La fièvre aphteuse s’attaque à la bouche des moutons en particulier, mais pas seulement. Des créatures aussi légères que le papillon, aussi imposantes que l’éléphant, ou aussi maléfiques que la vipère peuvent aussi en être atteints. Le symptôme le plus frappant de la maladie est un tremblement des lèvres qui commencent, bien involontairement, à débiter des paroles d’une extrême sagesse. Une récente étude vétérinaire sur quelques sujets de la faune algéroise nous fit découvrir une véritable épidémie:

Premier cas détecté:
fièvre aphteuse chez le papillon: Ghozali déclare au forum d’El Youm (5 Mai) : « Notre génération a échoué en politique. Ce qui lui reste à faire est de partir sans laisser le pays en ruine. »

Second cas détecté:
fièvre aphteuse chez l’éléphant : Sidhoum Said affirme au Jeune Indépendant du 6 Mai: «Notre génération a échoué».

Troisième cas détecté:
fièvre aphteuse chez la vipère : Khalida Messaoudi concède à El Watan (10 Mai) que les événements sanglants de Kabylie traduisent «l’échec total de notre génération».

Que font ces créatures aphteuses devant l’échec? Le papillon invite sa génération à quitter la scène, mais comme il n’y a pas d’hommes en Algérie, lui est obligé de rester, quitte à servir pour le moment de paillasson où les généraux viennent s’essuyer de temps à autre leurs bottes ensanglantées. L’éléphant se fait réélire à le tête de son troupeau, pour une autre génération. La prochaine n’échouera sûrement pas, c’est promis!

Et la vipère, elle, pousse ses ex-complices vers le trou de sortie, les mord abondamment au passage, et leur souhaite tout de même longue vie. Consciente de sa très haute importance, elle tient à rester derrière. Il faut bien que quelqu’un garde le nid de vipères…

Messaadia lui aussi pense que sa génération a échoué. Faute de pouvoir articuler cette confession de façon intelligible, il a recours au langage primitif, et agite férocement le pouce vers le bas.
Traduction : khlinalha babaha. Messaadia saute au plafond: notre traduction est scandaleusement erronée! Pardon, rectifions: loukhrine khlaoualha babaha. Messaadia jubile, un sourire de dinosaure au coin des lèvres : cette fois c’est juste!

Et Bouteflika? lui est tout à fait d’accord: tous les autres ont échoué, Chadli, Ghozali, Khalida, Messaadia…même le bateau qui devait rapatrier l’argent volé par l’abbé Belkheir a échoué, là-bas en face, à Palma de Majorque.

Mais lui, personnellement, a-t-il échoué? « Ma génération ne fait que naître », rétorque-t-il avec mépris, « je ne suis au pouvoir que depuis deux ans. C’est très court dans la vie des géants….»

Ah oui ! Heureuse qui comme l’Algérie a accouché de si grands personnages…

14 mai 2001

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