« DRS, dégage ! »

Aujourd’hui, mon général, en Algérie comme à l’étranger, vos émissaires sont sur tous les plateaux de télévision. Ces charlatans et pseudo-démocrates prétendent nous expliquer « comment devenir des opposants ». Ils veulent nous montrer la voie du « salut » par des discours démagogiques tout droit sortis de vos laboratoires de désinformation. Or que représentent-ils réellement dans la société algérienne ? Est-ce qu’un « démocrate » qui va manifester avec des gardes du corps de la police est crédible ?

Cette comédie peut peut-être abuser encore un temps des médias occidentaux – et français en particulier – qui ont depuis si longtemps renoncé à comprendre la perversité de votre système de pouvoir. Et vous avez su avec efficacité, à coups de prébendes et de désinformation, les encourager en ce sens pour vous soutenir. Mais vous ne pouvez plus abuser l’immense majorité du peuple algérien, qui est parfaitement lucide sur vos crimes et qui ne pense qu’une seule chose : « DRS, dégage ! »

Je sais comme tout le monde que votre souci principal est de ne pas se retrouver devant un tribunal pénal international, pour les crimes que vous avez commis depuis 1991. Chaque Algérien sait aussi que votre poulain Bouteflika est âgé et malade et qu’il a, tout au long de son mandat, abusé des circuits de corruption que vous lui avez laissés. L’affaire Sonatrach, devenue votre cheval de bataille pour brider celui qui prétend contester votre emprise sur ces circuits, est un révélateur de l’état de l’Algérie : de ses inégalités, de ses injustices sociales, de ses déséquilibres institutionnels, des abus d’un président sans contrôle comme de ceux de votre propre clan.

Dans votre régime en fin de règne, ces querelles misérables ne révèlent rien d’autre que la complicité conflictuelle qui vous lie, vous et votre président de façade, pour piller notre peuple. Ainsi, le DRS enquête et met à nu des réalités qui dévoilent les impostures et les mensonges d’un tout petit monde, qui par la faveur de votre pouvoir s’approprie la richesse nationale. On se souvient de ces grands titres de la presse dite « libre », mais très manipulée, qui révèlent telle ou telle affaire et de la fébrilité puis de la panique qui se sont emparées du cercle de votre président… Autant de faux-semblants d’une prétendue « lutte anticorruption » dont le seul objet est de préserver les pires pratiques de corruption.

Voyez par vous-même, mon général : ce qui était impensable il y a encore quelques semaines en Tunisie et en Égypte, peut bientôt se reproduire en Algérie. Des dictateurs ont plié bagage devant la colère de la rue. Mais soyez-en sûr, l’intifada fondatrice ne sera pas organisée par les faux opposants.

J’ignore ce qui va se passer maintenant. Nous avons des jours difficiles devant nous. Tout ce que je sais, c’est que l’Algérie a plus que jamais besoin d’hommes et de femmes profondément loyaux et intègres, et non pas de ceux qu’on achète et qui se vendent. Des hommes et de femmes qui défendraient la justice et la vérité même si l’univers s’écroulait. Qu’il ne soit jamais dit que les Algériens n’ont rien dit, n’ont rien fait contre la bête immonde qui détruit notre nation. Les événements de ce début d’année 2011 dessinent une trajectoire fatale qu’il faut identifier et contrer pour préserver notre pays. Y a-t-il encore quelqu’un pour écouter la voix d’un Algérien ? Avons-nous peur de nos responsabilités ? Que deviennent-ils, les fils et les filles de l’indépendance ? De la guerre de libération ? L’Algérie est notre mère patrie, elle souffre d’un interminable cancer. C’est pour cela que je propose un congrès de la vraie opposition, une sorte de nouveau Sant’Egidio, parce que nous arrivons à un moment critique de notre histoire, à une époque d’incroyables défis à relever.

Habib Souaïdia
5 mars 2011

Source : Algeria-Watch

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Un commentaire

  1. 20 ans, 200 000 morts et plus de 12 000 dispaus p
    Bravo Habib.

    Je salue ton courage dans la résistance et ta clairvoyance dans l’analyse.
    ,
    Cependant, je ne pense pas que M. Mouloud HAMROUCHE,
    que tout sépare des D.A.F qui nous dominent et des harkis post-indépendance qui nous manipulent, puisse faire partie de ce système politique composé, d’un côté, d’un pouvoir occulte qui se prétend garant de la « démocratie » et, d’un autre côté, d’une opposition exhibitionniste qui se veut « radicale ».

    J’invite les militants et militantes des Droits de l’Homme en Algérie, ainsi que les intellectuels français, parmi lesquels André GLUKSMAN et B.H.L, à consulter la biographie de M. Mouloud HAMROUCHE sur internet.

    Au fait, quand cette noria de généraux s’interdiseront-ils de nous interdire l’accès libre et entier à cet outil d’information et de développement ?

    Ce sera ma revendication à la prochaine manifestation qu’organiseront les vrais opposants.

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