Bien entendu, il est difficile d'affirmer – à défaut de détenir des preuves irréfragables – que Salim est mort d'autre chose que des suites des traumatismes dus à l'accident. Mais il est difficile non plus de ne pas incriminer les conséquences d'un grave laisser-aller et de graves négligences commises par le Service des Urgences de l'Hôpital Mustapha d'Alger, tant au plan administratif qu'au plan technique, dans la gestion des accidentés.

Une chose est sûre: il y a certainement et chaque jour que fait Dieu, à travers notre vaste pays, des dizaines de Salim, jeunes ou moins jeunes et des dizaines de leurs familles qui souffrent les affres terribles de l'irresponsabilité et de la pagaille criminelles qui règnent depuis longtemps, dans la quasi-totalité du secteur de la Santé Publique, objet de vives critiques populaires.

Ici, une précision s'impose: le professionnalisme du corps des médecins n'est pas en cause en tant que tel: Il s'agit de dénoncer ici la faiblesse des effectifs, surtout en personnels para médicaux qualifiés et le caractère dérisoire des équipements et appareillages médicaux en service, ainsi que des autres moyens matériels – unités de soins intensifs fixes ou mobiles, ambulances spécialisées, etc., qui manquent cruellement dans la quasi-totalité des Centres Hospitaliers. Déficit en Ressources Humaines et en Equipements qui rejaillit nécessairement sur l'organisation, la qualité et l'efficacité des soins en matière d'interventions dans l'Urgence.

Il s'agit de dénoncer en particulier les choix des affectations budgétaires de l'Etat, c'est-à-dire la faiblesse des ressources financières allouées au Secteur de la Santé Publique. Pour être plus clair, il s'agit de dénoncer ici, une démarche de politique de Santé Publique à deux vitesses: la première, celle des soins "de qualité" dans des Hôpitaux réservés à la "Nomenklatura", voire dans des Hôpitaux à l'étranger, par le biais des "prises en charges" triées sur le volet, moins en fonction de critères de nécessité médicale qu'en fonction du rang social du malade; la seconde, celle des soins "de masse" dans des Centres Hospitaliers peut-être encadrés par d'éminents praticiens mais manquant tragiquement d'effectifs, de moyens, de locaux, d'équipements médicaux, de matériels logistiques…etc.

En tout état de cause, on ne peut attendre rien de bon, d'un pays où d'éminents universitaires tels que des agrégés de médecine, c'est-à-dire des personnes dont le niveau de qualification est de l'ordre de "bac + 12" au minimum, gagnent presque moitié moins qu'un Capitaine dans un Corps quelconque de Sécurité.

Quant à se poser la question: Combien d'hôpitaux "clés en mains" l'Algérie pouvait-elle offrir à ses citoyens avec les 4 à 5 Milliards de Dollars détournés ces dernières années – malgré la pléthore de Services dits de "sécurité" justement – par des truands en col blanc qui pillent le Pays, je préfère en laisser la réponse aux experts.

par Abdelkader Dehbi
11 janvier 2007

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Un commentaire

  1. condoléance
    Ayant appris le deuil qui vous frappe en la disparition de notre cher cousin SALIM, je vous prie de recevoir mes très sincères condoléances et l’expression de ma profonde sympathie.

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