Le décalage entre la réalité des faits et le discours des politiques Israéliens pourrait faire croire à de l’humour noir : Israël bafoue toutes les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU mais exige l’application de celle qui demande le désarmement du Heszbollah, ses géoles regorgent de prisonniers palestiniens mais n’admet pas qu’un seul de ses soldats le soit, il se donne le droit de commettre des éliminations ciblés même en période de trêve mais crie au scandale lorsque une roquette touche une colonie élevée sur des territoires qui ne lui appartiennent pas, y va au bulldozer mais répond par un déluge de feu à une pierre qui tombe sur son territoire, étouffe d’une chape de béton et crie à la haine du Juif au moindre reproche, exige du Hamas sa reconnaissance et refuse la sienne à un parti élu démocratiquement  :– à quoi bon continuer, tout se passe comme si Israël était un Etat sacré,un Etat de droit divin nanti de pouvoirs spéciaux et devant lequel les Palestiniens ne doivent que baisser la tête, enterrer leurs morts dans le silence des vaincus Quel adjectif trouver pour un qualifier un tel état d’esprit qui n’accorde rien aux autres de ce qu’il réclame pour lui.

A cause de cette politique coloniale conduite depuis des décennies par leurs dirigeants et ses soubassements racistes, d’oppressés, les Juifs d’Israël sont devenus des oppresseurs. Et à y voir de près aujourd’hui les Palestiniens partagent la situation des Hébreux pliant sous le joug des maîtres de l’Egypte et les faucons d’Israël ont pris le rôle des tyranniques Pharaons. Par une inversion terrible de l’Histoire, ce sont aujourd’hui les Palestiniens qui portent le costume serti de l’étoile jaune de victimes de crimes génocidaires et c’est Israël et ses responsables qui rappellent par leur discours raciste les pires partisans de la race aryenne! Comme je ne voudrais pas être à la place de ces centaines de milliers d’Israéliens, victimes de la Shoah, enfants et petits-enfants de victimes, obligés de vivre sous la férule de gouvernants affichant et appliquant sans honte et sans vergogne le principe de supériorité des races.

J’invoque la Shoah convaincu que c’est de là que viendra le salut. Je suis intimement convaincu que le peuple juif ne peut laisser indéfiniment les faucons israéliens dilapider son capital moral. Un peuple meurtri au plus profond de sa chair et pour des siècles par ce qu’engendrent la volonté de puissance, l’idée d’appartenir à une race supérieure et le mépris humain le plus abject, peut-il dans son ensemble  laisser pervertir ses idéaux de justice et de paix au point de basculer dans une idéologie semblable à celle qui en a fait un peuple écorché vif ? C’est là toute la question.

Les militaristes et les forces de l’argent pensent que la puissance technologique militaire d’Israël et ses capacités médiatiques grâce à de solides complicités au sein du système informationnel mondial et enfin une conjoncture internationale extrêmement propice vont lui permettre de sécuriser son environnement, ce qui de leur point de vue nécessite l’annexion des territoires occupés, l’asservissement de tous les peuples environnants, leur affaiblissement, leur maintien dans la précarité, la misère et dans de sempiternelles luttes fratricides. Les Arabes étant tous des ennemis naturels des Juifs, la sécurité et la prospérité des Israéliens posent comme exigence majeure de sacrifier la vie, la dignité et les droits d’une populations plusieurs fois plus nombreuses.  Rien de nouveau dans la recette, toutes les politiques impériales s’y sont essayées, de Rome au nazisme. C’est ça même la politique pudiquement intitulée « Grand Moyen-Orient » qui a commencé avant même d’être définie : Bush et las Faucons de Washington continuent  leur travail de destruction de l’Irak, Israël est en train de casser Liban et on amasse les prétextes contre l’Iran et la Syrie.

Heureusement que les militaires et les forces de l’argent ne constituent pas la majorité du peuple d’israël.

Souvent, très souvent même, la condition déterminante en dernière instance à toute question coloniale est ce déclic qui se produit dans l’opinion publique de la nation dominante, déclic permettant soudain à cette opinion publique de muter radicalement pour se dresser contre la politique de guerre prônée par les tendances belliqueuses dirigeantes aux résistants qui luttent pour leurs droits et leur dignité Faut-il rappeler le cas de l’Algérie ?

En ces heures sombres, s’il y a lieu d’espérer c’est justement parce que une bonne partie de l’opinion israélienne a déjà pris pleinement conscience de la dimension raciste et périlleuse de l’option militaire actuelle et la rejette. Il faut rendre hommage à ces centaines de milliers de Juifs d’Israël qui refusent la politique de violence cultivée par leurs dirigeants, souffrent du racisme qu’elle développe et militent courageusement pour une paix juste, et ce, dans une atmosphère polluée par le climat de guerre. Mais le plus urgent est d’arriver au plus vite à ce déclic salutaire qui verrait cette tendance devenir la force majoritaire en Israël, la force démocratique capable d’imposer une solution conforme aux intérêts légitimes de chaque nation de la région.

Il faut interpeller la conscience de chaque Israélien et l’obliger à se poser des questions simples : la paix que je veux pour moi est-ce que les Palestiniens y ont droit aussi ? Est-ce que les armes et l’a répression aveugle et son lot de femmes et d’enfants tués finira un jour par amener les Arabes à renoncer à la terre de leurs ancêtres et leur dignité humaine ? Le sang des Palestiniens coulant à flot est-ce –ce vraiment une garantie de sécurité ? Moi Juif dont l’histoire à la fois individuelle et collective est marquée à jamais par les crimes nazis, puis-je, au nom du confort des miens, continuer à cautionner une politique raciste  et génocidaire et qui basculent les peuples voisins dans la catastrophe, dans une nouvelle Shoah ! L’idée d’un Israël oasis de verdure et de paix dans un océan de sang, vous semble t-elle moralement acceptable ?!

Une paix juste et raisonnable n’est possible a besoin d’une majorité dans l’opinion israélienne. Il est nécessaire, il est urgent de lancer en direction du Peuple  d’Israël un appel solennel signé par des personnalités marquantes de notre temps.

Hassen Bouabdellah
Cinéaste et écrivain
18 juillet 2006

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