenant Deneuve et Depardieu dîner avec Bouteflika, devant les aimables caméras de la télé publique…dommage pour toi !

Si tu étais un danseur de cabaret à El Oued, tu aurais pu, comme Amar Saïdani, devenir president de l’APN, et faire quelque chose d’utile comme détourner, par simples claquements de doigts, des milliards sur de pseudo marchés publics…

Si tu étais analphabète partiel en français et total en arabe, tu aurais pu, comme Khalida Toumi, devenir ministre de la culture, organiser « Alger capitale de la culture arabe », et donner des milliards aux « artistes arabes » tout en leur demandant de ne pas oublier de verser quelques dividendes dans des banques se trouvant, elles, dans des capitales non-arabes…

Si tu étais un chanteur inculte et déchu, recherché par les polices du monde pour violence volontaire, séquestration, tentative d’avortement forcé, et risquant 10 à 20 ans d’ombre, tu aurais pu, comme Cheb Mami, devenir l’ami et le protégé de Bouteflika, et même faire office de son porte parole médical pour annoncer à la populace déçue que le « président » va s’en sortir… enfin pour l’immédiat…

Que peux tu faire maintenant ? Dommage que tu ne puisses pas dé-apprendre, ni te dé-diplômer. Peut-être trouveras-tu quelqu’un qui, moyennant Tchippa, pourrait effacer de te ton casier judiciaire la mention « diplomé »…

Bonne chance.

Mounir Sahraoui
7 août 2007

Un commentaire

  1. Lettre à un jeune à… dédiplômer
    Mounir président!Mounir président!Je le veux!je l’exige!…heu…enfin ,je…je…Désolé Mounir, tu sais bien que je n’ai pas le droit de vouloir et à fortiori exiger, alors ….je… j’ai peur Mounir…

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